«Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. ... Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie et la vie était la lumière des hommes...» (Jn1,1-5)
C'est par la puissance constituante de sa Parole, le Verbe Jésus-Christ, que Dieu a tout créé du néant, dans un acte d'amour éternel.
Nous sommes donc chacun une œuvre du Verbe Créateur, c'est-à-dire le fruit miraculeux d'une profération trois fois sainte, vivifiée par l'Esprit Saint.
«... Dieu créa le ciel et la terre. ... Dieu dit: "Que la lumière soit" et la lumière fut.» (Gn 1,1-3)
Ce n'est pas tout: nous ne continuons d'exister qu'en vertu de l'amoureux intérêt de Dieu à notre égard. S'il se détournait un instant de nous, nous disparaîtrions.
La Source de notre vie ne réside ni dans la nature, ni dans nos facultés personnelles: le Créateur seul nous permet d'être.
«Comment aurait-il subsisté, si tu ne l'avais pas voulu? Comment serait-il resté vivant, si tu ne l'avais pas appelé?» (Sa 11,25)
Ces immenses mystères, qui nous seront révélés dans les cieux, n'échappent pas à Satan,dont la fureur n'a cessé de croître depuis que le Créateur a ordonné la suprématie de la nature humaine sur la nature angélique, dans les Personnes de Jésus et de Marie, Roi et Reine des univers visibles et invisibles.
«Jamais je ne me prosternerai devant un être de chair, fût-Il Dieu, et encore moins devant sa Mère, moi qui suis le plus grand des anges!», hurla Lucifer à la Face du Très-Haut, avant d'être précipité dans les Enfers.
Sa haine de l 'humanité date de ce jour terrible où, révolté contre les voies de Dieu, il se sépara définitivement de la Grâce pour devenir Satan, "d'éternel désespéré".
Qu'on ne s'étonne pas qu'il ait tout mis en œuvre pour pervertir les hommes et les conduire à la ruine, eux qui sont si chers au Seigneur.
Quant à sa rage infernale contre le Verbe Incarné, c'est bien aux jours de la Passion qu'elle a atteint son paroxysme.
Trahir, accuser, arrêter, condamner, ridiculiser, torturer et, pour finir, tuer Dieu! Voilà son plan sans précédent dans l'histoire de la Création.
Mais il fallait, dans cette affaire - la plus inimaginable qui se puisse concevoir - la complicité de quelques-uns parmi ces «créatures de prédilection», Judas, les docteurs et les prêtres de Yahvé, la foule assoiffée de sang, les soldats...
Ce serait alors bien les hommes qui auraient assassiné le Christ, ceux-là mêmes dont Dieu attendait un retour d'amour!
En inspirant cette abomination superlative, Satan signait sa défaite, puisque la Rédemption allait s'opérer par le Sacrifice des sacrifices, à l'échelle divine, capable de racheter l'ensemble des créatures : le Crucifié vaincrait à jamais son infernal pouvoir
"Maintenant a lieu le jugement de ce monde! Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi." (Jn 12,31·32) Crucifier le Verbe! Crucifier la Parole incarnée!
En clouant Jésus-Parole de Vie à l'infâme gibet de la Croix, c'est la Source même de tout ce qui est que, dans son total aveuglement, l'homme immolait pour tenter de la supprimer.
Inconscients de la portée de leurs actes, les ennemis du Christ attentaient ainsi au Principe, Créateur et Dispensateur de tout bien, celui de qui ils tenaient l'être et par qui ils subsistaient, mais également à l'Unique Cause, éternelle et infaillible, de l'espérance humaine, l'Origine du sens de toute chose!
Et si Jésus eût vraiment été anéanti, au même instant, la Création eût cessé d'être...
A chaque étape de la Passion, à chaque nouvelle cruauté, dont la perversité n'avait pu être suggérée que par le diable, un coup était
porté à l'un des attributs de l'Essence divine et, par répercussion, à ses persécuteurs, qui réduisaient à néant les grâces que Dieu infuse avec largesse dans les âmes de bonne volonté.
Jésus: «le suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi.» (Jn 14,6)
Le Christ est la Voie, nul ne va au Père que par lui?
Eh bien, arrêtons-le et enchaînons-le, puis traînons le sur le chemin que nous avons choisi pour lui, celui de sa condamnation!
Nous sommes les maîtres de son destin comme du nôtre.
Le Christ est la Vérité libératrice ? Attachons-le à un poteau, flagellons-le jusqu'à ce qu'il soit en lambeaux, car nous ne voulons pas de cette vérité-là.
Le Christ est la Vie, l'Alpha et l'Oméga de tout être? Mettons-le à mort et nous verrons bien qui demeure, de lui ou de nous!
Jésus se dit Fils du Père des cieux?
