Lorsque j’étais enfant,
Je me mis à sangloter assis par terre
A côté du piano de ma mère
Qui jouait et chantait
Car il y avait dans son chant
Une gloire timide mais solennelle
Que ma petitesse ne pouvait contenir
Et lorsqu’on m’a demandé
Pourquoi je pleurais
Je n’avais pas de mots pour le dire
Je secouai seulement la tête
Et continuai à pleurer
Pourquoi la musique la plus belle
Ouvre-t-elle une blessure en nous
Une douleur, une affliction
Profondes comme la nostalgie
De quelque pays lointain
Et à moitié oublié
Je n’ai jamais compris
Pourquoi il en est ainsi
Mais il existe une vieille légende
De l’autre côté du monde
Qui délivre le secret
De ce chagrin mystérieux
Pendant les siècles des siècles
Nous avons erré
Mais nous avons été faits pour le paradis
Comme le cerf pour la forêt
Et quand nous vient la musique
Avec sa beauté céleste
Elle nous apporte l’affliction
Car lorsque nous l’entendons
Nous nous rappelons un peu
De ce pays natal perdu
Faiblement nous nous rappelons les champs
Leur trèfle parfumé caressé par le vent
Les chants d’oiseaux dans les vergers
Les violettes sauvages blanches dans la mousse
Au bord de ruisseaux transparents
Et resplendissante au cœur de cela
Se trouve la beauté tant attendue
De Celui qui nous attend
Qui toujours nous attendra
Dans ces prairies radieuses
Mais qui est aussi venu vivre avec nous
Et qui erre où nous errons.
Anne Porter, « Musique » dans Living Things: Collected Poems, Hanovre, NM: Zoland Books, 2006, pp. 54-55.
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