Quand j’étais enfant, il n’était pas rare qu’on oubliât de me souhaiter ma fête.
Il faut dire qu’elle est cachée sous l’armistice du 11 novembre.
Elle est comme le saint qu’on y célèbre : discrète. Car saint Martin de Tours, qu’on représente monté sur un cheval, dans la large cape que son épée fend en deux, a surtout été un pauvre pour les pauvres.
Il accepta les charges ecclésiastiques moins comme un honneur que comme une charge, justement.
C’est heureux qu’il soit, en cette année de son anniversaire, mis à l’honneur : il y a 1 700 ans, loin de notre pays, Martin voyait le jour.
On raconte qu’au terme de sa vie, fatigué d’avoir œuvré pour le Christ et son Église, l’évêque de Tours fit cette prière : « Mon Dieu, si tu as encore besoin de moi, je suis ton homme. Mais si tu estimes que j’ai accompli mon devoir, alors, s’il te plaît, relève-moi de mes fonctions. »
Le jour où j’ai eu vent de cette prière se sont envolées quelques idées sombres.
Petit cadeau de mon saint patron, cette prière m’a soulagé un peu de la peur de mourir.
Car cette prière nous dit ceci : la mesure de notre vie, ce n’est pas le compte inquiet de nos années, c’est l’épanouissement en nous de Dieu.
L’aventure terrestre dure autant que Dieu prononce notre nom en le mêlant à l’histoire du monde.
Elle cessera comme s’éteint l’écho d’un appel. Nulle crainte à avoir pour qui consent à être l’outil dans la main de Dieu : « le Dieu, non des morts mais des vivants », ainsi que l’Évangile de ce dimanche le nomme, n’ôte la vie à son disciple ni avant, ni après, ni trop tôt, ni trop tard.
Quand on marche à la suite de Jésus, on n’a plus 40 ans, on n’a plus 60 ni 80 ans : on a le temps qu’on prend pour rendre un service.
On a l’âge incalculable d’une histoire d’amitié.
On a la Vie devant soi.
Martin Steffens
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