Ah ! elle aurait existé cette terre où cohabitaient harmonieusement les cultes anciens et les religions révélées ! Cette parenthèse enchantée où régnait,splendide utopie, une “fraternité spirituelle”, sans la menace de fondamentalistes qui, eux, écrasent dans l’œuf toute velléité de penser et de célébrer dans la différence et condamnent ceux qui voudraient “danser” leur vie !
Ce pays s’appelait l’Égypte des premiers siècles de notre ère. D’Alexandrie à Philae, avant que les fous de Dieu ne brisent les “idoles”, ne massacrent la philosophe néoplatonicienne Hypatie ou les prêtres de Sérapis, la vallée du Nil qui depuis trois mille ans ne vivait que pour le seul horizon métaphysique, fut bien celle de la “fraternité des âmes”, comme le rappelle notre Esprit des lieux consacré à l’île sainte d’Isis.
Plus qu’un territoire physique, cette Égypte, qui nous a aussi donné l’alchimie, la gnose et l’initiation, fut l’une des sources les plus vivifiantes de la Connaissance, dont nous retrouvons
de nombreuses traces dans notre dossier sur l’ésotérisme et sa validité contemporaine.
Car d’Orient ou d’Occident, la voie de ceux qui cherchent la vérité derrière les apparences est décidément celle de la liberté, qui permet de sortir de la dualité du monde en échappant aux totalitarismes. Certains l’ont d’ailleurs payé de leur vie…
Lointains héritiers de cet esprit qui dépasse le littéralisme étroit, qui perçoit qu’au-delà de la forme, il existe une unité qui transcende les religions, et que le couple Paix et Sagesse doit briller pour chasser les ténèbres de l’obscurantisme, Lanza del Vasto, Frithjof Schuon, Matthieu Ricard ou encore Nicolas Bouvier, chacun à leur manière et à leur époque, se sont affirmés comme tels. Servant inlassablement la vérité, se mettant au service des plus grandes causes, plaidant pour une infinie compassion ou donnant à voir la diversité du monde – “Le sort m’a donné des yeux qui aime voir”, disait joliment Ella Maillart, en écho à l’écrivain voyageur suisse.
La diversité des cultes et le brassage des civilisations n’opposent pas les uns aux autres mais fécondent les regards et les cœurs, comme cette Mongolie chamanique, vue à travers l’objectif de Tuul et Bruno Morandi ou encore l’hallucinant pèlerinage éthiopien de Cheikh Hussein, où l’on passe allègrement dans des états de conscience modifiée sans aucune crainte.
Et cela depuis la nuit des temps, bien avant que des gourous New Age nous vendent de pseudométhodes pour “traverser le miroir”. De même les peintres aborigènes qui entretiennent un rapport quasi amical avec leurs cosmogonies intérieures et leurs rêves parcourus d’esprits et tissés de substance mythique. Réels ou imaginaires, ces êtres surnaturels, en tout cas, nous habitent et nous leur donnons par nos pensées, nos mots et nos songes, une seconde naissance, voire une éternité :
“Les dieux anciens commencèrent alors à quitter l’Égypte un à un, à déserter la pénombre embaumée des temples pour se réfugier en cet invisible sanctuaire qui aujourd’hui encore est celui de notre mémoire”, écrit encore l’admirable auteur de Marie d’Égypte.*
Si vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog :