En guise d'introduction
Quand j'exerçais mon métier de psychologue, j'avais lu un livre dont le titre m'est revenu en mémoire alors que je cherchais une introduction à ces textes: "Un interprète en quête de sens", de Piera Aulagnier. Peu importe le contenu, que j'avais par ailleurs aimé, mais c'est le mot interprète qui a fait sens pour moi, qui a pris corps.
Car quand je traduis à ma manière, en parlant à la première personne, des textes de la Bible, que ce soit l'ancien ou le nouveau testament, je me sens comme un interprète. Peut-être que le fait de "travailler" le texte proposé, verset par verset, c'est un peu comme faire ses gammes.
Alors je me trouve avec une partition que je travaille, sans consignes précises données, et à un moment je peux interpréter, mettre en musique pour que les lecteurs découvrent du neuf, aiment cette musique et la fassent leur... C'est cela le rôle de l'interprète.
On pourrait certes dire qu'il doit s'effacer devant l'œuvre, mais chaque interprète a sa manière de retranscrire ou de traduire l'œuvre; et même s'il s'efface devant le compositeur, il apporte quelque chose de nouveau...
Je dois dire que lorsque les petits textes que je propose s'imposent à moi, je me sens un peu comme un interprète qui a certes la partition, mais finalement sans les indications précises de l'auteur (ou des auteurs), ce qui me donne une grande liberté.
Alors peut-être que ces textes que je connais bien, même si à chaque lecture studieuse, je découvre des mots auxquels je n'avais prêté attention, des verbes qui sont conjugués à des temps différents, des mots qui en évoquent d'autre, des harmoniques parfois entre ces textes et ceux de l'ancien testament ou ceux d'autres auteurs, ces textes à ma manière je leur ai fait violence pour qu'ils parlent ou chantent autrement, car peut-être qu'au final il est question d'un chant, d'un chant léger et ténu, mais bien présent pour que les mots permettent de s'envoler, de prendre un peu de distance, et qu'ils chantent tout seuls.
C'est peut-être cela mon charisme, être interprète. Interprète parce que parfois quand on lit la Bible, c'est comme une langue étrangère qu'il faut traduire, même si c'est déjà dans ma langue maternelle (le français), mais aussi comme une partition dans laquelle je peux laisser libre cours à ma manière de jouer pour que ceux qui écoutent (qui lisent) soient pris par ces histoires et qu'ils en tirent du plaisir.
Il y a longtemps que je me livre à cela, mais durant ce temps de l'avent et le temps qui sépare la nativité du temps dit ordinaire, en reprenant ces évangiles qui racontent Joseph, Marie, Elisabeth, Zacharie, les textes à la première personne sont venus d'eux -même et ce sont ces textes qui suivent les histoires racontées par Matthieu et par Luc que je propose.
Certaines de ces histoires sont précédées d'une réflexion plus historique par exemple sur le mariage du temps de Jésus, ou sur des réflexions plus personnelles, car le massacre des innocents pour moi c'est le massacre de ces enfants "innocents" par ces adultes qui leur volent leur innocence et qui les condamnent à vivre alors que quelque chose a été mis à mort en eux. Et que là, je ne peux pas me taire, car le Dieu en qui je crois est un Dieu de la vie, qui un jour permettra à ces parties mortes de reprendre vie.
Et si je ne suis pas en quête de sens, mon désir est bien d'insuffler non pas un autre sens, mais une manière peut-être plus féminine de lire les textes qui parlent de la naissance de celui qui va permettre aux hommes de dire un Je différent, un je où l'Autre et l'autre sont présents, un Je de relation.
Si le début du temps de l'Avent est centré sur la lecture du livre d'Isaïe et donc sur les textes du nouveau testament qui peuvent y correspondre, la seconde moitié de ce temps est centrée sur les évangiles de l'enfance, que ce soit Matthieu ou Luc, puis le temps après Noël qui reprend la chronologie pour arriver finalement à l'Epiphanie, fait donc largement appel aux "histoires" qui entourent cette incarnation.
