Saint Silouane, que nous fêtons aujourd'hui, est un don merveilleux que Dieu a fait à son Église, au cours du XXe siècle, comme tous ces autres grands Anciens de la sainte Montagne, et tous ces saints de Grèce, de Russie, de Serbie et de Roumanie qui ont été nos contemporains.
Notre époque, fécondée par le sang des innombrables martyrs de l'athéisme marxiste, a été fertile en saints qui nous tracent la voie et dont l'enseignement est pour nous un véritable trésor.
Parmi eux. , nous vénérons tout particulièrement saint Silouane, que le Seigneur nous a révélé par l'intermédiaire du Père Sophrony, - dont nous commémorons aussi en ce jour de juillet l'anniversaire de la naissance au Ciel.
Saint Silouane, qui a non seulement illuminé le monde orthodoxe, mais qui rayonne bien au-delà des limites visibles de l'Orthodoxie.
Saint Silouane nous enseigne quel est le but de la vie humaine. Le but de notre vie, ce pour quoi nous sommes sur terre, c'est la vie éternelle.
Et comme le Seigneur le disait dans la prière à son Père, à la veille de sa passion : « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, ton Fils Jésus-Christ » Jean 17, 3).
Oui, le but de notre vie, c'est de connaître Dieu, et, comme le disait souvent saint Silouane, de «le connaître dans le Saint-Esprit [2]».
Dans ses écrits, saint Silouane redit souvent qu'il y a une grande différence entre croire simplement que Dieu existe, et le connaître dans le Saint-Esprit. Le connaître, en ce sens-là, ce n'est pas avoir une idée, ou des idées, sur Dieu.
C'est avoir la connaissance intime, avoir l'expérience de sa présence dans notre cœur et comme la sensation de ce que Dieu, -la Sainte Trinité - , est, que Dieu est la bonté infinie, que Dieu est l'amour infini, que Dieu est la beauté infinie.
La vie éternelle, c'est de réaliser cela. C'est de se sentir en communion profonde, en communion intime avec cette beauté infinie, cette bonté infinie, cette miséricorde infinie que Dieu est.
C'est «sentir » tout cela, parce que nous sommes imprégnés de Dieu, comme le fer rouge est pénétré par le feu.
Seulement, saint Silouane ajoute aussitôt que c'est l'humilité qui ouvre notre cœur à cette connaissance.
L'humilité en est la clef : « Dieu se révèle aux humbles» ; c'est là une parole de l'Écriture. On lit en effet dans le livre de l'Ecclésiastique : « Dieu révèle ses secrets aux humbles» (Siracide 3, 19).
Et saint Silouane, reprenant en même temps cette autre parole que nous chantons dans la grande Doxologie et qui est tirée d'un psaume (Psaume 35, 10), nous dit que« la lumière dans laquelle nous voyons la lumière », c'est l'humilité. « L'humilité est la lumière dans laquelle nous pouvons voir la Lumière, Dieu[3] ».
C'est seulement quand notre cœur est dépouillé de tout orgueil, de tout attachement à notre ego, que nous pouvons véritablement avoir cette expérience intime de Dieu, expérience qui est la vie éternelle, qui est déjà un avant-goût ici-bas de la béatitude éternelle du Ciel.
C'est cette connaissance qui est vraiment déjà le Ciel dans nos âmes, dès aujourd'hui.
Mais la condition pour y accéder, c'est l'humilité.
Dans la mesure où il subsiste dans nos âmes, sous une forme ou sous une autre, de l'orgueil, de la volonté propre, nous fermons notre cœur à cette action du Saint-Esprit.
Nous pouvons bien avoir des idées sur Dieu, nous pouvons avoir de grandes connaissances théologiques, si nous ne sommes pas humbles, profondément humbles, nous ne pouvons pas réaliser ce qu'est Dieu, nous ne pouvons pas avoir une connaissance véritable, profonde, de Dieu, parce que à ce moment-là le Saint-Esprit ne peut pas illuminer notre cœur.
Mais cette humilité elle-même est un don de Dieu, un don de Dieu qu'il faut lui demander.
Il faut supplier Dieu de nous rendre humbles, il faut qu'il nous aide à comprendre combien nous sommes orgueilleux, combien l'orgueil, l'amour égoïste de nous-mêmes, se manifeste dans toute notre vie, à travers nos actions, à travers nos pensées, combien nous sommes imprégnés d'orgueil, combien toute la civilisation qui nous entoure, et l'éducation elle-même qu'elle dispense, est une civilisation qui est elle-même imprégnée de cet orgueil de l'homme.
Nous devons supplier le Seigneur de nous aider à découvrir, à comprendre ce qu'est l'humilité, à acquérir l'humilité véritable.
