Parmi les 99 noms de Dieu, il existe des couples antinomiques qui décrivent l’action divine dans nos vies : « Celui qui avance les choses » (Al Mouqaddim), « Celui qui les retarde » (Al Mou’akhir) ; « Celui qui donne la richesse » (Al Mughni), « Celui qui l’empêche » (Al Mani’) ; « Celui qui envoie le mal » (Al Darr), et « Celui qui envoie ce qui est bon » (Al Nafi’) ; « Celui qui donne les honneurs » (Al Mu’izz), et « Celui qui avilit » (Al Mudhill) ; « Celui qui rabaisse » (Al Khafid) et « Celui qui élève » (Al Rafi’) ; « Celui qui rétracte » (Al Qabid) et « Celui qui étend » (Al Basit).
Certains pourraient être choqués par des noms tels Al Darr, qui envoie le mal, ou Al Mudhill, qui avilit.
Or, dans la perspective musulmane, ce qui nous semble mauvais, dans ce qui provient de Dieu, contient en fait un bien caché pour nous, que nous comprendrons ultérieurement.
Ce regard nous permet d’accepter les deux genres de moments, les bons et les mauvais, non seulement comme provenant de Dieu, mais aussi comme reliés à la Sagesse divine, qui sait mieux que nous ce dont nous avons besoin pour grandir et progresser dans cette vie.
Ils sont aussi reliés à la Justice divine, qui donne à chacun(e) ce dont il ou elle a besoin. Le Coran avance en effet que : « Si une blessure vous atteint, une blessure semblable atteint aussi les autres.
Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et mauvais) parmi les gens, afin que Dieu reconnaisse ceux qui croient et qu’Il prenne parmi vous des témoins » (Al Imran 3 : 140).
En ce moment, beaucoup d’entre nous vivent ces jours mauvais, de blessure, ou de souffrance, où l’action de noms divins tels Al Mani’(qui bloque les biens), ou Al Mou’akhir (qui retarde les choses), ou Al Qabid (qui rétracte) ou Al Mudhill (qui avilit) est bien ressentie.
Dans une perspective de foi musulmane, ces moments ne sont pas arbitraires. Ils font partie du plan de Dieu pour chacun de nous, et ils ont un sens.
Le verset nous dit qu’ils permettent de reconnaître les témoins. Un hadith ajoute : « Le cas du croyant est étonnant : toute sa vie est bonne, et cela n’est vécu que par le croyant.
S’il lui advient un bien, il remercie, et cela décuple le bien, et s’il lui arrive un mal, il fait preuve de patience et cela se transforme en bien. »
Le descendant du Prophète, Jaafar Al Sadiq, disait aussi dans son invocation : « Mon Dieu, je ne sais pour quel état Te rendre grâce le plus, l’état de santé ou l’état de maladie par laquelle tu m’as purifié, effaçant (par la souffrance) ce qui a alourdi mon dos en péchés, et me donnant une occasion pour me repentir. »
Il y a donc des jours comme ça, et ils passeront. Et si, au cœur de ces jours, nous arrivons à y trouver un sens, ils peuvent aussi devenir une occasion de croissance et d’approfondissement.
Par Nayla TabbaraThéologienne musulmane libanaise (1)
(1) Auteure de L’Islam pensé par une femme, avec Marie Malzac, Bayard, 250 p.
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