Et l'on pense à la parabole de la brebis perdue; n'est-il pas dit qu'au nom de celle-là, le maître « abandonne les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour s'en aller après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée» (Luc 15.4) ?, et que, lorsque enfin il la retrouve, il la porte tout joyeux sur ses épaules et se réjouit bien davantage de ces retrouvailles que des multiples justes demeurés fidèles?
Mais le nombre des justes est terriblement éloigné de ce pourcentage - celui-ci est même inversé à l'excès.
Pour un juste, combien d'iniques, de fourbes, pour un fidèle, combien de traîtres, de parjures, pour un ardent, combien d'indifférents, et pour un saint, combien de criminels ?
La disproportion est gigantesque, tragique. Et le tourment de Dieu, sa douleur ont cette démesure. De même son errance.
Pendant ce temps les justes abandonnés dans le désert tiennent ferme, malgré leur propre désarroi et leurs heures d'agonie dans la nuit du néant. [...]
Leur souci premier reste en permanence d'aider ce Dieu démuni, de consoler ce Dieu répudié, de lui trouver de nouveaux abris - les seuls qu'il consente à habiter : l'innombrable cœur humain.
Sylvie Germain
Les Échos du silence
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