Car si je vous disais ce que j’ai sur le cœur, j’affirmerais que je ne vois pas pour moi de différence spirituelle entre un, cinq ou dix millions de pauvres. (...)
Si je suis chrétien, si je tente de répondre à l’appel de l’Évangile, je ne me satisfais pas de la situation de dénuement, de précarité de millions de personnes, autour de moi, dans mon pays. Tout ce que je peux faire ici, c’est de rappeler cette exigence spirituelle devant la réalité.
Parce que le politique et l’économique n’épuisent pas notre rapport et notre responsabilité envers la réalité que nous vivons.
Ce qui est spirituel n’est pas hors sol ni dégagé de nos contradictions. Au contraire, l’Esprit est ce qui nous retient quand nous voudrions nous échapper, ce qui nous fait voir quand nous préférerions ne pas voir, qui nous fait entendre quand nous préférerions ne pas entendre.
Ce qui est spirituel, c’est de ne jamais se satisfaire d’une explication accommodante de la réalité. Ce qui est spirituel, c’est de s’inquiéter des autres jusqu’au dernier…
Difficile, certainement. Impossible, sans doute. Mais impossible aussi de ne pas se le rappeler.
Je pense que Dieu, s’il existe, est un Dieu qui nous demande de porter notre attention, notre souci, aux plus démunis, aux plus pauvres, aux plus petits d’entre nous tous, dans la justice et l’équité.
Il ne le fait pas pour nous faire la morale mais parce que notre relation avec lui ne peut s’accomplir sur terre que dans cette inquiétude-là.
Frederic Boyer
Écrivain et poète, traducteur de Saint-Augustin, de Shakespeare, mais aussi de la chanson de Roland et du Kâmasûtra, Frédéric Boyer est l’auteur d’une quarantaine de livres.
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