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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 22:33
Souffrir au monde

Le monde va-t-il si mal ? Est-il pire qu’avant ? Pire que jamais ? Je voudrais le savoir. J’éteins tous ces écrans qui font écran à une juste perception des choses. Et j’ouvre les yeux.

Je dois conduire ma fille chez le docteur. En salle d’attente, les patients sont patients et leur patience est souriante. Le docteur nous accueille avec une gentillesse qui est en elle-même le meilleur des remèdes. Mon cœur déborde doucement de gratitude pour notre humanité, pour ce pays qui soigne mes enfants, pour Dieu d’où provient toute bonté… Non, le monde ne va pas si mal.

Sur la route du retour, je ne sais quel incident nous met tous en bouteille. Le spectacle n’est pas beau : chacun, enfermé dans son air conditionné, avec ce corps de taule que nous font les voitures. Dans la file devant moi, une vitre s’abaisse, une main molle laisse tomber au sol un paquet de cigarettes vide. Le monde est notre bidonville. Omniprésents, les déchets disent notre déchéance, morale et spirituelle. Je fonds à nouveau, mais à l’envers. Je me consume de désespoir.

Mais alors, le monde va-t-il si mal ? Le diagnostic est impossible. Il y a le mystère du bien. Il y a celui du mal. Le geste qui soigne et l’indifférence crasse. Entre les deux, il n’y a pas de commune mesure. Le monde balance entre le Tout du bien et le Rien du mal. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais l’un et l’autre.

Or cette absence de savoir définitif sur l’état du monde a sa fécondité. Puisque nous ne savons pas si ce monde autorise qu’on désespère de lui ou s’il se prête à notre enthousiasme, chacun est invité à une double disponibilité : s’ouvrir au bien qui s’offre ; souffrir du mal qui blesse.

Tout le reste, optimisme naïf ou pessimisme raffiné, vient du démon.

Martin Steffens

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commentaires

U
le monde se replie plus qu'avant mais il y a de très beaux bourgeons. A nous de cultiver la bonne terre ! Jacques clown, maraicher, moine
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