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18 juillet 2019 4 18 /07 /juillet /2019 22:55
24 heures au sanctuaire de Cotignac

Dans l’arrière-pays de Toulon, un discret sanctuaire consacré à la Sainte Famille et ayant marqué l’histoire de France fête cette année ses 500 ans.
Cotignac (Var) De notre envoyée spéciale

7 h 30. Soleil sur le mont Verdaille

Six religieux en habit gris-bleu, sandales et barbe de quelques jours, chantent en arc de cercle devant l’autel. « Voici la servante du Seigneur », entonne le plus âgé. « Qu’il me soit fait selon sa parole », répondent les autres à l’unisson, selon une mélodie grégorienne quasi monocorde.

Au cœur de la spiritualité de ces frères de Saint-Jean, la Vierge Marie est aussi la patronne des lieux : sur cette bucolique colline provençale, le mont Verdaille, elle est apparue deux fois, portant l’Enfant Jésus. C’était en août 1519, il y a 500 ans. Saint Joseph, lui, est apparu sur la colline d’en face, le mont Bessillon, en 1660. Toute la Sainte Famille est ainsi apparue dans ce relief situé à soixante kilomètres de Toulon.

Quand on sort, après les laudes, de l’église Notre-Dame-de-Grâces, le soleil est déjà haut. Les cars qui ne tarderont pas à débarquer leurs lots de pèlerins ne sont pas encore garés dans le parking, mais le sanctuaire fourmille déjà d’activité, entre le vrombissement du chantier des futurs sanitaires et l’arrivée de quelques prestataires extérieurs.

La boutique, elle, est ouverte depuis 7 heures. Juste devant, sous un arbre, trois ouvriers armés de râteaux et de souffleurs électriques attendent que Pedro, qui gère la logistique du sanctuaire, cesse de courir pour leur montrer les lieux à « débroussailler ». Frère Samuel-Bernard, le chapelain, glisse un commentaire en passant : « Autrefois, ici, il y avait des chênes verts, mais ils ont été remplacés au XIXe siècle par ces pins, nuisibles au possible : leurs aiguilles bouchent toutes les gouttières ! » Leur ombre, en tout cas, offre un peu de répit en cette chaude journée.

9 h 30. Un film pour les pèlerins

Venu des environs de Perpignan, un premier groupe de pèlerins visionne le film de présentation du sanctuaire, instructif, quoique à l’imagerie assez kitsch. La salle où sont réunis les paroissiens, derrière l’église, porte le nom de Jean de la Baume. C’est à ce bûcheron que la Vierge est apparue il y a 500 ans, avec dans ses bras un enfant « debout, les pieds posés sur un croissant de lune ». La rareté des apparitions de la Vierge à l’Enfant à travers le monde fait la fierté de ce sanctuaire français.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Plus d’un siècle plus tard, en 1637, alors que Louis XIII et Anne d’Autriche ne parviennent pas à enfanter, un religieux augustin, frère Fiacre, récite trois neuvaines à Marie, dont une à Notre-Dame-de-Grâces de Cotignac, après que la Vierge le lui a demandé au cours d’une vision. Neuf mois plus tard naît Louis XIV, dit « Dieudonné ». Avant même cette naissance, son père Louis XIII consacre le royaume à Marie.
10 h 30. Dans les pas de Louis XIV

« C’est l’histoire de France qui s’est jouée ici ! », s’enthousiasme Marianne Giardina. La bénévole guide les pèlerins à travers les pins, où un catéchétique « parcours des saints » a été installé en extérieur pour cette année jubilaire.

Après avoir traversé une clairière, Marianne arrête son groupe au pied d’un imposant escalier de pierre remontant vers l’église. « Louis XIV a monté ces marches quand il est venu à 22 ans remercier la Vierge de lui avoir donné la vie. » À leur rythme, s’appuyant parfois sur une canne, les pèlerins gravissent à leur tour l’escalier, s’agenouillant sur une marche pour un « Je vous salue Marie ». Ils finissent par franchir la Porte sainte ouverte en décembre 2018 par l’évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Dominique Rey.

« En passant cette porte, vous allez recevoir l’indulgence plénière », prévient Marianne Giardina. Comme la plupart des autres bénévoles du sanctuaire, cette mère de famille dit avoir reçu une « grâce particulière » en ces lieux.
12 h 45. à la table des frères

Après la messe de 11 h 30, les pèlerins déballent leur pique-nique sous les pins. Quant aux religieux, sitôt leur aube retirée, ils se dirigent vers la « maison des frères », une vaste bâtisse du XVIIe siècle en contrebas de l’église. « Vous avez de la chance, le mercredi on déjeune tous ensemble ! » Ils sont huit à vivre ici, âgés de 40 à 78 ans. Deux autres frères sont attachés à ce prieuré fondé en 1981 (le plus ancien de la communauté de Saint-Jean), sans y vivre.

