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24 novembre 2019 7 24 /11 /novembre /2019 23:57
Le paradis
Le paradis désigne la promesse du bonheur sans fin pour les justes, une participation de l’homme à la nature divine dans un éternel présent.
Quelle est la différence entre le paradis terrestre et le paradis céleste ?

Le mot paradis désigne à l’origine d’immenses réserves végétales et animales entourées de murs, construites par les rois perses du Ier millénaire av. J.-C.

C’est ce mot grec paradèisos, gan-éden en hébreu, qui a servi à désigner le paradis terrestre, jardin dont ont été chassés Adam et Ève, dans la Genèse. Il a ensuite été repris pour signifier le Royaume des cieux, promis par Jésus dans le Nouveau Testament.

Puisque le même mot a été employé pour désigner aussi bien le jardin d’éden, paradis terrestre et le Royaume céleste, les deux notions ont souvent été confondues – d’autant qu’une longue tradition biblique et artistique associe bonheur éternel et nature bucolique.

« Le paradis céleste annoncé par le Christ n’est pas du tout une transposition matérialiste du jardin d’éden. Il faut changer de registre, affirme le père Jean-Marc Bot, prêtre du diocèse de Versailles et auteur de Vivement le paradis ! (1).

C’est un paradis supérieur, qui est déjà là en cours, dû au fait que Jésus ait ouvert la porte. » Cette distinction se retrouve dans les écrits de sainte Thérèse d’Avila : « Entre la seule lumière de ce divin séjour où tout est lumière, et la lumière d’ici-bas, il y a déjà tant de différence, qu’on ne peut les comparer, celle du soleil ne semblant plus que laideur », décrit-elle dans le Livre de la vie après une expérience mystique des réalités éternelles.

Selon la théologie chrétienne, c’est Jésus qui a ouvert la porte du paradis en descendant aux enfers, à Pâques. Le Christ, « premier né d’entre les morts », est aussi le seul dans le Nouveau Testament à utiliser le terme paradèisos, qu’il prononce sur la croix. Il promet le Royaume au bon larron, crucifié à sa droite : « Amen je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis » (Lc 23,43).

Quelle idée peut-on se faire du paradis selon la théologie chrétienne ?

Le propre du paradis, c’est qu’il est l’infigurable, l’indescriptible. Il est « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment », comme l’écrit saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens.

Le Catéchisme de l’Église catholique en donne une définition, non moins mystérieuse. Il est « un état de bonheur suprême et définitif », une promesse de vivre toujours avec le Christ pour « ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, et qui sont parfaitement purifiés ».

Ceux qui accèdent au paradis, sont « pour toujours semblables à Dieu », parce qu’ils le voient « tel qu’il est », « face à face ». Le paradis nous bouscule car il ne s’inscrit pas nos représentations humaines d’espace et de temps. Il n’est pas un lieu, mais un état, une participation de l’homme à la nature divine.

De même, « l’éternité » promise auprès de Dieu n’est pas une suite de jours ennuyeux qui s’étireraient sans fin mais un présent éternel toujours nouveau, « l’instant vital de l’éblouissante surprise », comme tente de le décrire Jean-Marc Bot.

« J’aime l’image du buisson ardent qui brûle mais ne se consume pas », ajoute le père Éric Morin, prêtre du diocèse de Paris et professeur au Collège des Bernardins.

Dans les Écritures, on trouve quelques analogies qui parlent à notre imagination humaine. « Entre dans la joie de ton maître », invite Jésus dans la parabole des talents. Ainsi l’arrivée dans le royaume des cieux est souvent comparée à un « banquet », un « festin de noces ».

« La symbolique du repas est la plus forte qu’on ait dans le langage du Christ », souligne le père Jean-Marc Bot. Retrouverons-nous nos proches au Paradis ?

Sainte Thérèse d’Avila l’affirme lorsqu’elle raconte qu’un jour, transportée en esprit au ciel, les premières personnes qu’elle y vit furent « son père et sa mère ». « On y retrouvera les êtres chers mais aussi les êtres moins chers, en étant dénué de tout ce mal qui nous empêche d’être en paix avec nous-mêmes, avec eux, avec Dieu », ajoute le père Morin.

« C’est l’inverse de Sartre : le paradis c’est les autres », résume le père François Euvé, rédacteur en chef de la revue Études, qui insiste sur la dimension collective du salut.

Qui entrera au paradis ?

Jésus promet le Royaume des cieux, aux « pauvres en esprit », aux « persécutés pour la justice », « aux artisans de paix », à ceux qui ressemblent « aux petits enfants ».

À l’inverse, il assure que les « injustes » « n’hériteront pas du royaume de Dieu ». Pourtant même si cette entrée « dans la maison du Père » constitue bien un événement de justice – nos responsabilités et l’usage de notre liberté paraîtront à la lumière de Dieu – le paradis « n’est pas réductible à une simple récompense », précise Jean-Marc Bot.

« Parce qu’il ne peut y avoir aucune proportion entre la grâce d’entrer dans le royaume de Dieu et notre mérite personnel, c’est le projet fou de Dieu pour nous », s’émerveille-t-il.

Est-ce à dire que nos actions, bonnes comme mauvaises n’auront pas compté ? Si, mais « Dieu sait créer la justice d’une manière que nous ne sommes pas capables de concevoir », constate humblement le pape Benoît XVI, dans son encyclique Spe salvi (« Sauvés dans l’espérance »).

Le paradis ne doit pas être envisagé uniquement comme une destination finale, lointaine, mais doit bien être appréhendé comme une réalité dont on est ­capable de son vivant.

Ainsi quand les pharisiens demandent à Jésus « où est le Royaume de Dieu ? », il leur répond : « Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards.

On ne dira pas : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. » Selon le père Jean-Marc Bot, durant notre passage terrestre, nous pouvons furtivement goûter à l’intensité du paradis.

« L’émerveillement devant un beau paysage, un visage aimé, une œuvre d’art » sont autant de minuscules étincelles d’absolu à travers lesquelles nous sommes capables de saisir le bonheur promis par Dieu.

(1) Éditions de l’Emmanuel, 2002.

 

 
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