Le chemin pour y parvenir, c'est certainement l'humble amour des autres.
Il demande que, dans notre vie, en toute occasion, nous ne cherchions pas à imposer à autrui nos idées, nos goûts, nos préférences, mais, au contraire, que nous acceptions toujours, quand il ne s'agit pas de choses essentielles, de renoncer à nos idées, d'abandonner nos préférences, de sacrifier notre intérêt pour celui des autres.
Oui, cet humble amour des hommes est à notre portée avec la grâce de Dieu. Là encore, à condition que nous le demandions, car nous ne pouvons rien faire sans cette grâce de Dieu.
Il faut sans cesse lui demander de nous aider, c'est cela qui peut nous acheminer vers l'humilité véritable, qui est la porte de la connaissance de Dieu, qui est la lumière dans laquelle, encore une fois, nous pourrons voir la Lumière.
C'est cela, je crois, qui est véritablement le cœur de l'enseignement de saint Silouane. On cite souvent cette parole que le Christ lui a adressée: « Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas».
C'est une parole qu'il faut bien comprendre. «Tiens ton esprit en enfer», c'est-à-dire réalise combien il y a en toi d'orgueil, quelle présence il y a en toi, non pas de Dieu, mais de l'enfer.
Combien il y a en toi de volonté de puissance, de tendance à tout ramener à toi, de ressentiment, de rancœur, d'aigreur à l'égard des autres, combien tout cela, qui t'habite, est déjà une présence en toi de l'enfer.
« Tiens ton esprit en enfer», sois conscient de tout ce qui, en toi, mets un mur entre toi et Dieu, -mais ne désespère pas ! Aie une confiance, une immense confiance, dans la miséricorde de Dieu.
Sache que c'est l'action de Dieu, le don de son Esprit, qui seule peut te libérer de cet enfer qui t'habite, et qu'à ce moment-là, oui, le Ciel pourra poindre en toi.
C'est pour obtenir cette grâce que tu dois sans cesse prier, avec un cœur brisé.
Dans notre vie, ce qui peut nous sembler le plus important, ce sont les efforts que nous déployons pour réussir notre vie terrestre, notre vie familiale, notre vie professionnelle.
Or tout cela n'a de sens, n'a de valeur véritable que dans la mesure où, à travers toutes ces activités, nous veillons à garder le regard fixé sur le seul but véritable, la vie éternelle ; où nous nous efforçons de faire de ces activités elles-mêmes, en les imprégnant de prière et d'humble amour du prochain, comme un chemin qui nous conduise de l'enfer de l'orgueil au paradis de l'humilité, afin que, notre âme devenant vraiment humble, nous puissions, oui, dès la vie présente, connaître Dieu par le Saint-Esprit.
C'est alors, mais alors seulement, que nous connaîtrons la vraie paix de l'âme, qui, telle un vaste océan, recouvrira toutes choses ; c'est alors que nous connaîtrons la vraie joie, que rien ne pourra nous ravir. Notre existence terrestre, telle que Dieu l'a disposée, n'a pas d'autre but que de nous permettre, en exerçant notre liberté, de faire pleinement nôtre cette vie divine que nous donne le Saint-Esprit, de telle sorte qu'à notre mort, nous entrions comme de plain-pied dans l'éternité bienheureuse.
Que saint Silouane nous obtienne cette grâce ; que, par son intercession, nous parvenions, dans la lumière de l'Esprit Saint, par la médiation du Fils bien-aimé, à connaître le Père, et à entrer ainsi dans l'intimité de la Trinité Sain te, à qui soit la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.
[1] Il s'agit d 'une portion des reliques de saint Silouane qui fut remise à notre monastère par le Père Sophrony lui-même. Ces quelques reliques avaient été données au Père Sophrony par le fossoyeur de Saint-Pantéléimon, lors de l'exhumation des restes de saint Silouane, qui furent ensuite déposés anonymement dans l'ossuaire du monastère.
[2] Cf. Archimandrite Sophrony, Starets Silouane. Moine du Mont-Athos. Vie, doctrine, écrits. Traduit du russe par le hiéromoine Syméon, Paris-Sisteron, 1973, pp. 281,324-325.
[3] Cf. Archimandrite Sophrony, Slarets Silouane. Moine du Mont-Athos. Vie, doctrine, écrits. Traduit du russe par le hiéromoine Syméon, Paris-Sisteron, 1973, p. 280.
Silouane de l'Athos - Wikipédia
Syméon Antonov (en russe : Семен Антонов), connu sous son patronyme religieux de Silouane de l'Athos ou Silouane l'Athonite, (en russe : Силуан Афонский) (né en 1866, da...
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