Aujourd’hui, où l’on monte à la queue leu leu en haut de l’Everest, où tout est quadrillé, inventorié, surveillé par l’œil des satellites, quels nouveaux mondes répondent encore au désir d’extrême qui hante la jeunesse, que ne satisfont ni les cours de la Bourse, ni les plans de carrière ?
« À la fin, tu es las de ce monde ancien », écrivait Guillaume Apollinaire dans les pas de saint Paul.
Le poète n’avait pas songé à la conquête spatiale pour trouver du neuf, ni Mars ni la Lune ne l’ont fait rêver, même s’il avait le ciel en tête.
Il avait une idée tout autre de l’aventure toujours neuve, toujours renouvelante.
Qu’on écoute son poème, Zone, où tout était déjà dit.
À la fin, tu es las de ce monde ancien,
(...)
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme.