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26 avril 2017 3 26 /04 /avril /2017 22:45
Le pressoir mystique

Le pressoir mystique est un thème iconographique chrétien, image de la Passion et des sacrements puis en extension de l'institution de l'Église : le Christ comme Cep et les disciples sarments.

Il est le cep de vigne et le fruit de la vigne à la fois, celui qui soumet ses ennemis mais aussi celui qui fait naître l'Église s'étendant comme une vigne, et les sacrements (baptême, eucharistie) et sauve l'humanité, par le règne de l'Amour subjuguant les cœurs et non plus par la force.

Le pressoir symbole du Fils comme Envoyé du Père : Marc 12,1-12 . « Un homme planta une vigne, il l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde…» « Il lui restait encore quelqu'un : son fils bien-aimé. Il l'envoya vers eux en dernier. Il se disait : « Ils respecteront mon fils. » Mais ces vignerons-là se dirent entre eux : « Voici l'héritier : allons-y ! tuons-le, et l'héritage va être à nous ! Ils se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne »

Le pressoir symbole de la nouvelle religion comme une vigne féconde :

«  Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu’il en donne davantage. Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.  »

— Évangile selon Jean , 15, 1-8

Thème mystique : « Entre tes bras s'enlace la vigne, d'où coule pour nous en abondance le doux vin qui a la rougeur du sang » (Venance Fortunat, Poèmes II, 1)

Cette métaphore est largement développée par saint Augustin et Isidore de Séville1

«  Primus botrus torculari pressus est Christus. Cum ille botrus passione expressus est manavit illud unde calix inebrians quam proeclarus est ! (Ps. 32, 5.)  »

La première grappe pressée dans le pressoir fut le Christ ; et celle-ci une fois pressée par la Passion, ce qui resta de ceci fut ce calice enivrant…

Alphonse de Liguori écrit : « Le Prophète interroge de nouveau : Pourquoi donc vos vêtements sont-ils rouges, comme les habits de ceux qui foulent le vin dans le pressoir au temps de la vendange ? (Is 63, 2). Et le Seigneur répond : « J'ai été seul à fouler le vin; aucune homme ne s'est trouvé avec moi » (Is 63, 3).

Par ce pressoir, Tertullien, saint Cyprien et saint Augustin entendent la Passion de Jésus-Christ, dans laquelle son vêtement, c'est-à-dire sa chair sacrée fut tout couvert de sang et de plaies, selon ce que dit saint Jean dans l'Apocalypse : « Le manteau qui l'enveloppe est trempé de sang ; et son nom ? Le Verbe de Dieu »(Ap 19, 13).

Saint Grégoire dit que, dans ce pressoir dont parle Isaïe, notre Sauveur a été foulé et a foulé. Il a foulé parce que, dans sa passion, il a vaincu les démons; et il a été foulé, parce que son corps adorable a été brisé dans les tourments comme le raisin dans le pressoir, suivant cet autre texte du même Prophète, déjà cité: « Yahvé s'est plu à l'écraser par la souffrance » (Is 53, 10). »

Cette métaphore du pressoir mystique est développée au xve siècle par le moine allemand Ulrich Stöcklins de Rottach

Le pressoir mystique (en latin torculus Christi) est un thème iconographique chrétien (allégorie), une image de l'Église où le Christ est assimilé à une grappe de raisin écrasée sous le pressoir durant sa Passion, son sang étant le jus de la grappe, devenant la source de tous les sacrements de l'Église et de la Rédemption : il y est représenté agenouillé entre les vis du pressoir, ou foulant du raisin et portant la Croix ou encore couché sous la vis du pressoir : « le Christ foule aux pieds du raisin, et des blessures que son corps a subies, lors de la Passion, coule son sang qui se mêle au vin jaillissant des grappes »… il vient compléter, au Moyen Âge, l'image de la vigne présente en iconographie paléo-chrétienne.

Le pressoir mystique

Le thème du Pressoir mystique est lié au culte du Saint Sang, et relie symboliquement les sacrements à leur « source ».

L’iconographie du Pressoir mystique apparaît avant le XVe siècle et se diffuse presque exclusivement dans les pays d’Europe du Nord, d’Allemagne, des Pays-Bas, et la France du Nord. On en trouve des exemples remarquables à Recloses, près de Fontainebleau, à Troyes ou à Paris (vitrail de Saint-Étienne-du-Mont).

Ce thème montre le Christ de la Passion dans un pressoir à raisins, d’où s’écoule un liquide qui est aussi bien le jus des raisins que le sang du Christ. Parfois, la traverse du pressoir n’est autre que la croix pesant sur les épaules de Jésus comme dans un portement de croix, et cette traverse est mue par une grosse vis que l’on tourne pour écraser le contenu de la cuve.

La métaphore de Jésus supplicié donnant son sang à l’image du raisin écrasé donnant son jus pour le vin fonctionne comme illustration du dogme eucharistique selon lequel le sang du Christ se donne dans le vin offert au communiant lors de la messe catholique. Elle s’appuie sur des sources scripturaires, principalement issues d’Isaïe (« Au pressoir, j’étais seul pour fouler ; pas un des miens avec moi, dans ma fureur je les ai piétinés », Is. 62, 2-3), mais aussi du Nouveau Testament, qui reprend la métaphore de la « Vigne du Seigneur » ; Jésus se dit « la Vigne, la véritable », dont le vigneron est le Père.

Dieu déicide

Le Pressoir mystique est lié à d’autres thèmes inspirés du culte du Saint Sang, et en particulier à celui de la Fontaine de vie, pleine du sang coulant des plaies du Christ et qui, dans certaines images, sert à baptiser. Bien souvent apparaît la figure de Dieu le Père, au-dessus de la scène allégorique, assistant au sacrifice de son Fils, bénissant, ou encore commandant ce sacrifice.

Certaines images vont plus loin et montrent le Père participant activement au supplice du Fils, en tournant de ses propres mains le levier de serrage qui entraîne l’écrasement dans la cuve ! Cette occurrence iconographique, qui peut paraître choquante à nos yeux, prospère jusqu’aux confins du XVIIe siècle, y compris dans les pays du Sud de l’Europe.

Si le Pressoir mystique est une allégorie du Salut, le sacrifice du Christ fait partie du dessein voulu par Dieu, qui châtie et fait expier l’humanité pécheresse dans la personne de son Fils. Selon François Boespflug (2), c’est l’idée d’« une justice divine implacable », où « le Père se fait justice lui-même ».

La portée eucharistique du thème est parfois exprimée d’une façon clairement didactique. Ainsi, dans le tableau de l’église Saint-Gumbert d’Ansbach (où l’on voit bien Dieu le Père, coiffé d’une couronne impériale, tourner la vis du pressoir, au-dessus d’une Vierge au cœur percé de cinq épées), ce qui s’écoule de la cuve, ce sont… des hosties, recueillies dans un calice par saint Pierre coiffé de la tiare papale.

Le rôle médiateur de l’Église et la vertu des sacrements sont ainsi exaltés. Et le tableau rappelle l’abrogation, par l’Église catholique, de la communion au calice, donc par le vin (formellement prohibée au concile de Constance en 1415), et l’obligation de communier sous une seule espèce, le pain.

La Croix

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