L'éveil spirituel dans le bouddhisme zen se dit "Satori" en japonais. Son expérience ne s'acquiert pas par la volonté mais par un lâcher prise intérieur. L'union à Dieu des mystiques chrétiens ne suit pas un autre chemin. Dieu emporte le mystique dans la contemplation quand ce dernier tendu vers Lui s'abandonne et n'attend rien de Lui.
Un conte Zen nous offre une superbe métaphore à ce sujet. En japonais, l'éveil se dit "Satori".
Un jour, un bûcheron entendit parler d'un animal rare, et légendaire, appelé Satori.
Tous les chasseurs affirmaient que celui qui en attraperait un, vif ou mort, serait un véritable héros.
Notre bûcheron voulut en savoir plus, et demanda "où trouve-t-on un tel animal ?"
On lui répondit qu'on le trouvait partout, mais qu'il était si difficile à voir et à attraper, que c'était peine perdue.
Retournant à sa forêt pour couper du bois, il ne parvenait pas à s'ôter Satori de la tête, il voulait à tout prix voir cet animal, et l'attraper.
Décidé, il commença à fouiller les bois, discrètement, pour trouver une trace de Satori.
Tous les jours, il passait un temps considérable à sa recherche, mais en vain.
Un jour, cependant, il entendit un petit rire moqueur dans les feuillages, et une voix espiègle lui dit alors: "Tu dois être fou ou bien naïf si tu penses que pourras un jour m'attraper !"
Le bûcheron reconnut aussitôt Satori, et décida de redoubler d'efforts... mais rien n'y faisait.
Il construisit des pièges, il tenta de faire du bruit pour effrayer Satori et le pousser à faire une erreur dans sa précipitation, il essaya au contraire de se cacher pendant des heures, à scruter le sous-bois.
Rien à faire, non seulement il ne voyait pas Satori, mais ce dernier avait pris pour habitude de se moquer du bûcheron :
"Pensais tu vraiment qu'un piège aussi rudimentaire suffirait à m'attraper?"
Au fur et à mesure que le temps passait, le bûcheron désespérait. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'est qu'il avait laissé son travail à l'abandon, et que les journées froides arriveraient bientôt.
Il fût alors obligé de se résoudre à couper à nouveau du bois, mais Satori le harcelait, lui rendant son travail difficile.
A chaque fois qu'il tentait de travailler, Satori lui disait:
"Allons, tu ne vas pas me chercher aujourd'hui ? Cette fois sera peut-être la bonne !"
Notre bûcheron n'avait pas le choix, si il voulait avoir de quoi se chauffer, et de quoi donner au village du bois pour les cheminées, il fallait qu'il se concentre.
Il s'efforçait de s'absorber dans son travail, de ne plus écouter Satori.
Au départ il n'y parvenait pas, la voix nasillarde et moqueuse l'énervait, mais finalement, il s'habitua aux railleries de Satori, et n'y prêtait plus attention.
A tel point qu'il ne pouvait même pas dire si Satori s'était moqué de lui pendant 5 minutes, ou toute la journée !
Il coupa un arbre, toujours aussi concentré sur son travail, et tandis qu'il s'abattait sur le sol, un couinement aiguë se fit entendre.
Le bûcheron, inquiet, alla voir d'où cela provenait, et il trouva quelque chose coincé sous l'arbre.
Il déplaça le tronc, et fût frappé de stupeur: c'était Satori!
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