INTRODUCTION
Nous affirmons souvent qu’il suffit d’être bon et gentil qu’importe ce que l’on croit. « Je suis bon », disons-nous, « parce que je ne tue pas, ne vole pas, n’offense quasiment personne et gagne honnêtement ma vie ». De l’autre côté, le Paterikon égyptien nous conte l’histoire du saint abba (papa) Agathon qui a vécu au IVe siècle. On rapporte à son propos qu’un jour quelques moines vinrent le trouver, ayant entendu parler de son grand discernement. Voulant voir s’il perdrait son calme, ils l’apostrophèrent ainsi : « N’es-tu pas cet Agathon qu’on dit n’être qu’un fornicateur et un orgueilleux ? » « Hélas oui, c’est bien vrai », répondit-il. Ils reprirent : « N’es-tu pas cet Agathon qui n’arrête pas de dire des bêtises ? » « Oui, c’est moi. » Alors ils insistèrent : « N’es-tu pas Agathon l’hérétique ? » Mais à ça il répondit : « Je ne suis pas un hérétique. » Alors ils lui demandèrent : « Dis-nous pourquoi tu as accepté toutes nos invectives, mais que tu as rejeté cette dernière insulte. » Il répondit : « Les premières accusations, je les ai prises pour moi, car c’est bon pour mon âme. Mais l’hérésie, c’est être séparé de Dieu. Je n’ai aucune envie d’être séparé de Dieu. » Cette parole les surprit, ils comprirent son discernement, et ils s’en retournèrent édifiés.
Nous disons : « Je suis bon, qu’importe ce que je crois. » Le saint dit : « Je suis mauvais, mais ce en quoi je crois est vrai. » Nous sommes parfois sûrs d’être saints et qu’importe ce que nous croyons. Les saints étaient sûrs d’être pécheurs, mais ce en quoi ils croyaient leur était important.
Les chrétiens deviennent justes tout d’abord par la foi (Rm 5:1), ce qui tout de suite implique qu’elle doit être véritable, pure et gracieuse, privée de toute sorte de superstitions et d’altérations ; la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes (Jude 1:3) et non pas celle qui a été créée au cours de ces longs vingt siècles ; la foi transmise du Père au Fils, du Fils aux apôtres, des apôtres à leurs successeurs. Cette foi est la perle la plus précieuse pour laquelle, à notre époque, il faut se plonger à la fois dans les profondeurs de son cœur et dans l’océan des sources historiques, pour, une fois retrouvée, passer des profondeurs à la surface et émerger vers la lumière éternelle de la Vérité.
Étant adapté aux défis contemporains, ce catéchisme (du grec κατήχησις [katékèzis], « instruction ») se base principalement sur des livres symboliques autoritaires et confirmés par la plénitude de l’Église orthodoxe ou par l’Église orthodoxe russe :
- « L’exposé précis de la foi orthodoxe », de saint Jean Damascène (VIIIe siècle), approuvée par toute l’Église orthodoxe ;
- « La Confession orthodoxe de l’Église catholique et apostolique d’Orient », de Pierre Moghila métropolite de Kiev (XVIIe siècle). Le livre est approuvé par toute l’Église orthodoxe ;
- « Encyclique des patriarches de l’Église catholique de l’Orient », de 1723, approuvée par toute l’Église orthodoxe ;
- « Le Catéchisme détaillé de l’Église orthodoxe catholique d’Orient », de saint Philarète de Moscou (1823), approuvée par le saint Synode de l’Église russe.
Cet ouvrage propose à son lecteur attentif une voie vers la pureté de la foi apostolique pour atteindre grâce à son aide le but le plus important dans la vie : être uni avec Dieu vivant et entrer dans le Royaume céleste de Son Fils.
Q 1 : Où la profession de foi orthodoxe est-elle exprimée ?
R : Les aspects fondamentaux de la foi chrétienne sont exprimés dans le Symbole de la foi (le Credo). Ils y sont exprimés de manière concise et précise en montrant ce en quoi les chrétiens croient.
Q 2 : Que veut dire « symbole » ?