Pour ces religieux, ouvrir leur table à un invité de passage n’est pas si rare, et le déjeuner se déroule dans une atmosphère détendue. Tout en mangeant, les frères échangent sur les travaux à venir pour transformer le parking en esplanade et le charisme spécifique de ce sanctuaire : « Il évoque la vie cachée de la Sainte Famille à Nazareth, et est donc plus discret que la Sainte-Baume, qui correspond plutôt à la vie publique du Christ… »

14 heures. Seul ou en famille

Encore un peu plus bas sur la colline, les retraitants logés au Foyer de la Sainte Famille font eux aussi l’expérience de cette « vie cachée ». Hébergés dans 14 ermitages (bientôt 26), ils gardent le silence, lisent et écrivent tout en contemplant le village provençal de Cotignac en un superbe panorama. Mais pendant les vacances scolaires, quand des familles investissent les lieux, le foyer est moins calme : deux courts de tennis et une piscine sont même là pour offrir à ces sessions familiales un cadre de vacances.

En un mois, ce début d’été aura vu se succéder le pèlerinage des mères, puis des pères de famille, celui des célibataires et des couples en espérance d’enfants. Ils sont nombreux à venir ici pour cette raison, revenant parfois quelques années plus tard avec un « bébé Cotignac »… et un ex-voto à son nom pour remercier la Vierge de sa naissance.

16 heures. Confidences anonymes

Derrière le comptoir de la boutique, Sandrine Rousseau raccroche le téléphone. « C’était une femme dont le couple est en difficulté et qui avait besoin de parler, explique cette salariée de l’association des pèlerins du sanctuaire. J’ai donné son numéro à l’un des frères, je sais qu’il la rappellera pour convenir d’un rendez-vous. »

C’est dans deux petits bureaux jouxtant l’église que les frères, à tour de rôle, assurent ce type d’accueil. « Les gens se confient plus facilement à un religieux qu’ils ne reverront jamais qu’à leur curé de paroisse », explique frère Samuel-Bernard, qui en rencontre une dizaine par jour. Certains sont aussi loin de l’Église : « Il faut alors adapter notre vocabulaire pour ne pas les intimider ! »

Voilà justement, qui vient d’acheter une colombe en bois d’olivier, une jeune retraitée refusant de se dire « pèlerine ».« Ici, je recherche plutôt une villégiature mystique », explique cette habituée, qui trouve dans ce lieu de « très bonnes énergies » et « beaucoup de réconfort ».

17 h 30. Relais de prière

Les « adorateurs », qui ont cet après-midi leur réunion trimestrielle au sanctuaire, sont eux non seulement des pèlerins, mais des priants chargés d’une adoration continue dans l’église Notre-Dame-de-Grâces, en cette année jubilaire. « On ne perd pas son temps pendant une adoration, même si cela semble vide au début », assure Christelle-Catherine, une habitante de Cotignac qui monte prier ici plusieurs fois par jour.

Tandis que le sanctuaire se vide de ses visiteurs, on prend la direction du monastère La Font Saint-Joseph du Bessillon, à trois kilomètres de là. Six religieuses d’une congrégation argentine, Mater Dei, vivent ici depuis février, remplaçant les bénédictines qui faisaient jusqu’alors vivre ce site de l’apparition de saint Joseph.

À l’heure de l’adoration quotidienne des sœurs, dans l’église, les alentours impressionnent par leur silence. On s’approche de la source miraculeuse où, en 1660, un berger assoiffé, suivant les conseils de saint Joseph, avait déplacé une lourde pierre pour délivrer de l’eau. Désormais voué à la prière et au recueillement, ce lieu est pourtant l’un des seuls au monde où saint Joseph, qui ne dit pas un mot dans la Bible, est apparu parlant.

Mélinée Le Priol

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commentaires

L
Si je pouvais m'adresser à MARIE je lui demanderais pourquoi tant d'horreurs sur cette terre ,tant de malheureux qui souffrent,pourquoi l'église à son tour est si malade..Je signale toutefois que j'ai été à LOURDES deux fois,trés jeune et que la premiére fois j'ai été choqué par tant de malheureux assis dans des fauteuils ou couchés sur des civiéres..je devais avoir 13 ans,et j'y pense toujours à....81 ans!!Faut-il autant souffrir pour mériter autre chose,je n'ose parler de paradis...Bcp de questions sans vraiment de réponses...Merci.
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