Cette familiarité des chrétiens avec le Seigneur est toujours communautaire. Oui, elle est intime, elle est personnelle mais en communauté. Une familiarité sans communauté, une familiarité sans le Pain, une familiarité sans l’Eglise, sans le peuple, sans les sacrements, est dangereuse.
Elle peut devenir une familiarité – disons-le – gnostique, une familiarité pour moi seulement, détachée du peuple de Dieu. La familiarité des apôtres avec le Seigneur a toujours été communautaire, toujours à table, signe de la communauté. Elle est toujours allée de pair avec le Sacrement, avec le Pain.
Je dis cela parce que quelqu’un m’a fait réfléchir sur le danger de ce que nous sommes en train de vivre en ce moment, de cette pandémie qui a fait que tous nous communiquions même religieusement à travers les médias, à travers les moyens de communication.
Même cette Messe, nous communiquons tous, mais nous ne sommes pas ensemble, spirituellement ensemble… Le peuple est petit. Il y a un grand peuple : nous sommes ensemble sans être ensemble.
Même le Sacrement, aujourd’hui vous l’avez, l’Eucharistie, mais les gens qui sont connectés, ils ont seulement la communion spirituelle. Et ça, ce n’est pas l’Eglise : ça, c’est l’Eglise d’une situation difficile, que le Seigneur permet, mais l’idéal de l’Eglise est toujours avec le peuple et avec les sacrements. Toujours.
Avant Pâques, quand est sortie la nouvelle que j’allais célébrer Pâques dans la basilique Saint-Pierre vide, un évêque m’a écrit – un bon évêque, quelqu’un de bien – et il m’a réprimandé. « Mais pourquoi donc ? Saint-Pierre est si grande, pourquoi ne pas y mettre au moins 30 personnes, pour que l’on voie du monde ? Il n’y aura pas de danger … ». Et moi je me suis dit : « Mais qu’est-ce qu’il a dans la tête, celui-là, pour me dire ça ? ».
Je n’ai pas compris, sur le moment. Mais comme c’est un bon évêque, très proche du peuple, il aura sans doute voulu me dire quelque chose. Quand je le verrai, je lui demanderai. Puis j’ai compris.
Il me disait : « Faites attention à ne pas ‘viraliser’ l’Eglise, à ne pas ‘viraliser’ les sacrements, à ne pas ‘viraliser’ le peuple de Dieu.
L’Eglise, les sacrements, le peuple de Dieu sont concrets. C’est vrai qu’en ce moment nous devons entretenir cette familiarité avec le Seigneur de cette manière, mais pour sortir du tunnel, pas pour y rester.
Et ça, c’est la familiarité des apôtres : non pas gnostique, non pas virtuelle, non pas égoïste pour chacun d’eux, mais une familiarité concrète, dans le peuple.
La familiarité avec le Seigneur dans la vie quotidienne, la familiarité avec le Seigneur dans les sacrements, au milieu du peuple de Dieu. Ils ont fait un chemin de maturité dans la familiarité avec le Seigneur : apprenons donc nous aussi à le faire.
Dès le premier moment, ils ont compris que cette familiarité était différente de ce qu’ils imaginaient, et ils sont arrivés à cela. Ils savaient que c’était le Seigneur, ils partageaient tout : la communauté, les sacrements, le Seigneur, la paix, la fête.
Que le Seigneur nous enseigne cette intimité avec Lui, cette familiarité avec Lui mais dans l’Eglise, avec les sacrements, avec le saint peuple fidèle de Dieu.
De l’homélie du pape François lors de la messe matinale à Sainte-Marthe du 17 avril 2020
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