Ce n'est donc pas le ministère des pasteurs de l'Église que je conteste, mais la façon qu'il a de se muer en supériorité sociale au sein de communautés chrétiennes idéalement régies par l'égalité en Christ de tous ceux qui la composent.
La dignité suréminente que les apôtres n'ont jamais revendiquée pour eux-mêmes, il ne convient pas que leurs successeurs s'en prévalent.
Les évêques, les prêtres et les diacres ne sont pas les héritiers des lévites et des grands-prêtres, mais ceux des disciples du Christ.
Ils ne peuvent donc se constituer comme pouvoir séparé sans porter préjudice à la Bonne Nouvelle qu'il leur revient d'annoncer.
Ils se méprennent donc gravement, tous les clercs qui s'attachent à recréer pour eux-mêmes une caste sociale abolie par le Dieu qu'ils professent.
Si les charismes et les missions diffèrent, c'est sans incidence aucune sur la dignité du chrétien, aussi unique et insécable que l'Église elle-même.
Il n'y a bien qu'une dignité, c'est-à-dire qu'une conformation à l'image de Dieu, qui est la source de l'égale dignité des baptisés.
Dans ces conditions établies par le Christ lui-même, il est impossible pour un clerc d'inférer de son ministère de Dieu devrait une forme de vénération ou même de respect singulier.
… La confusion entre Église et clergé, bien ancrée dans nos représentations, est une absurdité.
Pour lutter contre elle, je conseille à mes séminaristes de n'employer le mot « Église» qu'après avoir vérifié qu'il puisse être remplacé par «communauté» ou «famille».
L'Église ne doit pas évoquer avant tout les évêques et les prêtres, mais les assemblées concrètes des chrétiens, les visages et les voix de ces femmes et de ces hommes, de·tout âge et de toute sensibilité, qui non seulement se rassemblent pour célébrer l'Eucharistie, le Repas du Seigneur, mais qui se connaissent, tiennent les uns aux autres, accomplissent des œuvres communes et se considèrent comme une famille.
Chacune de ces communautés est reliée aux autres par la communion avec l'évêque, qui n'est pas au-dessus de toutes, mais préside à ce qu'on appelait autrefois l'Eglise-mère, c'est-à-dire la communauté la plus ancienne et la plus nombreuse de la cité ou de la région.
Les communautés eucharistiques, aussi petites soient-elles, portent le nom d'Église d'une manière plus appropriée que les diocèses, les métropoles ou les patriarcats.
Ces derniers sont aussi l'Église, mais dans un sens figuré et dans la mesure où leur noyau est la vraie communauté des disciples de Jésus Christ qui se rassemblent en un lieu donné.
À cette échelle, là où l'Église apparaît pour ce qu'elle est vraiment - « des frères réunis dans une chambre haute», comme disent les Actes des Apôtres - la catholicité (ou conciliarité, sobornost) n'est pas difficile à mettre en place.
C'est à ce niveau-là des paroisses, des monastères ou encore des séminaires- qu'elle est la plus impérative et la plus utile, et il importe de rendre aux fidèles la conscience d'être les principaux protagonistes de l'évangélisation, de l'organisation de la vie et de la mission de l'Église qu'ils constituent et d'avoir reçu, chacun un don de l'Esprit en vue du bien de tous et pour l'édification du Corps du Christ.
À charge pour les évêques et les prêtres d'exercer le ministère de la parole, et les diacres, celui des tables liturgiques ou autres.
Tous, ensemble, doivent avoir à cœur de veiller à l'unité de l'Église.
Alexandre Siniakov
Comme l'éclair part de l'orient
Hiéromoine Alexandre Siniakov, recteur
Fonction et enseignement: Recteur du Séminaire (depuis le 15 avril 2008). Enseigne la théologie dogmatique (premier cycle), l'initiation à la théologie comparée (propédeutique) et le grec. Gr...
http://www.seminaria.fr/Hieromoine-Alexandre-Siniakov-recteur_a37.html
Si vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog (et regardez votre dossier spam ou indésirable pour valider ensuite votre inscription envoyée par Feedburner) :