Il est des personnages dont la marche vers la canonisation est contrariée. Le malheureux Charles de Foucauld, un siècle après sa mort, n’en est encore qu’au statut intermédiaire de bienheureux. Pour Mère Teresa, disparue il y a moins de vingt ans, le trajet, fléché d’avance, s’est effectué en accéléré.
Son cas est intéressant à double titre. D’un côté, elle présente toutes les garanties de conformité qu’il convient de présenter aux juges de Rome – et c’est justement le pape qui, depuis près de mille ans, s’est réservé le droit de porter les saints sue les autels. Mais, de l’autre, elle relève aussi d’une tradition plus ancienne : l’adoption par acclamation, au nom d’une autonomie ressentie. Dès lors que des fidèles du monde entier, mais aussi des non croyants, considèrent Mère Teresa comme un exemple et une médiatrice, on ne peut pas ne pas en tenir compte.
L’Eglise orthodoxe a peut-être mieux maintenu la part de l’initiative d’en haut et de celle d’en bas dans ce qu’elle n’appelle pas canonisation mais glorification. La glorification, c’est bien mieux que l’aboutissement d’un procès qui constate des vertus extraordinaires et conduit à définir une singularité. En bonne doctrine, les saints pour l’heure disparus ne sont jamais loin des vivants, ils les accompagnent dans la même humanité qui va de commencement en commencement. Jusqu’à atteindre le monde qui doit advenir…
La Marche de l'Histoire avec Jean Lebrun et l'historien Philippe Boutry
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