Trente et une espèces d’oiseaux peuvent être aperçues au cimetière de Loyasse. Bruno Amsellem/Divergence
A Lyon, un cimetière ouvre ses grilles à la vie sauvage
Tout au long de l’année, des « défricheurs » innovent dans différents domaines. À Lyon, le cimetière de Loyasse a renoncé aux produits phytosanitaires, permettant à la nature de faire son retour dans les allées.
Une cinquantaine d’abeilles dansent autour du plant de lavande. Parmi elles, des ouvrières des ruches implantées dans une prairie voisine. Mais ce sont les nouvelles venues qui intéressent Fabien Dubois.
« Voilà plusieurs espèces sauvages pollinisatrices », identifie ce chargé d’études naturaliste de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) venu à la fraîche réaliser un inventaire. Il soulève les pierres à la recherche de vers luisants.
Relève à la jumelle la présence de mésanges noires. Recense des crottes de hérissons, de plus en plus nombreux à trottiner la nuit dans les allées du cimetière de Loyasse, classé « refuge LPO » en début d’année.
Équivalent lyonnais du Père-Lachaise, ce cimetière de 12 hectares qui coiffe la colline de Fourvière a changé de physionomie en un an après avoir abandonné le recours aux produits phytosanitaires pour désherber les allées.
Dans les secteurs moins denses en tombes, herbes hautes et graminées oscillent sous le vent. La prairie est fauchée deux fois l’an, excepté une bande d’un mètre autour des stèles coupée ras.
Si l’herbe gagne également les allées gravillonnées latérales, c’est que passer la rotofileuse entre les 20 000 tombes du cimetière prend du temps aux quatre agents d’entretien.
« Il faut un mois pour en faire le tour. Forcément, la végétation a le temps de pousser entre-temps », précise Joseph Giorgis, conservateur du site.
Il essuie les remarques de certains usagers, là où coquelicots, boutons d’or et autre liseron percent le sol. « Certains pensent que c’est un manque de considération pour les défunts.
Le changement de mentalité prendra du temps », estime Joseph Giorgis. Lui-même s’est engagé dans la démarche à reculons. « Aujourd’hui, j’enrage quand je vois les gens utiliser de la Javel pour nettoyer les tombes », confie le conservateur, rappelant qu’il y a quelques générations le cimetière avait déjà cet aspect.
« À l’époque, on n’utilisait pas de désherbant. Après la guerre encore, les gens venaient couper l’herbe pour nourrir leurs lapins. »
Ces derniers mois, une trentaine de plaintes sont parvenues sur le bureau du directeur des cimetières de la ville, Jean-Pierre Cornu, qui entend renforcer la communication d’ici à la Toussaint.
« Conçus au début du XIXe siècle, les cimetières français furent les premiers jardins publics. L’on s’y promenait pour recevoir de hautes leçons des tombeaux », rappelle du reste l’historien Régis Bertrand, récent coauteur d’un beau livre sur le patrimoine funéraire français, Cimetières et tombeaux (Éd. du Patrimoine).
Ici, l’écosystème s’est doucement mis en place. Les insectes volettent de nouveau, eux qui tombaient comme des mouches en raison des produits chimiques.
Puis, à leur suite, 31 espèces d’oiseaux, trois de reptiles et six de mammifères ont vu leurs effectifs grossir. Notamment les hérissons, qui régulent la population d’escargots et de limaces détériorant les pierres tombales.
De même pour les vers luisants et les lézards. Des colonies de passereaux s’occupent quant à elles des chenilles processionnaires.
Pour les accueillir, des nichoirs devraient être installés d’ici à la fin de l’année. S’ensuivra l’aménagement d’une mare pour favoriser le retour de certaines espèces de batraciens.
Au fil du temps, les résineux du carré musulman laisseront place à des feuillus où les oiseaux pourront trouver refuge. Les prairies seront maintenues pour favoriser la venue d’insectes pollinisateurs, également attirés par les herbes aromatiques à planter.
Ce sont là quelques-unes des recommandations de la LPO, qui entend « optimiser toutes les surfaces du cimetière », résume Fabien Dubois.
Et ainsi définir une démarche modèle, reproductible dans d’autres cimetières. En essayant de s’arranger de la présence d’une autre espèce, les chats.
Alimentés par des mères nourricières du quartier, ils s’affranchissent de toutes les règles de la vie sauvage en chassant pour jouer. « Une catastrophe écologique », se désole l’agent de la LPO.
Bénévent Tosseri
La Croix
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