La force illusoire ? Le lien naturel qui nous unissait à Dieu, source d'inspiration, de Vie et d'amour a été, non rompu, mais obscurci par la Chute.
Alors que nous avons été créé pour cette relation consciente avec Dieu qui nous donnerait la pleine conscience de l'Eternité et la pleine puissance de notre potentiel créatif, nous sommes comme privés de notre oxygène spirituel.
Il y a en l'homme comme un désir informulé et inassouvi, la fugace impression d'un manque essentiel, la lancinante angoisse de notre fragilité, comme une blessure qui ne cicatriserait jamais.
Et les attaques de l'Ennemi, de l'ignorance, de la peur, de l'angoisse sont comme des chaînes qui nous retiennent au fond d'une cave humide.
Alors écrasé par sa fragilité, par sa faiblesse et par son manque d'assurance et de confiance en lui, l'individu se fige dans une attitude prostrée, maladivement auto-dévalorisante.
Sa conscience est pulvérisée par l'angoisse et sombre dans l'abîme qu'elle creuse elle-même, entraînée par le poids d'une faiblesse non assumée qui submerge tout l'être et le contamine de son poison corrosif.
Nous connaissons tous de ces malheureux en dépression permanente, prisonniers de schémas destructeurs, pris dans la spirale infernale de leur désir de mort, prisonniers de leur ombre.
Il y a aussi ceux qui tentent de surmonter la faille par les fausses forces : l'orgueil et l'arrogance.
Emplâtre sur une jambe de bois, l'orgueil ne comble pas le vide dans l'âme mais en augmente la profondeur.
On croit qu'on surmonte mais en réalité, on se berce d'illusions, on écrase son prochain, on piétine ce qui est immortel pour s'attacher au passager.
La vraie force n'est ni le déni de soi, ni l'arrogance. La vraie force, seule capable de combler l'abîme est de reconnaître l'existence de celui-ci.
Cette reconnaissance suscite le désir de Dieu et le dépouillement sincère devant Lui.
En toute honnêteté, avec une âme virile et volontaire, on admet qu'on ne pourra pas franchir seul la distance qui nous sépare de l'Infini et on s'ouvre.
On s'ouvre à Dieu qui enverra immédiatement son Esprit et ses messagers ailés qui se feront un plaisir de nous délivrer, de briser nos chaînes et de nous emmener par delà le néant, dans le Temps Eternel, comme les Fils de Dieu que nous sommes.
Après une traversée du désert que chaque âme mystique connaît tôt ou tard dans son évolution, étape angoissante mais nécessaire au dépouillement du superflu et à la transmutation des ombres en Lumière, on est enfin libre.
En ce temps-là se dressera Michel, le grand Prince,
lui qui se tient auprès des fils de ton peuple.
Ce sera un temps d'angoisse
tel qu'il n'en est pas advenu depuis qu'il existe une nation
jusqu'à ce temps-là.
En ce temps-là, ton peuple en réchappera,
quiconque se trouvera inscrit dans le Livre. (Dn 12 ; 1)
Là nous redeviendrons comme nous étions à l'origine du monde, empli de saine et vraie puissance car animés par l'amour :
Comme les corps limpides et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux aussi étincelants et d'eux-mêmes reflètent un autre éclat, ainsi les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent-elles spirituelles aussi et renvoient-elles sur les autres la grâce.
De là viennent : la prévision de l'avenir, l'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, les distributions de dons de grâce, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la durée en Dieu, la ressemblance avec Dieu, le comble du désirable : devenir Dieu.1
Extrait de Daniel, l'ange et la déification de l'Homme
Sébastien Morgan
1Basile de Césarée, Sur le Saint Esprit, IX, 23
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