Les évêques rappellent les bases de l’anthropologie catholique
Explication Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France a publié mardi 23 avril : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? Éléments d’anthropologie catholique ». Ce court texte, très pédagogique, reprend quelques-unes des notions fondamentales comme la liberté, la vérité, le corps ou la famille à la lumière de la Tradition catholique.
Préfacé par Mgr Michel Aupetit, l’archevêque de Paris, et postfacé par Mgr Jean-Pierre Batut, celui de Blois, il reprend dans son titre l’interrogation du psalmiste : Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ?
La publication de ce texte a été décidée il y a un an environ, par les dix évêques du Conseil permanent de la CEF. « Il y a un grand besoin aujourd’hui non pas d’un discours moral mais anthropologique, plaide Mgr Batut. D’une part, parce que lorsque l’on aborde directement les sujets sous l’angle de la morale, nous sommes perçus comme moralisateurs : nos interlocuteurs se braquent, et cela bloque tout échange. Et d’autre part, parce que la crise de la foi, qui se manifeste dans notre pays par une chute de la pratique comme du nombre de prêtres, est tout autant une crise anthropologique que civilisationnelle. »
Le comité de rédaction a donc décidé de repartir du discours de l’Église sur l’homme et sur la société, et d’aborder les sujets qui fâchent au fil du texte, comme autant d’illustrations : ceux qui figurent au menu des prochaines lois de bioéthique (dont le projet de révision devrait être présenté au mois de juin), mais aussi l’écologie, les inégalités, ou « la libération de la femme ».
Une autre question se pose : l’Église a-t-elle quelque chose à dire aux hommes ? On accuse souvent les religions d’être indistinctement facteur de violence. Toute légitimation de la violence au nom de la foi chrétienne est en radicale contradiction avec l’Évangile : « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, mais pour ceux que Dieu appelle (…) il est puissance de Dieu et sagesse de Dieu »[4]. Le Seigneur a assumé comme prêtre et victime la puissance du Mal et de la mort pour tout vaincre dans la lumière de sa résurrection. Notre foi en Jésus ressuscité est solide, attestée par les apôtres qui ont « vu, entendu et touché » le Verbe de Vie[5]. Elle est proclamée par le peuple immense des témoins qui ont engagé leur vie par fidélité au Christ, souvent jusqu’à la mort.
Pour qui en reste à un regard extérieur, l’Église apparaît en Occident comme une institution vieillie et secouée de scandales, qui entrave le mythe d’un progrès que l’on invoque sans trop savoir où il mène. Mais l’Église est belle pourtant dans le visage de ses saints, dans l’immense manteau de tendresse qu’elle étend sur le monde, particulièrement sur les plus délaissés des hommes. Elle est « experte en humanité »[6] car sa foi repose sur l’Alliance de Dieu avec son peuple, accomplie dans l’Incarnation du Christ et le Salut par la Croix, ouvert à la multitude des hommes « de toute race, langue, peuple et nation ».[7]
L’oubli de Dieu, l’estompement de la conscience de l’éternité dans le cœur de l’homme entraîne l’effacement de la dignité humaine. Le drame de l’humanisme athée qui a ravagé le XXe siècle a vu, dans des proportions jusqu’alors inégalées dans l’histoire, la mort de l’innocent. La tentation prométhéenne demeure. Elle ne pourra exaucer les hommes dans leur désir d’une vie éternelle. Elle sacrifie les plus fragiles sur l’autel d’une prétendue modernité. Nous proclamons, à temps et à contretemps, la dignité inaliénable de toute vie humaine en ce monde. Jésus, le Fils de Dieu fait homme, est l’amour divin déployé dans la vulnérabilité de la chair. Une société est vraiment humaine quand elle se fait gardienne du plus petit des êtres.
« Il faut imaginer Sisyphe heureux »[8]. La parole de Camus sur l’homme condamné à rouler éternellement son rocher est celle de l’acceptation de l’absurde. Avec saint Ignace d’Antioche, nous voulons dire une autre parole : « Il y a en moi une eau vive et qui murmure : viens vers le Père »[9]. Laissez-moi simplement vous poser la question : quelle est votre espérance ? Puisse cet ouvrage vous donner de devenir davantage ce que vous êtes en vous ouvrant à « Celui qui est », le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, dont la gloire resplendit sur la Face du Christ.
[1] A de SAINT-EXUPERY, Que faut-il dire aux hommes, Lettre inédite au général X, Imprimerie générale du sud-ouest, Bergerac, 1949.
[2] Ps 39.
[3] Ps 8.
[4] I Co 23-24.
[5] Cf. I Jn 1, 1.
[6] Bx PAUL VI, Lettre encyclique Populorum progressio, 1967, I, 13.
[7] Ap 5, 9.
[8] Albert CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, NRF, Gallimard, 1965, p. 198.
[9] S. IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre aux Romains, 7.
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Afin de vous immerger dans le document des évêques du Conseil permanent, nous vous invitons à découvrir la préface de Monseigneur Michel Aupetit, archevêque de Paris, l'introduction rédigée...
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