Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 23:56

Voilà une question dont l’interprétation la plus évidente semble nous inviter à nous demander si on a le droit de donner la mort.

Et nous voilà renvoyés aux interrogations que soulèvent principalement les débats relatifs à la peine de mort ou à l’euthanasie. En effet, la question « peut-on ? » comporte généralement deux acceptions : « Est-ce possible ? », c’est-à-dire « est-ce réalisable ? », ou bien : « Est-ce quelquefois légitime ? ».

Or, en l’occurrence, la première entente de la question semble réglée d’avance : il paraît aller de soi qu’on peut donner la mort, si l’on entend par là qu’il est non seulement possible, mais malheureusement assez fréquent, de voir un être humain supprimer la vie d’un autre.

En raison de sa mortalité, tout homme peut évidemment être tué. En revanche, les hommes n’en finiront sans doute jamais de se demander si l’administration de la mort peut se révéler, dans certains cas exceptionnels, juridiquement, voire moralement, acceptable.

Laissons néanmoins de côté cette redoutable question !

Celle qui m’intéresse pa­ra­doxa­le­ment aujourd’hui est précisément celle qu’on ne se pose jamais : quand bien même il serait possible, sur le plan des faits et biologiquement, d’abréger les jours d’un être humain, ce qui se constate régulièrement, pouvons-nous en conclure qu’on lui a alors « donné » la mort ?

Cette dernière fait-elle partie des phénomènes qu’il nous est loisible de donner, comme on donne une chose qui serait en notre possession : argent, maison, cadeau, etc.

Possédons-nous la mort, est-elle à notre disposition de manière à ce qu’on puisse la donner, ou même se la donner ? Interrompre une vie, est-ce la même chose que « donner » la mort ?

Question d’autant plus étrange, me dira-t-on, que, symétriquement, on parle bien de « donner naissance » ou, plus joliment encore en français, de « donner le jour ».

Mais précisément, dans toutes ces occurrences du verbe « donner », y compris dans celle du « don » de la mort, il ne s’agit pas de transférer quelque chose qu’on « a » à quelqu’un qui le recevrait.

À strictement parler, on n’« a » ni la naissance, ni le jour, ni la mort, ni même l’amour que l’on peut pourtant, lui aussi, « donner » à quelqu’un.

Donner dans tous ces cas, c’est donner quelque chose qu’on n’a pas !

Et pour ce qui est de la naissance ou de l’amour, donner l’un ou l’autre, c’est se faire lieu d’accueil ou d’apparition de phénomènes qui nous dépassent infiniment !

Parions d’ailleurs qu’on ne peut, à proprement parler, donner le jour que si, antérieurement, l’amour s’est donné !

Concevoir, en effet, la naissance comme un « processus » qu’on pourrait planifier et produire à volonté, comme l’indique, par exemple, la fâcheuse expression de « projet parental », c’est oublier qu’elle est irréductible à une fabrication, sur laquelle nous aurions les pleins pouvoirs.

Pour ce qui est de la mort, l’apogée de la liberté humaine se confond-il avec le « droit » de provoquer la mort, par « euthanasie » ou « suicide assisté », ou bien en la mise en œuvre des efforts humains, sociaux, politiques qui permettraient aux hommes de porter leur vie jusqu’à son terme, de telle façon que la mort se donne ?

Peut-on donner la mort ?
Danielle Moyse
Chercheuse associée à l’Iris, au CNRS et à l’EHESS

Voir une explication philosophique plus approfondie (42')

Cliquer ICI

__________________________________
 

277163 234956736553388 1210667500 qSi vous souhaitez recevoir chaque jour un texte spirituel choisi par le diacre Marc abonnez-vous à son blog (et regardez votre dossier spam ou indésirable pour valider ensuite votre inscription envoyée par Feedburner) :

 

Enter your email address:

Delivered by FeedBurner

 

Partager cet article
Repost0

commentaires