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11 août 2020 2 11 /08 /août /2020 19:36
In memoriam Père Boris Bobrinskoy

Le repos d’un juste

Dans la nuit du 6 au 7 août, dans la lumière de la Transfiguration du Sauveur Jésus Christ, notre Père en Dieu le protopresbytre Boris Bobrinskoy est entré dans son repos.

Fidèles à l’enseignement de saint Jean Chrysostome, nous rendons grâce à Dieu qui appelle son serviteur à entrer dans sa joie et celle de ses saints.

Les chrétiens ne s’affligent que lorsqu’un homme meurt dans la captivité de ses péchés.

Mais quand un juste se retire de ce monde, ils l’accompagnent avec des lumières, des chants pleins de foi et leurs hommages les plus affectueux.

Père Boris, depuis des années, se préparait par le repentir à cet événement.

Suivant notre foi, le Seigneur envoie ses anges pour le conduire pendant quarante jours jusqu’au lieu qu’Il lui a assigné jusqu’à la Résurrection et le jugement universels.

Pour notre cher Père, nous ne redoutons pas ce jugement, car le Christ ne trouvera en lui que quelques faiblesses, car, comme le dit la prière, « nul homme n’est sans péché ».

La bienveillance du serviteur de Dieu

Avec émotion et avec beaucoup de joie, sachant que tous connaissent l’œuvre théologique et liturgique du grand homme d’Église, nous voulons témoigner des qualités de cœur, de l’attention pastorale, de la gentillesse, du sourire et de la bienveillance de ce prêtre aux nombreux enfants dans le Seigneur.

Père Boris, tel que nous l’avons connu pendant des années, était très aimable, très calme, pondéré, discret, respectueux de son interlocuteur, généralement sans jugement à l’égard des personnes ; nous ne nous rappelons pas l’avoir entendu mal parler de quelqu’un.

L’illuminateur d’une génération

Père Boris a été, pour d’innombrables personnes, pendant plus de cinquante ans, un véritable illuminateur.

Ce n’était pas tellement par des explications brillantes de théologie académique qu’il nous conduisait, encore qu’il fût d’une très grande culture biblique et patristique.

Non : c’étaient son exemple, la lumière de son visage et la mesure de ses paroles, qui étaient pour notre génération un phare.

Il était d’une orthodoxie profonde et ouverte, accueillante quoique sans compromission, capable de dialogue en raison de son exceptionnelle compétence.

Gloire à Dieu !

Père Gérasime
Skyte Sainte-Foy

Vidéo présentant la vie de Père Boris

Une grande figure de l’orthodoxie est décédée dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 août. Né à Paris en 1925, le comte Bobrinskoy était issu de la haute aristocratie russe. « Ses ancêtres étaient très respectés en Russie », précise le père Gérasime, moine orthodoxe au Skyte Saint-Foy, en Lozère, qui a bien connu le père Boris Brobinskoy.

Enseignant

Cette naissance aristocratique ne l’a pas empêché de vivre toute sa vie dans la simplicité, loin des richesses matérielles. Après des études de théologie à Athènes et à Thessalonique (Grèce) - il aurait appris le grec en un mois, selon ses amis - et son mariage avec Hélène Disterlo - dont il a eu trois enfants -, Boris Brobinskoy est ordonné protopresbytre (premier prêtre) de l’exarchat du Patriarcat œcuménique de Constantinople et commence une carrière d’enseignant.

Pendant plus de cinquante ans, de 1954 à 2006, le père Bobrinskoy a été professeur titulaire de la chaire de théologie dogmatique de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, à Paris. Avant d’en devenir le doyen durant plus d’une décennie. « Il était vraiment habité par ce qu’il enseignait, si bien que cette matière parfois fastidieuse passait toute seule », témoigne Mgr Elisée, jeune évêque et recteur de la paroisse de la Saint-Trinité, dans la crypte de la cathédrale Saint-Alexandre Nevsky, rue Daru (8e arrondissement de Paris).

Boris Bobrinskoy fut d’ailleurs curé de cette paroisse orthodoxe de la Sainte-Trinité. « C’est lui qui a permis une liturgie en français sur les tons slaves à la crypte de la rue Daru », précise le père Gérasime. « Le moindre de ses gestes liturgiques avait du sens, toute sa façon d’être était une prédication », ajoute Mgr Elisée.

Liturge

« D’emblée il apporta à la communauté ses qualités de liturge. Il n’a cessé de garder cette communauté dans un éveil spirituel à travers ses prédications et ses exhortations. Il l’a enseignée à de multiples occasions, principalement au cours de ses catéchèses pour adultes et grâce aussi à diverses publications », lit-on sur le site « Parlons d’Orthodoxie » dans un texte de 2009, à l’occasion du 50e anniversaire sacerdotal du père Bobrinskoy.

Engagé dans le dialogue œcuménique - il a longtemps été membre de la commission « Foi et Constitution » du Conseil œcuménique des Églises (COE) et membre de la Commission française pour le dialogue théologique catholique-orthodoxe -, il avait l’habitude de dire que « la communion eucharistique n’était pas le point de départ mais le point final de la rencontre entre les Églises ».

Engagé dans le dialogue œcuménique

Il était par ailleurs conseiller de son Église et président de la radio « La Voix de l’orthodoxie », qu’il avait fondé dès 1981 et qui diffusait des émissions religieuses destinées à la Russie. Il était aussi l’un des fondateurs de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale, qui se veut « au service de l’unité et du témoignage de l’Église orthodoxe ».

« Il était connu un peu partout, de New York à Moscou, et partout il était très respecté », poursuit le moine du Skyte Saint-Foy en évoquant combien, en tant que confesseur, l’écoute fine du père Bobrinskoy était apaisante. « Quand je lui confiais l’une de mes colères, il me disait :” que celle-ci ne blesse pas votre âme, qu’il n’y ait pas de rancœur en vous” ».

Auteur d’une demi-douzaine d’ouvrages portant principalement sur la théologie de la Trinité et du Saint-Esprit, sur la théologie de l’Église et sur la liturgie (1), le père Bobrinskoy était docteur honoris causa de l’université de Fribourg, en Suisse.

Ses obsèques seront célébrées à Bussy-en-Othe (Yonne), en Bourgogne, où il a vécu ses dernières années à proximité de l’un des plus anciens monastères orthodoxes en France.

 

(1) Auteur également de « Communion du Saint-Esprit » (éd. Abbaye de Bellefontaine, 1992), « Le Mystère de la Trinité » (Cerf, 1996), ainsi que « La Compassion du Père » et « La Vie liturgique » (tous deux parus au Cerf en 2000).

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