Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 22:55

Michael D. O’Brien, né en 1948, est considéré comme l’un des plus grands romanciers catholiques encore vivants.

Comme celles des maîtres qui l’ont inspiré (Soljenitsyne, Dostoïevski, Tolkien, Chesterton...), ses oeuvres, qui révèlent une culture impressionnante, tentent de saisir la condition humaine dans toutes ses dimensions, notamment spirituelle, en l’inscrivant dans une perspective eschatologique.

Par l’intermédiaire de l’art sacré et de la création littéraire, que ce soit d’abord la peinture d’icônes dont il fait pas à pas l’apprentissage, puis l’écriture de romans, O’Brien n’a de cesse d’ouvrir les yeux de ses contemporains.

Cela ne va pas sans de nombreux coups du sort, doutes et hésitations sur sa foi. Il a constamment le sentiment d’être tiraillé entre les exigences spirituelles de sa vocation et les nécessités matérielles impérieuses de subvenir aux besoins de sa nombreuse famille.

Au-delà de ces combats intérieurs, qui rendent le personnage attachant et dévoilent par ailleurs un irrésistible sens de l’humour, le livre brosse un tableau sans concession de l’évolution du catholicisme en Occident depuis les années 1960.

Acteur engagé dans tous les grands débats qui traversent l’Église, O’Brien apparaît comme un authentique prophète de son temps.  

Michael D. O'Brien fait partie de ces écrivains devenus rares qui, dans leurs romans, embrassent le tout de la condition humaine, en la situant dans le feu de la grande histoire, mais aussi dans la perspective des fins éternelles.

Si cet homme d'une soixantaine d'années, qui vit dans un coin reculé du Canada, une région de lacs et de forêts au sud-est de l'Ontario, n'a pas encore la large notoriété qu'il mérite, c'est sans doute parce qu'il est un écrivain catholique.

On aimerait ne pas le dire parce qu'il déborde les étiquettes, comme ses maîtres, Dostoïevski, Soljenitsyne, Tolkien, G.K. Chesterton, Léon Bloy.

Mais il ne peut ni ne veut cacher la foi qui l'anime. Cela ne lui a pas facilité la vie dans son pays ultra-sécularisé.

C'est en tout cas la raison pour laquelle il n'a jamais été publié au Canada, alors que son premier roman, Père Elijah, s'est vendu à 250.000 exemplaires aux États-Unis et qu'il est traduit en dix langues.

L'écrivain, peintre et chrétien mystique, s'insurge dans son livre Theophilos contre le totalitarisme occidental avec le souffle d'un Soljenitsyne.

Lorsqu'il était jeune, il était agnostique, voire athée, et fier de l'être. Convaincu d'être devenu un homme libre en se débarrassant de la religion, il lisait Sartre et Camus.

C'était la fin des années 1960. Sa conversion, à l'âge de 21 ans, le prit par surprise. Il retourna à l'église, recommença à prier. « Avec Dieu, je découvrais une lumière, la liberté, le vrai amour. »

Il n'avait pas fait d'études et, jusque-là, n'avait aucun talent. Subitement, il se mit à dessiner… et ne put plus s'arrêter: « Ça coulait comme une fontaine. »

Quelques mois plus tard, une galerie accueillait sa première exposition. Grand succès.

Pour comprendre ce surgissement, cet autodidacte lit Jacques Maritain et Étienne Gilson. Puis Thomas d'Aquin, Platon. O'Brien est un homme de foi et de raison. On dirait que sa foi éclaire sa raison, et vice-versa.

Pendant cinq ans, soucieux de subvenir aux besoins de sa famille naissante et conscient que ses toiles se vendraient moins bien s'il abordait des sujets religieux, il ne mêle pas sa foi à sa peinture.

C'est sa femme, alors qu'elle attendait leur premier enfant, qui l'encourage à ne pas séparer son art de sa vie: « Une personne doit être ce qu'elle est », lui dit-elle.

Aussitôt que Michael D. O'Brien commence à s'inspirer de thèmes bibliques, les portes des galeries se ferment. « Ma femme est extraordinaire.

