Si l’homme moderne me semble spirituellement moins avancé que l’homme du Moyen-Âge sur le plan technique par contre il m’éblouit. Les prouesses technologiques s’enchaînent quotidiennement et dépassent souvent en résultat ce que nombre de romanciers de science-fiction ont imaginé.
Je me rappelle une nouvelle où des scientifiques faisaient parler les murs des habitations d’une civilisation disparue partant du principe que tout matériau garde en mémoire le film des scènes qui se déroulent devant lui.
Ce n’est plus de la fiction aujourd’hui et le monde est confronté au dévoilement progressif par la science de la mémoire imprimée des linges qui ont sans doute touché le visage ensanglanté de Jésus ou recouvert son corps au sépulcre et ont donc assisté à sa Résurrection.
Plusieurs étoffes qui nous sont parvenues prétendent selon la tradition être ces témoins de l’indicible : le linceul de Turin, le suaire d’Oviedo et le suaire de Manoppello.
Si l’on ne peut pas prouver que ces linges sont ceux qui étaient au contact du Christ ce qu’ils révèlent grâce aux avancées de la science a suffi aux trois derniers papes et aux foules qui viennent les vénérer pour les convaincre qu’ils présentent un instantané de la face et du corps du Seigneur dans sa mort et peut-être dans sa résurrection.
« L’image que présentent les linges sacrés a un rapport si profond avec les récits des Évangiles que tout homme sensible se sent touché intérieurement et profondément ému. Ces linges représentent à la fois l’image de l’amour de Dieu, tout comme celle du péché de l’homme ; l’image de notre impuissance devant la mort tout comme celle du mystère de la Résurrection du Christ qui nous en délivre. » Méditation du pape JEAN-PAUL II devant le Linceul, le 24 mai 1998
Et pourquoi s’y intéresser ? Parce que « Rechercher la face de Jésus doit être l'aspiration de nous tous qui sommes chrétiens … Si nous persévérons dans la recherche de la face du Seigneur, au terme de notre pèlerinage terrestre, ce sera Lui, Jésus, notre joie éternelle, notre récompense et notre gloire pour toujours. » disait le pape Benoit XVI après avoir prié devant la Sainte Face de Manoppello.
Le web regorge d’informations souvent contradictoires et peu fiables sur ces images et ce qu’en dit la science. J’ai essayé de vous aider à vous y retrouver en sélectionnant les sources qui me semblent les plus utiles pour vous permettre de vous en faire une idée.
En premier lieu il faut comprendre de quoi on parle et bien différencier le linceul, le suaire et les bandelettes qui entouraient le corps en se référant à une bonne traduction des Evangiles.
Ce document fait le point http://suaire-turin.fr/wp-content/uploads/2013/01/Cahier-42-10.pdf
ainsi que ces deux articles
En résumé on appelle linceul une sorte de drap qui servait à ensevelir les morts, notamment chez les Juifs à l'époque du Christ.
Le mort, nu, était couché sur ce drap, assez long pour être rabattu sur tout le corps. La bouche était maintenue fermée par un suaire, noué en haut de la tête.
Le Linceul de Turin pose un grand défi à la science. Il est « une provocation à l’intelligence » dit Jean-Paul II parce que personne ne peut expliquer l’origine de cette image unique. Et cette image bouleverse ceux qui la rencontrent.
En témoigne Barrie Schwortz, photographe scientifique américain, juif, et membre de l’équipe du STURP en 1978 (Shroud of Turin Research Project) : « je suis un juif qui peut dire que ma foi en Dieu a été restaurée par mon étude sur le linceul de Turin. Donc le linceul n’est pas seulement pour les chrétiens. Il est pour tout le monde. »
Pour tout savoir sur le Linceul de Turin vous trouverez une bonne synthèse à cette page http://www.jeansevillia.com/un-dieu-a-visage-humain/
et sur ce site :
Parmi d'autres vous pouvez vous faire une idée avec cette vidéo
et d’autres excellentes vidéos documentaires dans cette playlist avec une interview de Barry Schwortz :
et des conférences avec le spécialiste Sébastien Cataldo sur les découvertes scientifiques sur le Linceul :
Plus précisément vous aurez ici les correspondances entre les marques sur le corps du supplicié et ce qu’en disent les Ecritures :
Cliquer les flèches pour faire défiler les images
Les premières représentations du visage du Christ dans les icônes byzantines semblent s’inspirer de l’image du linceul : longue chevelure (queue de cheval qui descend jusqu'au milieu du dos), raie transversale sur le front (en réalité une tache de sang sur le tissu), nez épaté (le nez cassé d’un individu qui a été battu), yeux globuleux (à l’époque du Christ, pour empêcher que les paupières des cadavres se relèvent, on collait des pièces de monnaie dessus), espace glabre entre la lèvre inférieure et la barbe bifide, ligne transversale sur la gorge (un pli du linceul).
