Entre pénitence et espérance, l’Avent est bercé de chants liturgiques rivalisant de belles émotions. Pour cette troisième et ultime chronique sur l’Avent, écoutons et méditons le Rorate cæli, un chant grégorien qui perpétue, depuis le haut moyen-âge, la prose riche d’Espérance du prophète Isaïe. Comme une lente procession vers la Joie de Noël…
Voici venir le jour qui s’est fait attendre tant de siècles
« Quelques-uns croient peut-être que lorsque les jours de l’Avent arrivent, les habitants des maisons religieuses s’en attristent à cause des privations qu’ils amènent… Oh ! comme ils se tromperaient s’ils pensaient ainsi ! Dans ces pieuses retraites, l’approche d’une grande fête, c’est une bonne nouvelle qui réjouit toute la maison… c’est quand l’Avent a fait prendre aux autels et au prêtres leurs ornements violets, que déjà les saintes filles qui se sont, comme les colombes effrayées des orages, réfugiées sous les ailes du Seigneur, se préparent à la fête de la crèche. Dans leur solitude, elles composent de nouveaux bouquets, des guirlandes nouvelles, pour orner le berceau de l’Enfant-Dieu. Noël, c’est la fête des femmes, et son approche est une joie même pour les vierges du Seigneur.
Le religieux qui du fond de son cloître composa l’hymne Statuta decreto Dei, qui se chante aux approches du jour de la naissance du Sauveur, a été bien inspiré.
Voici venir les temps marqués par les décrets du Seigneur ;
Voici venir le jour qui s’est fait attendre tant de siècles.
La postérité d’un père coupable gisait souffrante et désolée sur un lit de douleurs ;
Les hommes étaient sans force, découragé, couché dans l’ombre de la mort ;
Les terreurs de la tombe, les tourments de l’enfer, c’était là leur partage ;
Les enfants d’Adam tremblaient et se desséchaient dans l’attente du souverain juge,
Hélas ! qui pouvait les délivrer de si grands maux ? Quelle main assez puissante pour guérir une si profonde plaie ?
Toi seul ! ô christ ! toi seul… Cieux, ouvrez-vous !
Ouvrez-vous, et laissez descendre votre précieuse rosée ; que la terre fécondée donne au monde son Sauveur ! »
Source : WALSH (M. le Vicomte) — Tableau poétique des Fêtes chrétiennes (Paris, Librairie Blériot, nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, s.d.)
Cieux, versez votre rosée
" C’est à cette très longue période de siècles, période indéterminée, qui s’écoule entre la faute et la Rédemption, que l’Église nous fait penser pendant l’Avent.
Les quatre dimanches avant Noël, appelés les dimanches de l’Avent, symbolisent le temps où le monde attendait, anxieux, la venue du Sauveur. L’Avent a donc un caractère de pénitence et de supplication. On en jeûne plus maintenant, mais les ornements du prêtre sont de couleur violette, ce qui indique la pénitence.
Toutefois, il y a de la joie dans cette pénitence. L’Avent prépare à la grande fête de Noël.
Lisez la traduction du Rorate cæli, le chant de l’Avent :
Cieux, versez votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.
Que votre colère s’apaise, Seigneur, ne vous souvenez plus de nos iniquités.
Considérez la cité où est votre sanctuaire, devenue déserte.
Sion n’est plus qu’une solitude ; Jérusalem a été désolée ; Jérusalem, où ont éclaté votre sainteté et votre gloire, où nos pères ont chanté vos louanges.
Cieux, versez votre rosée, etc.
Nous avons péché, nous sommes devenus semblables à un lépreux, nous sommes tous tombés comme la feuille, et nos péchés, comme un vent impétueux, nous ont enlevés et dispersés sur toute la terre, vous nous avez caché votre visage et vous nous avez brisez sous le poids de nos iniquités.
Cieux, versez votre rosée, etc.
Considérez, Seigneur, l’affection de votre peuple et envoyez à son secours celui que vous devez envoyer ; faites sortir de la pierre du désert cet agneau qui doit régner sur le monde ; qu’il paraisse sur la montagne de la fille de Sion, et qu’il nous délivre du joug de notre captivité.
Cieux, versez votre rosée, etc.
Consolez-vous, consolez-vous mon peuple, votre salut est proche.
Pourquoi vous laissez-vous consumer par la tristesse ?
Et comment la douleur vous a-t-elle ainsi défiguré ?
Je vous sauverai, ne craignez pas ; car je suis le Seigneur votre Dieu, le saint d’Israël, votre Rédempteur.
Source : QUINET (Chanoine) & HAMAYON (Abbé) — Doctrine et Leçons de choses religieuses, suivies de notes morales et sociales (Paris, Librairie L’École, 1937)
Le verbe latin « Rorate » — au mode impératif, intraduisible textuellement — a donné son titre au chant grégorien « Rorate caeli ». Ce chant d’entrée, inaugurant la messe du 4e dimanche de l’Avent, offre une mélodie aux versets du livre du prophète Isaïe (Is 45,8). À l’époque du 64e pape Grégoire-le-Grand (590-604), il comptait déjà parmi les usages liturgiques.
« Rorate caeli desuper, et nubes pluant iustum ; aperiatur terra, et germinet Salvatorem. »
« Cieux, faites venir le Juste comme une rosée ; Qu’il descende des nuées comme une pluie bienfaisante : Que la terre s’entrouvre et donne naissance au Sauveur. » (Is 45,8 — selon la traduction française du missel romain)
Commentaire à partir d'un texte d'Anselm Grün
"Comme une pluie bienfaisante..."
Entre pénitence et espérance, l'Avent est bercé de chants liturgiques rivalisant de belles émotions. Pour cette troisième et ultime chronique sur l'Avent, écoutons et méditons le Rorate cæl...
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