Elle ne s'est jamais plainte, confie-t-il. Pourtant nous avons vécu avec nos six enfants dans une totale insécurité économique, au plus bas de l'échelle sociale de notre pays.

On élevait nos poules, on mangeait les légumes du jardin, on ne partait pas en vacances. » Ses enfants en ont-ils souffert? « Nous avons connu des moments très durs. Mais, aujourd'hui, ils nous remercient. »

Chez les O'Brien, il n'y avait pas la télévision, mais on regardait des films en vidéo.

Et, chaque soir, Michael passait une heure à faire la lecture à ses enfants. « J'ai lu plusieurs fois les trois tomes des Seigneur des anneaux aux uns, puis aux autres. »

Homère était un autre de leurs auteurs favoris. Son expérience de père de famille lui a inspiré plusieurs essais sur la littérature pour enfants, dont un ouvrage sur Harry Potter.

Il est très conscient du pouvoir des livres sur les esprits, notamment sur les plus jeunes: « Il faut respecter en chacun les étapes de sa croissance et ne pas donner à lire n'importe quoi à un enfant sous prétexte que c'est un bon roman. »

En le lisant et en l'écoutant parler du monde contemporain, on se demande parfois s'il n'est pas doté d'un sixième sens.

Sa liberté d'esprit et son insoumission à la pensée dominante frisent l'anarchie, un anarchisme à la façon des Évangiles, absolument non violent donc.

À propos de Tolkien, il explique: « Dans la grande guerre entre le bien et le mal, le combat ne peut être seulement politique ou social, si on ne le voit que comme cela, on le perdra. C'est une guerre spirituelle qui se déroule, dans l'invisible. La politique ne peut pas nous sauver. »

En fait, O'Brien n'avait jamais imaginé qu'il deviendrait écrivain. L'inspiration lui vint suite à une expérience mystique: en 1994, âgé de 46 ans, complètement découragé par les problèmes matériels et par l'état de désolation de la société canadienne, il tomba à genoux devant le tabernacle et se mit à pleurer.

« J'avais l'impression d'être fini. Je me plaignais à Dieu ». Aussitôt, se souvient-il, il sentit une Présence et entendit ces mots: « Dans ce lieu de désolation, je donnerai des fruits. »

O'Brien se secoua, persuadé que cette voix venait de son inconscient. Mais non, la voix insista. Toute l'histoire de Père Elijah défila alors dans son esprit pendant une heure…

Père Elijah est un thriller religieux qui se déroule au Vatican. Mais rien à voir avec Dan Brown.

C'est un roman apocalyptique au sens propre du terme, captivant, d'une subtilité spirituelle et psychologique exceptionnelle, qui jette une lumière saisissante de vérité sur le totalitarisme insidieux qui gagne l'Occident.

(...) Tous ces romans sont nourris d'une culture époustouflante venant d'un homme qui n'a fréquenté aucune université.

Lorsqu'O'Brien fut invité à donner des conférences en Pologne, il a été accueilli par ce slogan. Il sourit en racontant cette anecdote: « J'essaie juste de refléter dans mes livres l'état du monde, en posant des questions qu'il faut, me semble-t-il, se poser si nous ne voulons pas avoir de gros ennuis. Il faut rester éveillé, vigilant, exercer son discernement, sans se laisser gagner par la peur. »

O'Brien désarme les préjugés. Il n'est pas un catholique excité, revendicatif, sur la défensive ou moralisateur.

Son visage est comme évidé par les combats. Il est empreint de gravité et de douceur, d'une force intérieure paisible qui ne s'impose pas, mais invite au dialogue.

Certainement pas fanatique, peut-être prophétique, voilà en tout cas un écrivain dont les romans rendent intelligent, font appel au meilleur de soi et invitent à voir plus loin que le bout de son nez.

Source : Le Figaro.

__________________________________
 

277163 234956736553388 1210667500 qSi vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog (et regardez votre dossier spam ou indésirable pour valider ensuite votre inscription envoyée par Feedburner) :

 

Enter your email address:

Delivered by FeedBurner

 

Partager cet article
Repost0

commentaires