Pour les scientifiques de la police américaine, 45 à 60 points de cohérence suffisent à attribuer une identité ou à dire la ressemblance de deux images. La même technique a été appliquée à un des plus beaux exemples de Christ Pantocrator : celui de l’icône du monastère de Sainte-Catherine au Mont Sinaï (VIe siècle), qui présente 250 points de cohérence avec le visage du Suaire.
L'artiste Ray Downing quant à lui a essayé de reconstituer le visage du Christ à partir d'une modélisation 3D de l'image du visage du supplicié du Suaire de Turin.
Le suaire ou voile de Manoppello est l’autre linge qui interpelle la science et les croyants.
Le Linceul représente un homme mort, le Voile de Manoppello, lui, représenterait un homme vivant marqué par le martyre.
Comme pour le Linceul de Turin personne ne peut expliquer actuellement comment l'image s'est imprimée sur ce voile. L'image de Manoppello est aussi tridimensionnelle et le visage semble changer d’aspect en fonction de la lumière et de la perspective.
Le motif est miraculeusement visible des deux côtés, mais il est différent de chaque côté. Vu de l’autel, celui qui pourrait être Jésus se présente en tant que vainqueur souriant de la mort.
Un diaporama fascinant de photos de l'image sous différents angles et lumières est présenté sur cette page :
vJ’ai aussi regroupé plusieurs vidéos décrivant le suaire de Manoppello dans cette playlist :
et son histoire en lien avec le légendaire Mandylion d’Edesse et la Véronique (« vera icon », la vraie image) ici :
Sur le linceul de Turin et le voile de Manoppello sont inscrites les plaies du visage contusionné, le front et les lèvres mouchetés de rose évoquant autant de plaies, l'enflure de la joue droite, le nez semblant cassé au niveau du cartilage, la barbe partiellement arrachée par endroits, les minuscules taches de sang dues aux épines. Le nez mesure dans les deux cas environ huit centimètres. La barbe se divise en deux petites pointes, la partie gauche est plus fournie que la droite.
La trappistine Blandina Paschalis Schlömer put, grâce à une technique de superposition, fournir la preuve que les images du Suaire de Manoppello et du Suaire de Turin étaient de la même personne.
Ultérieurement, elle appliqua cette même technique au Suaire d’Oviedo et arriva au même résultat.
Le suaire d’Oviedo est une relique faite d'une toile de lin gardée dans la Cámara Santa de la cathédrale d'Oviedo en Espagne. La tradition veut que le Suaire d’Oviedo puisse être le linge qui servit, comme le veut l’usage hébraïque, à couvrir le visage de Jésus pendant son transport de la croix au sépulcre, mais qui a été enlevé avant que celui-ci ne soit recouvert par le Saint Suaire; et que, justement parce qu’il était imprégné de sang, a dû être laissé (selon les prescriptions funèbres hébraïques) dans le sépulcre.
30Giorni | Le Suaire d'Oviedo (par Lorenzo Bianchi)
Le Suaire d'Oviedo (Asturies, Espagne). Une tradition veut qu'il s'agisse du tissu avec lequel a été couvert le visage de Jésus pendant la descente de croix et le transport au sépulcre. Les tac...
On consultera avec intérêt cet article qui fait une comparaison entre le Linceul de Turin, le suaire d'Oviedo et la tunique d'Argenteuil et qui conclut que ces trois linges ont une grande probabilité d’avoir été en contact avec le même homme et qu’il est le Jésus des Ecritures.
Pour finir quelques références complémentaires :
Le premier site francophone d'information sur le linceul de Turin ou saint suaire :
L’ association « Montre Nous Ton Visage » (MNTV), consacré à la connaissance et à la contemplation du Linceul de Turin :
Deux livres sur le Linceul de Turin « Et vous, qui dîtes-vous que je suis ? » et « Le linceul de Turin, complément d'enquête » de Sébastien Cataldo et Thibault Heimburger
et un livre sur l’ensemble des reliques de la passion du Christ de Pierre Milliez, « Pièces à conviction du Messie d'Israël: Étude des reliques de Jésus » avec de larges extraits en ligne :
Article de Marc-Elie paru dans la revue Le Chemin éditée par le centre spirituel Béthanie