J'ai vu l'amour et la souffrance
Danser dans le jour décroissant,
Et chanter un hymne de louange
Au Dieu qui leur avait donné le " la ".
Je me suis approché, étonné de voir
L'amour aimer la souffrance,
Et la souffrance aimer l'amour.
Comment pouvaient-ils se tenir par la main
Et s'aimer ainsi ?
Je les connaissais déjà bien l'un et l'autre,
Lui, si beau, elle, si laide.
Je me suis approché,
Etonné, je vis que la souffrance avait changé de visage.
Elle n'était plus laide,
Une beauté radieuse resplendissait sur son front rayonnant,
Une harmonie sereine flottait tout autour d'elle.
Surpris, j'ai tourné les yeux vers l'amour,
Et je le vis si beau, lui aussi,
D'une beauté si radieuse que j'en fus ébloui.
Une lumière qui n'est pas de ce monde régnait.
Alors, attentif, je restai immobile
Et j'entendis la souffrance dire à l'amour:
« Ne me quitte pas, toi qui m'as appelée;
Je sais que sans toi je serais laide.
Dis-moi que tu ne me quitteras jamais,
J'ai peur de me retrouver seule. »
Et l'amour répondit, d'une voie en qui résonne l'éternité:
« Ne crains rien, petite souffrance.
Ne sais-tu pas qu'avec toi moi aussi je suis plus beau ?
Bien que les mortels qui me voient sans toi,
Ne puissent imaginer que la splendeur de mon visage
Puisse encore s'accroître.
Oui, ma souffrance, je t'aime
Parce que tu achèves ma beauté
Et que, seule, tu sais la conduire à la perfection,
Si pleine de lumière et de joie. »
Longtemps, je restai devant cette scène,
Puis je m'enhardis et demandai
A la souffrance et à l'amour de me prendre avec eux.
Ils me mirent dans leurs bras
Et me prirent comme un enfant.
Toujours, toujours je serai pauvre,
Toujours je chanterai avec eux
Un hymne de louange à Dieu
Qui nous a fait don de sa grande Vie de Seigneur,
Dieu de grande source, Dieu de plénitude.
Dieu qui nous a uni, tous les trois, nous a fait Un.
Venez tous, venez tous avec nous,
L'hymne sera si pur et si léger
Qu'il montera d'un coup d'aile au plus haut des Cieux
Pour s'unir au chant de tous les anges.
Abbé Pierre.
Extrait de l'entretien des Propos recueillis par Gilles Van Grasdorff, dans l'Echo illustré magazine No 28, du 17 juillet 1993.
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