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24 septembre 2018 1 24 /09 /septembre /2018 22:55

Carlo Bevilacqua, photographe et réalisateur de documentaires, né à Palerme, en Sicile, en 1961. 
Son dernier ouvrage, Into The Silence, un essai photographique sur les ermites du troisième millénaire, a été présenté dans plus de 15 pays différents dans le magazine Geo ou China Lens.

Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
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Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Magnifiques photos d'ermites et d'ermitages de toute tradition
Galerie avec le descriptif des photos (en anglais)
Galerie photo sans explicatif

«Depuis mon enfance, j’ai toujours été fasciné par la figure du savant, du vieux sage. C’est ce qui m’a conduit à explorer le monde de l’érémitisme contemporain. Un voyage qui m’a fait voir le monde sous un autre angle et avec une plus grande conscience. Qui sont ces nouveaux ermites ? Pourquoi des personnes menant des existences normales, actives, choisissent-elles de se retirer du monde (si l’on peut parler de « retraite ») ? Quelles sont les motivations d’un choix aussi radical ?

Je les voyais comme des personnages du passé. J’ai découvert qu’il s’agit d’une réalité vivante, présente dans le monde entier, et même en progression. Mais au-delà des statistiques, comme le souligne le sociologue Isacco Turina dans son livre I Nuovi Eremiti (1), l’érémitisme est un choix qui demande à être interprété bien plus que mesuré.

Un premier contact aux Météores

Mon premier contact avec le monde érémitique monastique s’est produit il y a quelques années dans le Nord de la Grèce, aux Météores : des monastères édifiés au sommet de falaises de grès où vivent encore des moines. Puis j’ai rencontré à Filicudi, dans les îles éoliennes, un ancien commandant de navires de croisière qui vivait dans une grotte, décorée de manière minimaliste et très raffinée. 

La simplicité de son existence m’a frappé. Son approche de la vie était désarmante pour quelqu’un comme moi, intégré dans le système social et productif. Cependant, le vrai tournant a été ma rencontre avec Espedita Fisher, jeune auteure bourrée de talent, qui travaillait à un livre sur le sujet (2). Ensemble, nous avons vagabondé, interrogeant et photographiant ces personnages apparemment étranges.

Un exemple de durabilité spontanée

Après l’Italie, je me suis intéressé au Mont Athos, à l’Angleterre, notamment le Yorkshire et le Lincolnshire, aux grottes et aux ermitages en pleine nature en France, en Géorgie, dans l’Inde du Sud, à Darjeeling, dans les déserts de Californie. J’ai rencontré des ermites dans des cimetières, dans des maisons en lisière des bois ou des villages, dans des presbytères délabrés, dans des grottes, des chapelles abandonnées, ou encore au milieu du désert. 

La plupart d’entre eux avaient en commun la simplicité de leur vie, un extrême respect pour la nature sur laquelle, de manière peut-être parfois inconsciente, ils refusaient de peser. Cela me bouleversait. À une époque où il est de bon ton parler de « durabilité », les ermites sont un exemple de durabilité spontanée, sans les bavardages politico-radical-chic-écologistes connus.

Des motivations fortes, profondes

Durabilité également spirituelle, et pas seulement pour les ermites religieux mais aussi et peut-être surtout pour les ermites dits laïques. Une spiritualité non imposée, non recherchée, mais vivante et simple comme leur mode de vie. Simplicité de l’âme, simplicité de la recherche, dans le silence. 

L’érémitisme est une vie de solitude, de veilles, de lecture, de méditation et, pour les ermites religieux, de prière. Ce choix exige des motivations fortes, profondes. Ce n’est pas un simple repli. À l’inverse par exemple des ermites de la tradition religieuse hindouiste, dont la renonciation aux engagements de la vie active intervient comme un dernier chapitre, une sorte de préparation à la mort, l’ermite occidental ne se retire pas à un âge avancé. Il ne s’extrait pas du monde, il s’y donne une tâche comme ermite. 

Un choix de vie qui semble en opposition avec notre organisation sociale, en réalité une manière de vivre sa spiritualité et ses exigences personnelles en accord avec des valeurs comme l’autonomie, la liberté, la capacité, la possibilité de choisir son bonheur et son destin.

L’accent sur l’individu

Comme le souligne Isacco Turina, la pratique érémitique met l’accent sur l’individu et valorise des dimensions considérées comme prestigieuses dans la société laïque : la responsabilité, la liberté et l’autodétermination individuelle. Il n’y a pas un ermite identique à l’autre : il y en a qui accueillent les visiteurs et d’autres non, ceux qui utilisent le téléphone, ceux qui ont un ordinateur, ceux qui écrivent… Mais tous, avec leur fonction « dérangeante », montrent d’autres manières de vivre la spiritualité, exprimant, par leur choix, une critique implicite de la société et des rigidités des Églises et des religions.

Tant d’intérêt pour le silence ! Peut-être sommes-nous fatigués d’une société où celui qui gagne est celui qui crie le plus fort. Peut-être est-ce le début d’une époque où nous allons réapprendre à nous écouter, loin des mythes et des besoins de notre monde si souvent hurlant et frénétique ».

 (1) Éd. Medusa, 238 p., 16,80 €. 

 (2) Eremiti, Éd. Castelvecchi, 314 p., 18 €. 

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Biographie

Photographe et réalisateur de documentaires, lauréat de plusieurs prix internationaux, Carlo Bevilacqua est né à Palerme en 1961. Depuis plus de vingt-cinq ans, il alterne la photographie et la direction de documentaires et de clips vidéo.

Il a commencé à prendre des photos en Sicile dans les années 1980, en se concentrant initialement sur des études photographiques sociétales et anthropologiques. Basé à Milan (Italie), il travaille avec des magazines, des agences de communication et de publicité. Outre Into the Silence, ses principaux travaux sont Indian StillsIn Italia et The Last Wall sur le mur de Chypre. Il participe à de nombreux festivals et expositions internationales.

 Sur Internet :   www.carlobevilacqua.com et www.parallelozero.com 

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