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31 juillet 2019 3 31 /07 /juillet /2019 23:20
L’arbre dans la Bible

Très à la mode, comme l’illustre le best-seller de Peter Wohlleben sur leur vie secrète, les arbres sont, dans la Bible, le cadre privilégié de la relation de l’homme avec Dieu.

Quelle est la place de l’arbre dans la Bible ?

Si l’on décompose sa racine hébraïque, l’arbre (ets, composé des lettres ayin (« œil »), et tsadé (« harpon ») – est ce qui harponne le regard.

Et, de fait, l’arbre qui se découpe dans l’horizon dénudé d’un paysage du Proche-Orient est bien ce qui attire l’attention, signe de la présence d’eau dans un désert.

La Bible a repris à son compte la symbolique universelle de la vie et de la régénérescence associées à l’arbre par de nombreuses cultures et religions antiques.

« On y mentionne pas moins d’une vingtaine d’arbres différents et le mot se rencontre plus de 140 fois, signifiant tantôt “arbre”, tantôt “bois” », relève Catherine Vialle, professeure à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lille, auteure d’une promenade à l’ombre des arbres de la Bible (1).

De quelles scènes l’arbre est-il le théâtre ?

Trait d’union vertical entre le ciel et la terre, l’arbre est un cadre privilégié de la relation de l’homme avec Dieu dans la Bible. Parce qu’il donne de l’ombre, il est, au Proche-Orient, un lieu où l’on demeure, le lieu privilégié de la rencontre.

Les grandes rencontres de la Bible se font souvent sous son ombrage – quand ce n’est pas autour d’un puits – comme lorsque Abraham reçoit trois mystérieux visiteurs sous le chêne de Mambré (Genèse 18, 1-16).

Et parce que, plus que tout autre, il procure une fraîcheur naturelle, même en plein été, idéale donc pour lire la Bible et l’étudier, le figuier devient le symbole de la méditation de la parole.

Lorsque Jésus rencontre Nathanaël et lui dit : « Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu » (Jean 1, 48), il ne dit pas autre chose que : « Quand tu lisais la Parole, c’est moi que tu rencontrais », explique François Molliet, docteur en histoire et guide-conférencier, qui a lui-même accompagné de nombreux treks en Terre sainte pour Ictus.

Lieu de rencontre, lieu de certaines théophanies (manifestations de la divinité), l’arbre est aussi, dans la Bible, un cadre propice à l’appel et au choix.

« Certains destins bibliques s’y jouent de manière décisive », relève Catherine Vialle. On pense immédiatement à Zachée, dont la vie bascule sur le sycomore qu’il a escaladé pour apercevoir Jésus (Luc 19).

Mais c’est aussi le térébinthe sous lequel « l’ange du Seigneur vint s’asseoir » et appeler Gédéon à sa mission à la tête des troupes qui délivreront Israël de Madiân (Juges 6).

De quoi est-il le symbole ?

Au centre de l’Éden, l’arbre de vie rappelle que l’homme est créé par Dieu pour la vie : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.

Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance » (Deutéronome 30, 19). La Bible se referme, dans l’Apocalypse (22, 2), sur cet arbre de vie qui fructifie chaque mois et dont les feuilles sont des remèdes au milieu de la Jérusalem céleste. Symbole de prodigalité et de vie éternelle.

Entre les deux, l’arbre « du connaître bien et mal », présent lui aussi au jardin d’Éden, n’est plus mentionné, relève Catherine Vialle.

Cela confirme à ses yeux que « ce qui compte avant tout », ce qui donne la vie, « c’est d’agir à l’inverse de ce qu’ont fait Adam et Ève, à savoir respecter la parole de Dieu », suivre ses commandements, faire sa volonté.

Si l’accès direct à l’arbre de vie du jardin d’Éden est désormais interdit à l’homme, d’autres voies lui sont proposées pour s’en approcher, et notamment la sagesse, appelée « arbre de vie » (Proverbes 3, 18).

Ce n’est en revanche que dans les premiers siècles du christianisme (et non dans la Bible explicitement), que la croix du Christ sera associée par les pères de l’Église à l’arbre de vie.

Le sage, le juste qui suit les commandements de Dieu est lui-même comparé à un arbre « planté près d’un ruisseau ; il porte du fruit en son temps et jamais son feuillage ne meurt ; il réussit tout ce qu’il fait » (Psaumes 1).

Tandis que l’herbe, au niveau horizontal, est le symbole du méchant. « L’homme est créé pour se verticaliser, s’élever vers Dieu comme l’arbre.

Mais l’étymologie renvoie aussi au bois dont on fait les idoles : au lieu de continuer à s’élever en suivant le modèle de l’arbre, l’homme peut être tenté de redescendre et se perdre dans les objets de la Création », avance François Molliet.

L’arbre évoque en effet dans certains passages l’idolâtrie, et en particulier les cultes cananéens qui se déroulaient sous certains d’entre eux (asherot, « images des divinités païennes »), contre lesquels se sont battus les prophètes tout au long de l’époque de la monarchie, ajoute Catherine Vialle.

Comme tous les grands concepts et symboles de la Bible, l’arbre est marqué par une certaine ambivalence.

Il est souvent associé au roi, fort comme un cèdre (ainsi la parabole des arbres cherchant un roi dans le Livre des Juges).

Mais il peut aussi symboliser l’orgueil, la vaine gloire de l’homme qui veut s’élever – comme la tour de Babel.

Ainsi, parmi les songes du roi Nabuchodonosor que le prophète Daniel parvient à interpréter, il en est un qui met en scène un arbre d’une hauteur immense : les oiseaux perchent sur ses branches et les animaux terrestres s’abritent sous son ombre, mais un ange ordonne d’abattre cet arbre, symbole de l’orgueil du roi (Daniel 4).
 

Et pour aujourd’hui ?

La préoccupation contemporaine pour la préservation de l’environnement trouve dans la tradition biblique, juive et chrétienne, des racines profondes.

Dans la Genèse, l’arbre de la connaissance, dont l’homme ne peut manger, symbolise la limite. « Il rappelle à l’humain qu’il n’est pas Dieu et qu’il ne peut pas tout.

Pour vivre, souligne le pasteur et bibliste Antoine Nouis (2), l’humain a besoin de se souvenir qu’il n’a pas le pouvoir sur les gens et les choses. L’arbre lui rappelle qu’il doit vivre en respectant son environnement. »

C’est tout le message de l’encyclique du pape François, Laudato si’, sur la préservation de la Création. « Nous reprenons conscience que la gestion de la Création nous est confiée, le soin des arbres en particulier », relève Sylvie Mériaux, Sœur des campagnes et animatrice biblique.

Céline Hoyeau

(1) Ce que dit la Bible sur l’arbre, Nouvelle Cité, 124 p., 13 €. (2) Réforme du 18 juillet 2017.

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