Dernier des prophètes, Jean le Baptiste a précédé Jésus pour annoncer sa venue, s’effaçant devant lui.
Quelles sont ses origines et qu’en dit la Bible ?
Selon l’Évangile selon saint Luc, Jean est né d’un prêtre du nom de Zacharie et d’une parente de la Vierge Marie, Élisabeth, tous deux « irréprochables » devant Dieu.
Le couple ne pouvait pas avoir d’enfant car Élisabeth était stérile.
La naissance de Jean fut pourtant annoncée par l’ange Gabriel à son père alors que celui-ci, au titre de ses fonctions sacerdotales, se trouvait dans le sanctuaire du Temple : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été exaucée : ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean » (Luc 1, 13-14).
En entendant la prophétie, le prêtre exprima un léger doute et son manque de confiance lui valut d’être puni aussitôt par un mutisme temporaire.
Lorsque la Vierge Marie, enceinte, se rendra chez sa cousine Élisabeth, l’enfant de cette dernière exultera de joie dans ses entrailles, reconnaissant déjà le Messie dans le ventre de sa mère. Zacharie retrouva la parole à la naissance de son fils, prononçant le cantique appelé le « Benedictus » (Luc 1, 67-79).
La vie de Jean est ensuite cachée. Dans la Bible, Jean est décrit comme un solitaire ascétique (Matthieu 11, 18), se nourrissant de sauterelles grillées et pratiquant le jeûne, ayant développé son activité sur les rives du Jourdain.
Il pourrait avoir appartenu au mouvement essénien, selon l’historiographe romain de confession juive Flavius Josèphe qui évoque Jean dans son œuvre. « Son influence fut importante à son époque auprès de ses nombreux disciples », souligne le P. Étienne Nodet, spécialiste de l’histoire du christianisme du Ier siècle, membre de l’École biblique de Jérusalem (1).
Quelle est sa mission ?
Avec la Vierge, Jean est le seul saint dont on célèbre la nativité (le 24 juin), car sa vie, tout comme celle de Marie, ne prend de sens qu’en rapport direct avec Jésus : elle est sa mère, tandis que lui a pour mission de préparer sa venue, celle du Messie annoncé par les prophètes et attendu par le peuple d’Israël.
Après une longue période de « vie cachée » – comme Jésus – dans le désert, il se met à proclamer, vers trente ans, le « baptême de repentir pour la rémission des péchés », prophétisé par Isaïe.
Son rôle est celui « d’aplanir les sentiers du Seigneur », de lui « préparer les voies » (Luc 3, 1-6). Il est ainsi le dernier des prophètes, à une époque marquée par une attente eschatologique particulièrement forte de la part des juifs.
Selon Dominique Ponnau, écrivain et ancien directeur de l’École du Louvre, au moment du baptême de Jésus par Jean, « l’un vient du désert, l’un entre au désert » (2).
Le prophète laisse la place à son maître. Et Jean proclame : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. »
La parole de vérité que Jean Baptiste s’est attaché à proclamer pendant sa vie, appelant à la conversion, le mènera à la mort. Ainsi, il provoquera la colère d’Hérode Antipas, gouverneur de Judée, à qui il reprochait son mariage avec Hérodias, femme de son demi-frère Hérode (3).
Salomé, fille d’Hérodias, réclamera sur les conseils de sa mère la tête de Jean Baptiste, qui lui sera portée sur un plateau (Marc 6, 21).
En quoi le baptême de Jean annonce-t-il le baptême chrétien ?
« Moi, je vous baptise d’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans le Saint-Esprit et le feu » (Jean 1, 19-27) : par ces paroles, Jean signifie bien que le baptême qu’il donne est signe de purification des péchés et sera à distinguer de l’action du Christ.
Mais Jésus, pourtant pur, demande toutefois à Jean Baptiste de le baptiser, au début de son ministère public : « J’ai vu l’Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui » (Jean 1, 32).
Pourquoi le Christ a-t-il voulu recevoir le baptême ?
Pour le P. Nodet, en se faisant baptiser par Jean, « en un geste prophétique », il s’inscrit dans un courant du judaïsme « en marge » de celui dont il est issu, celui des nâzoréens, qui finiront par le rejeter et vouloir le tuer.
Plus tard, c’est saint Paul qui développera toute la théologie du baptême. Celui-ci deviendra un acte rendant présent le passage de la vie mortelle à la vie dans le Christ, libérée du péché : « Ne le savez-vous pas ?
Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême » (Rm 6, 3).
On peut se rappeler ici que l’eau a une double symbolique dans la Bible : la mer est le lieu du mal, mais l’eau permet aussi la purification et la vie. Le baptême de Jean était centré sur le pardon des péchés et la conversion à une vie nouvelle, alors que le baptême chrétien reprend cette signification en y ajoutant le don de l’Esprit, l’initiation chrétienne et la participation à la mort et à la résurrection de Jésus.
Que nous dit Jean de l’attente ?
La figure de Jean le Baptiste est particulièrement présente dans les lectures du temps liturgique de l’Avent.
Il est « celui qui se tient sur le seuil du Royaume qui vient, celui qui montre le Messie et puis s’efface devant Lui », affirme dans une homélie prononcée à l’occasion de la Nativité de Jean Baptiste le F. Jean-Philippe Revel, de la paroisse Saint-Jean-de-Malte, à Aix-en-Provence. « Jean Baptiste est d’abord l’homme de l’attente, l’homme du désir. Toute la mission de Jean Baptiste est marquée par cette flamme. »
Le désert où il se retire symbolise très fortement cette attente. N’est-ce pas du désert que le prophète Osée parle comme du lieu des fiançailles de Dieu avec son peuple (Osée 2, 16) ?
C’est de là que Jean Baptiste lance son cri, pour annoncer « l’Époux », celui autour duquel est centrée toute sa prédication. Ainsi, cette attente, insiste F. Jean-Philippe Revel, n’est pas « une attente passive » mais « préparation diligente du chemin du Seigneur », qui nous invite à en faire de même.
« Nous aussi, nous devons d’abord attendre ce Jésus qui est déjà venu mais qui ne cesse de venir (…). Et non seulement attendre Jésus, mais préparer son chemin, ouvrir des routes pour Lui, aider nos frères à préparer leur cœur. »
Être les témoins du Christ, le montrer, dire sa miséricorde, telle est la mission du chrétien : « Il faut que Lui grandisse et que moi je diminue et que je disparaisse » (Jean 3, 30).
La Croix
(1) La Porte du ciel, Cerf, 368 p., 24 €.
(2) Jean-Baptiste, la gloire de l’effacement, Salvator, 172 p., 18,50 €.
(3) Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII.
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