De toute évidence, dans nos régions, les églises – en tant que bâtiments – ont tendance à disparaître…
Au Québec, il se produisit une « fière de construction d'églises » à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, et maintenant on se demande qu'est-ce que l'on pourra faire de tous ces bâtiments…
Il y a vraiment une rupture de génération : pratiquement aucun jeune ne vient prendre le relais de la génération aux cheveux blancs.
Ces grandes églises, magnifiques, avec leurs trésors de vitraux, de mobilier sculpté, avec une architecture et une décoration qui possèdent leur génie propre, tout cela risque de disparaître sous le pic des démolisseurs, ou dans la vitrine des antiquaires. Il est vrai que ces bâtiments ont été construits pour servir d'écrin à une pratique liturgique qui a totalement disparu, suite à Vatican II.
Derrière ces bâtiments, se profilait une théologie et une vision du monde qui, elles aussi, ce sont évaporées.
Dans notre région d'Abitibi, pas moins de 7 églises appartenant au diocèse catholique-romain d'Amos, ont été vendues, au cours des des 10 années écoulées.
Deux autres églises avaient été vendues il y a plus de 10 ans. En général, c'est l'ensemble des églises de village qui sont menacées d'extinction ; la ville de Val-d'Or comptait 5 églises catholiques-romaines ; il n'en reste plus qu'une en service. C'est sans compter les églises d'autres confessions chrétiennes - dont une église orthodoxe russe - toutes étant fermées ou disparues aujourd'hui.
L'ensemble des confessions chrétiennes situées dans les pays industrialisés, font face à ce même problème, qui est celui de la sécularisation accélérée de la société.
Apparemment, on semble ne plus avoir besoin de structures ecclésiastiques et de bâtiments servant au culte, pour trouver le sens de sa vie – si on le trouve un jour ?
Que faire ou que penser face à cet état de choses - étant entendu que se lamenter n'est pas une option…
Dans une revue, j'ai trouvé cette idée qui me paraît intéressante.
Quatre hypothèses peuvent être envisagées :
Tout d'abord, la possibilité que le christianisme disparaisse complètement, à l'exception de petits groupes fervents qui n'auront plus aucune incidence sur la société.
La deuxième hypothèse serait que le christianisme se dissoudrait dans les valeurs de la société.
À mon avis, ce processus est largement en cours à la fois dans plusieurs sections du protestantisme, et massivement dans l'Église catholique-romaine.
On se détourne de la théologie ; on renonce à enseigner quoi que ce soit qui ait l'air d'un dogme, de près ou de loin, et l'on s'applique à ce que l'Église n'ait aucun contenu doctrinal - pour ne plus investir que dans des mouvements sociaux, politiques ou des œuvres de bienfaisance.
Dans ce cas, il s'agit d'Églises totalement horizontales, qui ne veulent plus entendre parler d'une « verticalité », de cette transcendance divine dont toutes les pages de la Bible sont néanmoins remplies.
La troisième hypothèse serait que le christianisme continue, vaille que vaille, en s'efforçant de sauver ses bâtiments, le tout dans une indifférence de plus en plus généralisée. C'est une perspective qui n'est pas particulièrement enthousiasmante !
Enfin, la quatrième hypothèse, qui me paraît à la fois la plus intéressante et la plus vérifiable : il s'agit de prendre conscience qu'un monde est en train de se terminer, et que les éléments qui le composaient sont en train de mourir. Non seulement d'en prendre conscience, mais de l'accepter.
Au sein même de ce processus de disparition, commence à naître quelque chose que nous ne pouvons pas encore identifier.
Nous sommes complètement incapables de savoir ce que ce sera…
Assurément, ce ne sera sans doute pas une catastrophe, ni pour autant le paradis, mais un monde très différent de celui que nous avons connu - un mélange de « bon » et de « moins bon », comme ce fut le cas dans chacune des périodes qu'a traversée l'humanité.
Cependant, passer d'un monde à l'autre n'est jamais chose facile, et fait généralement beaucoup de dégâts… d'où l'importance d'avoir soi-même une très robuste structure intérieure, d'avoir une réelle vision métaphysique basée sur la confiance en Dieu, confiance monolithique et inébranlable. Avec cela, nous traverserons tout !
Yves Leroy
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