Dieu et la science : depuis l'aube des temps, l'Église a eu deux positions sur la question.
Celle, dogmatique et « littéraliste », qui conduira à la longue série des condamnations (Giordano Bruno, brûlé vif en l'an 1600 pour avoir soutenu l'héliocentrisme, Galilée, jugé pour le même motif, en 1632, etc.) et des absurdités scientifiques qui sévissent encore de nos jours chez les créationnistes contemporains, dont certains continuent d'affirmer, à rencontre de la (selon eux) « fallacieuse théorie de l'évolution », que la Terre n'a que 6 000 ans et que Dieu a créé toutes les espèces vivantes d'un seul coup.
Une autre attitude, ouverte et intelligente, qui l'emporte fort heureusement dans l'Église d'aujourd'hui, remonte à Origène.
Elle sera également exposée par saint Thomas d'Aquin et admirablement reprise par Jean-Paul II dans sa belle encyclique.
Non seulement elle stipule qu'il faut laisser la science travailler librement, attendu qu'il ne saurait jamais y avoir de contradiction entre les vérités de la révélation (de la foi) et celles de la raison (de la science), mais qu'il convient en outre de donner des textes bibliques une lecture symbolique ou, comme on dira à partir duXIXesiècle, « herméneutique », c'est-à-dire interprétative.
C'est là ce que suggère, dès le IIIe siècle, ce profond père de l'Église que fut Origène dans un texte aussi clair que vigoureux : « Quel est l'homme sensé qui croira jamais que le premier, le second et le troisième jour, le soir et le matin purent avoir lieu sans le soleil, sans la lune et sans les étoiles, et que le jour, qui est nommé le premier, ait pu se produire lorsque le ciel n'était pas encore ? Qui serait assez stupide pour s'imaginer que Dieu a planté, à la manière d'un agriculteur, un jardin à Eden, dans un certain pays d'Orient, et qu'il a placé là un arbre de vie tombant sous le sens tel que celui qui en goûterait avec les dents du corps recevrait la vie ? À quoi bon en dire davantage lorsque chacun peut facilement relever une multitude de choses semblables que l'Écriture raconte comme si elles étaient arrivées et qui, à les prendre textuellement, n'ont guère de réalité. »
Luc Ferry
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