Swamiji, un voyage intérieur
Un film de Patrice Chagnard
Sous la forme de récit autobiographique, combinant les textes d'Henri Le Saux, souvent d'une grande beauté, et le souvenir de ses proches, l'itinéraire de ce moine bénédictin converti à l'hindouisme. Parti en Inde en 1948 pour y fonder un ashram, lieu de dialogue et de confrontation de la mystique chrétienne et des différentes traditions spirituelles de l'Inde, il choisit de se retirer dans la solitude, aux sources du Gange, dans l'Himalaya, et de mener là, jusqu'à sa mort, en 1973, l'existence d'un moine errant hindou, d'un sadou.
Une figure spirituelle
La trajectoire spirituelle d’Henri Le Saux (1910-1973) est exceptionnelle. Comme un signe précurseur, elle incarne une évolution majeure de l’Église catholique, trente ans avant que celle-ci en prenne conscience au concile Vatican II.
En Inde pendant 25 ans (1948-1973), le moine formé à l’abbaye bénédictine de Kergonan, en Bretagne, a vécu le dialogue interreligieux et l’inculturation avec une intensité stupéfiante. Henri naît dans une famille où l’on croit possible l’aventure : on y compte des marins pêcheurs et un missionnaire.
Très jeune, il désire être prêtre. À 17 ans, il écrit : «Ce qui m’a attiré [au monastère], c’est l’appel de trouver Dieu, plus près que nulle part ailleurs.»Moine, puis prêtre, il est passionné de liturgie mais aussi de prière personnelle. Il est bibliothécaire, cérémoniaire, il enseigne l’histoire de l’Église.
Dès 1934, à 24 ans, il est attiré par l’Inde et veut y implanter la vie monastique. Il s’y rend seulement en 1948, suite à un échange de lettres avec un pionnier qui l’a précédé, le père Jules Monchanin, prêtre du diocèse de Lyon. Enthousiastes, les deux hommes s’établissent au sud de l’Inde. Ils adoptent le régime végétarien et l’habit couleur safran des ascètes hindous, lisent les textes et fréquentent des spirituels. Peu à peu, Le Saux vit un retournement : «J’étais venu pour te faire connaître à eux, mais c’est eux qui m’ont appris à Te connaître.» Monchanin constate : «Je suis resté trop grec. Le Saux est allé plus loin dans le mystère de l’Inde.»
Le Saux ne se fait plus appeler que par son nom sanscrit Abhishiktananda (Celui qui met sa joie dans l’Oint du Seigneur). Il accueille le concile Vatican II avec enthousiasme. Mais il est écartelé : comment concilier la non-dualité, centrale dans l’hindouisme, avec la Trinité, la Création, l’Alliance, l’Incarnation ? Ses écrits gardent la trace de contradictions profondes. Pourtant, il célèbre la messe jusqu’à la fin de sa vie et trouve un équilibre qui ne renie pas ses racines bénédictines.
Christophe Chaland.
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