Je ne suis pas un Chrétien d’Orient. Je suis un Oriental chrétien.
La différence est fondamentale.
On dit Chrétien d’Orient comme on dirait, par exemple, Français du Liban ou Libanais de France.
C’est une erreur grossière. Je n’appartiens pas à une communauté étrangère à l’Orient que le hasard de l’histoire a poussé à vivre sur une terre lointaine.
Mon christianisme n’est pas importé. Je suis né sur la même terre que le Christ. Nous avons les mêmes racines, les mêmes ancêtres, ces Cananéens si méconnus, et les mêmes valeurs de justice, de générosité et de partage.
L’Orient fut chrétien avant qu’il ne devienne musulman. Et après qu’il fut juif et païen.
Moi, Oriental chrétien, j’ai plus en commun avec mon voisin sunnite ou chiite qu’avec un coreligionnaire du Minnesota.
J’ai plus en commun avec un Juif de Wadi Abou Jmil à Beyrouth qu’avec un fils d’immigrant irlandais installé à Brooklyn.
L’Oriental chrétien n’a pas besoin d’être protégé comme une espèce en voie de disparition par ceux-là mêmes qui ont causé son naufrage.
Il a besoin qu’on ne se mêle plus de ses affaires et de ceux de ses voisins musulmans, juifs et athées.
Il a besoin qu’on le laisse vivre en paix dans une région que les convoitises venues d’ailleurs ont mise à feu et à sang.
Il n’a pas sa place derrière le char d’un matamore exotique. Ni dans un mini-état sectaire, paranoïaque et belliqueux.
C’est avec les Orientaux musulmans, juifs et athées que l’Oriental chrétien doit trouver, à l’intérieur des états souverains qui divisent la région, la meilleure formule sociétale et politique pour vivre ensemble, le plus harmonieusement possible.
Ce vivre ensemble, si inhérent à l’Orient, particulièrement au Levant, n’est pas une idéologie comme elle l’est actuellement en Occident.
Elle n’a pas son politiquement correct et son Inquisition. Elle ne fonctionne pas par diktats et anathèmes.
C’est une façon d’être. Aussi naturelle que la brise d’automne qui caresse la joue d’un enfant. Aussi imparfaite que les créatures, trop souvent douées de déraison, que nous sommes tous.
L’Oriental chrétien a pour vocation de vivre avec ses compatriotes musulmans, juifs et athées. Non par universalisme, mais simplement par la naissance et la géographie.
Et tant mieux si cette coexistence mène à l’universalisme.
Le monde en a bien besoin en ces temps où le communautarisme et la haine de l'autre prennent le dessus sur notre humanité commune.
Claude El Khal
Né à Beyrouth en juin 1967, Claude El Khal s’installe à Paris à l’âge de 10 ans. Il fait du théâtre et, en 1986, joue dans «L’Assemblée des Femmes» d’Aristophane. En 1989, Il travaille comme assistant de production sur «La Marseillaise» de Jean-Paul Goude. En 1991, à Beyrouth, il écrit et dessine dans un mensuel pour enfants : «Chtok». La même année, il se lance dans la publicité. Sa carrière le conduit de Chypre à Dubaï, puis à Londres, en 1996, où il devient réalisateur de films publicitaires dans l’écurie Tony Kaye. En 1998, il écrit, réalise et produit son premier court-métrage, «Bloody Mary Afternoon». De retour au Liban en 2003, il écrit, produit et réalise son second court métrage, «Beau Rivage» et une comédie conceptuelle : «Left Foot Right Foot». En 2005, il publie un roman : «Flemme», puis, en 2009, écrit et réalise un troisième court-métrage : «Ecce Hommos». Actuellement, il travaille sur son premier long-métrage : «So Long City».
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