Un jour le Père Marin, prêtre bien connu de Nancy, nous rendit visite et nous raconta l'histoire du Père Henri Berthélémy qui avait vécu dans notre maison.
Quand nous avons fait l'acquisition de cette maison nous avions l'impression qu'elle nous attendait. Jeunes convertis dans la foi orthodoxe nous avons accroché de nombreuses icônes dans chacune des pièces et mon épouse Sophie en a peint plusieurs avant de se consacrer à la calligraphie et à l'enluminure. Nous avons converti le salon en oratoire pour nous-mêmes et pour les amis qui viennent prier en silence avec nous.
Nous ne savions pas que nous venions de renouer avec l'histoire du Père Berthélemy et que le lieu que nous avions investi était chargé de la prière de ce saint curé et de l'esprit de l'iconographie. Le texte ci-dessous écrit par le Père Marin raconte cette histoire.
Marc-Elie
Le Père Henri Berthélémy
Il est né en 1926 et décédé le 21 octobre 1971, à l’âge de 45 ans après une vingtaine d’années de sacerdoce. De santé délicate, il a exercé plusieurs ministères au collège de la Malgrange et en paroisses.
Surtout, il est devenu aumônier du Carmel de Buthegnémont à Nancy. Il y exerça une belle influence. En particulier, il accompagna Mère Elisabeth qui se préparait à fonder en 1974 le Carmel catholique de rite oriental à Saint-Rémy les Montbard, dans la Côte d’Or.
Ensembles, ils s’adonnèrent à l’écriture des saintes icônes et à la spiritualité orthodoxe dans le cadre du Carmel de Nancy. Il a aidé cette fondatrice.
Ce Carmel a toujours été ouvert. C’est ainsi qu’une cousine germaine de ma mère, Marie-Madeleine Marchal-Genay, née en 1906, entrée au Carmel de Nancy en 1925, a passé 30 ans à Madagascar avec deux autres carmélites pour y fonder le Carmel de Tananarive (de 1946 à 1976).
Le Père Henri Berthélémy faisait aussi partie de l’Institut séculier des Prêtres du Cœur de Jésus fondé pendant la Révolution française pour maintenir l’esprit religieux dans le monde.
C’est là que je l’ai rencontré lors de nos réunions mensuelles de groupe à la « Foucotte », maison rattachée à l’école Saint Sigisbert. C’est lui qui alimentait et tenait notre bibliothèque, car il était un grand lecteur de théologie et de spiritualité.
J’ai encore – relié par lui – La vie de Moïse de Grégoire de Nysse traduit par le Père Danielou (le premier livre de la collection Sources chrétiennes paru en 1954).
Henri Berthélémy était fidèle à nos réunions fraternelles et aux retraites annuelles de 8 jours. Il y apportait sa note discrète et sa ferveur. Malgré sa santé déficiente, son visage reflétait la douceur, la bonté, une intelligence joyeuse et parfois malicieuse.
L’un de ses charismes particuliers fut aussi celui de pèlerin itinérant comme le Pèlerin russe ou Saint Benoit Labre.
Enveloppé d’une pèlerine, le béret enfoncé, la musette en bandoulière, il sillonnait les routes de la Lorraine et de la Bourgogne en faisant de l’auto stop, encore à la mode depuis la libération par les Américains. Modestement, il racontait certaines merveilleuses rencontres, au point que les automobilistes le conduisaient jusqu’à sa destination pour rester avec lui et lui rendre un service reconnaissant.
Il savait remercier ses chauffeurs bénévoles qui le remerciaient souvent davantage. Sa pauvreté, sa douceur et sa foi contagieuse ouvraient les cœurs.
Cette vie donnée, épuisante, a eu vite raison de sa petite santé. Je ne me souviens plus de ses obsèques, car en octobre 1971 j’étais encore hors du diocèse, professeur au Grand Séminaire de Saint Dié. Le souvenir d’Henri Berthélémy mérite d’être gardé car il fut un précurseur dans le rapprochement entre chrétiens d’Orient et d’Occident. Il demeure pour nous un modèle et un intercesseur.
Jacques Marin, 4 juin 2010.
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