Bien chers frères et sœurs en Christ,
« Christ est ressuscité ! En vérité, Il est ressuscité ! »
Après la célébration du traditionnel office des cendres, l’immense majorité des communautés chrétiennes d’Occident est entrée dans le grand Carême depuis quelques jours…
Le Carême est un temps fort de l’année liturgique, un véritable printemps de l’âme, un temps salutaire de simplification…
Il est aussi un voyage spirituel, un pèlerinage dont la destination est Pâques, la somptueuse « Fête des Fêtes » du calendrier liturgique de nos communautés orthodoxes où nous célébrons « la mise à mort de la mort, la destruction de l’enfer et le début d’une vie nouvelle et éternelle… »
Avons-nous assez entendu que c’est autour de l’expérience extraordinaire de la Résurrection du Christ que toute notre vie existentielle devrait s’articuler.
A toutes les questions qui hantent aujourd’hui comme hier les profondeurs angoissées de nos humanités, la réponse est celle-ci : la vie nouvelle qui, voici plus de deux mille ans, a jailli du tombeau, nous a été donnée, à nous tous qui nous disons disciples du Christ.
Ainsi, par le Christ et dans le Christ, prototype de l’humanité, la mort n’est plus !
A travers l’avènement de la matière glorieuse signifié par la Résurrection de Jésus-Christ, Vrai Dieu et Vrai Homme, toutes les matières créées sont déjà potentiellement sauvées… Telle est la foi de l’Eglise, affirmée et rendue manifeste par ses saints innombrables.
Ensemencés de la force de cette expérience fondatrice par notre baptême, pourquoi sommes-nous encore si peu participants à l’actualisation de cette nouvelle humanité ?
Le drame existentiel de notre vie se résume en un seul mot : l’oubli !
Nous continuons à vivre sans référer notre vie à la vie nouvelle que le Christ nous a révélée et communiquée. En fait, nous vivons comme s’il n’était jamais venu.
Par cet oubli, notre vie redevient « vieille », mesquine, enténébrée, désorientée, insensée…
Là est sans doute le seul vrai péché, la tragédie insondable de nos existences…
« Oh ! Ma joie ! Ma joie ! Christ est ressuscité ! » nous dirait saint Séraphin de Sarov en croisant notre chemin aujourd’hui…
« Reviens à ton cœur, reviens à ton centre… » nous rappellerait saint Silouane de l’Athos…
Le Carême est la vigoureuse proposition que nous offre l’Eglise, comme une école de repentance, une école de « metanioa », une école de « teshouva »…
Que ce temps béni nous permette de consacrer plus de temps à la prière, à la méditation, à la lecture des Ecritures ou la vie des Saints dans une relation renouvelée au Seigneur mais aussi à éveiller en nous plus de générosité en offrant du temps à la relation à l’autre humain pour faire de toutes nos rencontres, des saintes rencontres.
Tous les efforts consentis au cœur de ce pèlerinage de l’âme ont pour but ultime de briser les barrières en nous et autour de nous. Ils supposent une sortie de soi-même, un décentrement personnel, une décrispation profonde : offrir, ouvrir le « moi ego » fermé sur lui-même pour faire place à l’autre et au Créateur dans le cœur.
Quitter le corps de plaintes pour entrer dans plus de louange…
Observons le jeûne selon nos possibilités (l’abstinence de certaines nourritures n’est pas un combat contre mais pour le corps, au service non de la répression du corps mais de sa possible transfiguration) ; évitons les paroles inutiles ; privilégions le silence pour mieux entrer en soi-même ; supplions l’Esprit Saint de nous donner de voir tous les lieux perdus du cœur, ces lieux rebelles, indifférents ou apeurés dont les fonctionnements nous expulsent régulièrement de nous-mêmes, de la création et de Dieu. Cultivons l’Amour envers tous…« Veillons et prions… »
En Grèce, le premier jour du carême se déroulait traditionnellement la première célébration en plein air de l’année. Les familles se rendaient alors à la campagne, montaient sur les collines verdoyantes et lançaient des cerfs-volants…
Comme pour se souvenir, dans l’épaisseur opaque des réalités du monde, de la Présence infiniment légère et transparente du Beau Vivant, vainqueur de toutes formes de mort…
Chaleureuses bénédictions dans cette montée vers Pâques…
+ Martin, évêque de Saint Maximin - La Sainte Baume.
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