Ceux-là même qui s'indignent du sac de Constantinople par les Croisés ne se (sont) pas toujours renseignés avec exactitude sur les péripéties du second siège qui amena ce pillage.

Il avait été en effet précédé d'un premier siège mené à la demande de l'ex-empereur détrôné ou plutôt de son fils, le jeune Alexis, dont le père Isaac Ange, auquel l'usurpateur avait fait crever les yeux, vivait toujours.

C'est pour lui que, une première fois, le 17 juillet 1203, la ville du Bosphore était prise d'assaut.

Et ce n'est que l'année suivante que les Croisés, ayant vainement attendu qu'Alexis et son père tiennent les engagements qu'ils avaient contractés envers eux, exaspérés aussi de se voir traités avec mépris, se retournent contre celui-là même qui les avait décidés à assaillir les murailles de Constantinople, de nouveau franchissent celles-ci (l'armée était depuis près d'un an cantonnée dans les faubourgs de Galata à attendre la bonne grâce de l'empereur byzantin) et décident de s'installer à la place d'Alexis.

Ils ne tardèrent pas à se faire excommunier par le pape, dès que ce coup de force fut connu mais, entre-temps, les palais et les églises avaient été vidés de leurs trésors.

On allait par la suite les retrouver, surtout à la cathédrale San Marco de Venise, mais aussi dans combien de sanctuaires de Champagne, de Belgique ou de Picardie...

Régine Pernoud
La Vierge et les saints du Moyen Âge