Libérons à sa place Jésus-Barabbas, vrai fils d'un père bien réel de notre communauté - bar-abbas signifie «fils du père» et ce brigand s'appelait aussi Jésus!
C'est le «Jésus de ce monde» que nous préférons à Celui qui se prétend Fils de Dieu!
Jésus: «Vous, vous êtes d'en bas! moi, je suis d'en haut. Vous, vous êtes de ce monde! moi, je ne suis pas de ce monde.» (Jn 8,23)
Telles sont aujourd'hui encore les intentions des négateurs du Christ, ces «incrédules, dont le dieu de ce monde a aveuglé l'entendement, afin qu'ils ne voient pas briller l'Evangile de la gloire du Christ, qui est l'image de Dieu». (2 Co 4,4)
Lequel, parmi ses accusateurs, était-il conscient d'accomplir mot pour mot les prophéties d'Isaïe et de participer au Sacrifice suprême, celui de l'Agneau de Dieu livré pour notre salut?
Et lequel, parmi ceux qui se croyaient si forts, se doutait qu'il n'aurait aucun pouvoir sur le Fils de Dieu, si cela ne lui avait été donné d'en haut ?
«. . . s'il offre sa vie en sacrifice expiatoire..., par lui la volonté de Yahvé s'accomplira.» Os 53,10)
«Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette...» (Is 53,7)
Mais ce n'était pas encore assez. La vengeance de Satan ne serait pas complète tant que la Parole Incarnée n'aurait été blasphémée selon chacune de ses dénominations.
«L'ayant dévêtu, ils lui mirent une chlamyde écarlate, puis, ayant tressé une couronne avec des épines, ils la placèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite. Et, s'agenouillant devant lui,
ils se moquèrent de lui en disant: "Salut, roi des Juifs!" et, crachant sur lui, ils prenaient le roseau et en frappaient sa tête.» (Mt 27,28·30)
Aussi fallait-il que la Justice éternelle soit livrée par un traître et condamnée par de faux témoignages! Que, tel un fantoche, le Roi des rois paraisse vêtu d'un travestissement et reçoive la plus vile et cruelle des couronnes!
Que la Puissance de Dieu faite Homme soit affublée d'un sceptre grotesque!
Que la Sagesse soit tournée en dérision par les goguenardises des brutes, et la Sainte Face de l'Oint de Dieu, couverte de l'immonde onction des crachats.
«Jésus sortit donc dehors, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre! Et Pilate leur dit: "Voici l'homme!"» (Jn 19,5)
L'Homme parfait, venu nous rendre notre dignité d 'héritiers du Père, serait exhibé quand la flagellation aurait achevé de le défigurer, au point qu'on était «saisi d'épouvante à sa vue, car il n'avait plus figure humaine et son apparence n'était plus celle d'un homme» (ls 52,14)!
Prince de la Paix, il serait la proie de la foule en furie. Qui le croirait encore «Assise du monde», en le voyant tomber lamentablement sous le poids de la Croix?
Il se prétendait «le rameau sorti de la souche de Jessé» (Is 11,1): le bois deviendrait l'instrument de son supplice!
Et ses mains, qu'on disait miraculeuses, on les y clouerait à coups de marteau.
Les soldats et les passants :
«... sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la Croix!» (M t 27,40)
De chaque étape du Martyre divin, aucun de ceux qui se gaussaient de Jésus ne soupçonnait l'extraordinaire portée : le Crucifié allait «réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable» (He 2,14)
«Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison.
Tous, comme des moutons, nous étions errants, chacun suivant son propre chemin, et Yahvé a fait retomber sur lui nos fautes à tous.» (Is 53,5-6)
Ainsi le «Berger des nations», qui avait arpenté nos routes pour sauver les brebis perdues, fut fixé à la Croix, les bras grands ouverts, dans une immuable étreinte du monde.
Lui, qui est la Source d'Eau vive, reçut pour toute boisson du fiel et du vinaigre.
Et, parce qu'il est l'Amour, son Cœur infiniment sacré devait lui aussi être supplicié. C'est alors que Satan, terrifié, vit sortir de la Plaie au Côté les Sacrements de l'Eglise naissante, dont la divine puissance écraserait sa tête ignoble: l'Eau du baptême et le Précieux Sang, qui donne la vie éternelle.
Alors, tout fut accompli, selon les Ecritures.
«Quand il fut la sixième heure, l'obscurité se fit sur la terre entière jusqu'à la neuvième heure.» (Mc 15,33)
Les hommes venaient de tuer le Verbe de Dieu, la Lumière du monde!
«Il a effacé ... la cédule de notre dette, qui nous était contraire! Il l'a supprimée en la clouant à la croix. Il a dépouillé les Principautés et les Puissances et les a données en spectacle à la face du monde, en les traînant dans son cortège triomphal.» (Col
2,14-15)
Marie Vérenne
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