Le moine Cassien, qui vécut au 4e siècle, fut un des plus grands spécialistes de la restriction alimentaire dans la tradition spirituelle chrétienne.
Cassien était un maître spirituel spécialiste du jeûne et des privations de nourriture. Il vécut en Provence au 4e siècle.
Fondateur de l’abbaye Saint-Victor de Marseille, c’est lui qui enseignait aux moines comment se priver de nourriture. C’est ce qu’on appellerait aujourd’hui la « restriction alimentaire ».
Il faut réaliser que les moines de l’époque vivaient dans une austérité inimaginable aujourd’hui. Cassien s’était formé auprès des « cénobites » des déserts de Palestine et d’Egypte.
Les cénobites étaient des moines qui se nourrissaient d’insectes, de miel sauvage quand ils en trouvaient. Ils buvaient à peine, malgré la chaleur, et s’infligeaient des privations extrêmes, qu’ils jugeaient nécessaires à leur perfectionnement spirituel.
En lisant sur Internet un article au sujet de la « diète très chrétienne » de Cassien [1], je me suis aperçu que ses conseils sont plus que jamais d’actualité pour résister à la malbouffe. C'est aussi une méthode qui me parait réaliste pour organiser une transition crédible vers un mode de vie sain.
Conseil n°1 : le régime doit varier selon la santé
Cassien commence par expliquer que chacun doit tenir compte de sa santé :
« L’énergie de la volonté ne suffit pas, il faut aussi que la santé le permette. Voici la tradition à sujet : le moment du repas, la quantité et la qualité des aliments doivent varier selon la santé, l’âge ou le sexe. »
Ce premier conseil tient de l’évidence.
Les régimes modernes qui conseillent un certain nombre de calories, ou certains aliments uniquement, mais sans tenir compte de votre sexe, votre âge et votre état de santé, ne sont pas sérieux.
Conseil n°2 : tout le monde ne peut pas jeûner, même une seule journée
Cassien précise que les régimes très restrictifs ne sont pas réalistes pour tout le monde :
« Tous ne peuvent pas jeûner une semaine entière, ni même deux ou trois jours. Beaucoup, à cause de leurs infirmités ou de leur vieillesse, ne sauraient sans souffrir attendre, pour manger, le coucher du soleil ; tous ne peuvent se contenter de quelques légumes à l’eau, de quelques plantes sans assaisonnement ou de pain sec. »
Fuyez, donc, les recommandations qui vous paraissent irréalistes et intenables dans votre cas particulier.
Conseil n°3 : Cesser de manger avant d’être pleinement rassasié
Cassien prône la modération. Il faut cesser de manger avant d’être pleinement rassasié.
Il met particulièrement en garde contre l’excès de pain, qu’il considère plus dangereux que l’alcool.
Ce précepte, qui va à l’encontre des recommandations actuelles des Autorités de Santé, sont conformes aux conclusions les plus récentes de la recherche en nutrition.
Le pain est une « bombe à sucre ». Il est très riche en glucides rapidement assimilés, apporte beaucoup de calories vides, tandis que le vin, riche en polyphénols antioxydants, est protecteur pour les artères :
« Quels que soient les aliments qu’on prenne, leur abondance est toujours un principe d’impureté (...). Il n’y a pas que l’excès du vin qui enivre ; tout autre abus dans les repas trouble la vue de l’âme et lui fait perdre le bonheur de la contemplation. Ce n’est pas le vin, mais le pain qui fut la cause des crimes et de la ruine de Sodome. (…) La règle est de prendre ce qui suffit pour vivre, et non pas tout ce que demande notre appétit. »
Il faut savoir que Sodome est une ville de Mésopotamie qui, selon la Bible, fut détruite par la colère divine à cause de ses péchés. Or, la Mésopotamie est le berceau de l’agriculture : c’est là que les premières cultures de céréales à grande échelle apparurent. C’est donc là que les hommes, pour la première fois, se mirent à manger du pain en grande quantité.
Il est très intéressant, pour ne pas dire stupéfiant, que Cassien, tout comme nos modernes spécialistes du régime paléo qui mettent en garde contre le danger des céréales et du gluten, écrive que c’est le pain qui fut la cause profonde de la décadence. Dans la vision traditionnelle, décadence physique et décadences morales vont de pair, ce qui explique cette étonnante remarque.
Conseil n°4 : Erreur à éviter à la fin d’un jeûne
Il est bon de jeûner, mais il y a une grave erreur à éviter : se goinfrer à la fin.
En effet, cela déclenche un cycle où l’on va manger plus que de raison (ce qu’il appelle le « vice de gourmandise »).
Si l’on n’est pas capable de résister à cette tentation, mieux vaut manger un petit peu régulièrement que de jeûner trop longtemps :
« Ceux qui mangent trop après des jeûnes rigoureux, se laissent aller plus facilement au vice de gourmandise. Il vaudrait mieux prendre, tous les jours, un repas raisonnable que de jeûner longuement et avec excès. Une abstinence exagérée, non seulement affaiblit notre esprit, mais nous rend incapables de prier par l’épuisement de notre corps. »
Conseil n°5 : rien entre les repas !
Selon Cassien, vous ne gagnerez votre combat intérieur contre les excès alimentaires que si vous résistez à votre frigidaire, à votre placard aux biscuits. En particulier, surtout ne jamais se lever la nuit pour manger !
« Le religieux qui désire livrer ces combats intérieurs doit d’abord s’imposer pour règle de ne pas se laisser aller au plaisir de boire et de manger, et de ne jamais rien prendre hors le réfectoire, avant ou après l’heure des repas de la communauté. Qu’il garde la même règle pour le temps destiné au sommeil. »
Conseil n°6 : Eviter de manger trop tôt, trop, et la « gourmet attitude »
Cassien recommande de fixer une heure stricte pour les repas, et de s’interdire de manger avant qu’elle n’ait sonné. De même à table éviter de manger trop et de mettre de la nourriture trop délicieuse, à laquelle il sera plus difficile de résister :
« Il y a trois sortes de gourmandises (à éviter). La première nous fait devancer l’heure du repas fixée par la règle ; la seconde nous fait manger avec excès toute sorte de nourriture ; la troisième nous fait rechercher des mets plus délicats et plus nourrissants. »
Conseil n°7 : Il ne faut pas exagérer
Il fait remarquer avec humour que ceux qui se privent le plus ne sont pas forcément à montrer en exemple :
« Nous avons remarqué, au contraire, que ceux qui dépassent la règle et se privent de pain pour ne manger que des fruits et des légumes, n’étaient pas les religieux les plus recommandables, et n’avaient pas reçu le don de science et de discrétion. »
JM Dupuis
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