En lisant et en travaillant ces textes, c'est à dire en ne privilégiant autant que faire se peut, aucune phrase, aucune idée, (ce qui ne veut pas dire que certains mots ont eu de l'importance dans ma réflexion), je me suis sentie (ou j'ai eu envie) l'envie de raconter différemment ces textes, de laisser parler les personnages, que ce soit Marie, Elisabeth Zacharie, mais pourquoi pas l'Ange Gabriel ou même Jésus.
Les textes qui suivent sont donc des petits récits, récits qui se sont imposés, qui sont venus, sans que j'ai eu trop à réfléchir, mais qui sont remplis d'harmoniques venant de toute la Bible. Ils sont liés aux évangiles proposés par la liturgie tant des dimanches que des messes de semaine.
Comme je l'ai dit, ces récits que je pourrais intituler "ils racontent", que ce soit Pierre, Jésus, la femme syrophénicienne, le garde qui a été requis pour exécuter Jean dans prison, sont des récits qui s'imposent à moi, après avoir "travaillé" le texte versets par versets. Il y a des répétitions de mots, il y a des verbes, il y a des mots qui me paraissent importants, il y a ces citations de l'ancien testament que j'essaye toujours de replacer dans leur contexte.
Il est certain que ma sensibilité de femme, joue beaucoup. Par exemple quand on lit dans Jean la mort de Jésus et qu'on parle des gardes qui viennent briser les jambes des deux qui sont crucifiés en même temps que Jésus, je me demande vraiment pourquoi leur infliger cela: pourquoi ajouter la douleur de ces fractures à la mort par asphyxie qui va suivre? Et quelque part en moi, même si ces hommes "méritaient" comme on dit cette mort, pourquoi ne pas les tuer avec un simple coup de lance? Et quelque part, mon cœur se tord un peu en moi.
Alors oui, j'injecte ma sensibilité. Mais peut-être qu'elle permet de rendre
Depuis qu'il a guéri cet enfant possédé, et qu'il parle ouvertement de ce qui va arriver, même si moi j'espère qu'il se trompe, qu'il ne sera pas condamné à mort mais que le peuple qu'il aime tant le défendra, je dois dire que je ne comprends pas grand chose. Qu'il soit emporté au ciel sur un char de feu, ça ça me plairait bien, mais ce n'est pas son genre. Mais s'il n'y avait que ça.. Il nous en dit des choses! Il y a le prophète Ézéchiel qui a rapporté cette vision des ossements desséchés qui reprennent vie grâce au souffle de l'Esprit. Peut-être qu'il veut parler de cela: qu'un jour le souffle de Dieu le fera redevenir vivant pour l'éternité, lui qui parle de la vie éternelle; peut-être, mais que c'est difficile!
Et d'abord, comment peut-on ressusciter des morts? Si c'est redevenir vivant pour mourir ensuite, comme le soldat dont le corps a touché les os du prophète Elisée, mais qui est mort comme tout le monde ensuite, je ne vois pas. Alors c'est sûrement autre chose, mais...
Et là, je reviens à tout ce que je ne comprends pas. Il parle d'amputations, si on ne veut pas brûler éternellement dans la géhenne de feu, là où iront lors du jugement dernier ceux qui se détournent du Très Haut. Se couper une main, un pied ou s'éborgner, ça veut dire quoi? À quoi ça sert de se mutiler et en plus c'est interdit par la Tora...
Je suis une psychologue clinicienne, ayant travaillé essentiellement en milieu hospitalier. J'ai travaillé avec de très nombreux enfants et adolescents porteurs de pathologie lourdes.
Depuis la cessation de mon activité, outre la psychologie et la relation d'aide, je m'intéresse au christianisme comme une recherche permettant à l'homme de devenir plus "humain et créateur."
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