R : Le mot symbole est issu du verbe grec σύμβολον [simbolon] signifiant « joindre », « se rencontrer ». Quand un fiancé partait dans un pays lointain, il laissait à sa bien-aimée un morceau de bâton cassé aléatoirement. De son côté, il gardait une moitié du bâton qui s’appelait le symbole. Afin de retrouver son amour des années plus tard, les deux morceaux du bâton devaient être remis ensemble de sorte qu’ils se joignent idéalement.
Dieu nous a laissé alors une moitié du bâton cassé qui est le Symbole de la foi pour que nous Le retrouvions dans Son royaume céleste en approchant notre profession de foi avec la Vérité. Le Symbole de la foi est un morceau terrestre du lien qui unit l’homme et Dieu, le visible et l’invisible, la temporalité et l’éternité.
Le mot symbole désigne également un mot de passe ou une clé qui doit parfaitement convenir à son cadenas pour l’ouvrir. Le Symbole de la foi est une clé du Royaume divin qui est figé pour tous, pour tous les siècles et pour tout l’univers. Il ne peut être changé ni en ajoutant ni en retirant des éléments.
Q 3 : De façon générale, de quoi parle-t-on dans le Symbole de la foi ?
R : Il développe la parole de Jésus-Christ : Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. (Mt 28:19) Le Symbole détaille le seul nom du Père qui a créé tout l’univers ; du Fils qui s’est fait homme, a été crucifié pour nous et est ressuscité ; du Saint Esprit qui donne la vie. Ce ne sont pas trois noms, mais le seul nom de Dieu qui est le Père, le Fils et le Saint Esprit, la Trinité consubstantielle et indivisible.
Q 4 : Comment se découpe exactement le Symbole de la foi ?
R : Il se découpe en 12 éléments :
- Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, et de toutes choses visibles et invisibles ;
- et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ;
- qui pour nous hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux et s’est incarné du saint Esprit et de Marie la Vierge, et s’est fait Homme ;
- Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli ;
- et Il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures ;
- Il est monté au ciel, et siège à la droite du Père ;
- et Il reviendra en gloire, juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin.
- Et en l’Esprit, Saint, Seigneur, qui donne la Vie, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes.
- En l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.
- Je confesse un seul baptême en rémission des péchés.
- J’attends la résurrection des morts
- et la vie du siècle à venir : Amen !
Q 5 : Qui l’a formulé ?
R : Le Symbole de la foi a été formulé par les Pères du Ier Concile Œcuménique à Nicée en 325 (les sept premiers éléments) et les Pères du IIe Concile Œcuménique à Constantinople en 381 (les cinq derniers éléments). C’est pourquoi on l’appelle souvent le Symbole de Nicée-Constantinople.
Q 6 : Qu’est-ce que le Concile Œcuménique ?
R : Le Concile Œcuménique est une assemblée universelle réunissant tous les évêques et autorités ecclésiastiques de toutes les Églises locales pour :
- exprimer la foi apostolique ;
- lutter contre les hérésies et les faux enseignements ;
- manifester l’unité des chrétiens dans l’enseignement du Christ et de ses apôtres.
Q 7 : Combien de Conciles Œcuméniques ont eu lieu ?
R : Il y en a eu sept :
- 325, Nicée I
- 381, Constantinople I
- 431, Éphèse
- 451, Chalcédoine
- 553, Constantinople II
- 680-681, Constantinople III
- 787, Nicée II
Q 8 : D’où vient la tradition d’assembler les Conciles ?
R : Le premier Concile de l’Église était une assemblée des apôtres (Jacques, frère du Seigneur, Pierre, Paul, Barnabas, Silas…), des presbytères et des diacres. Il s’est déroulé à Jérusalem au milieu du Ier siècle. Son objectif était de définir les obligations pour les non-Juifs, c’est-à-dire les païens voulant devenir chrétiens. La question principale était : doivent-ils accomplir la loi de Moïse comme les Juifs (circoncision, respect du chabbat, accomplissement des règles rituelles) ou tous ces rites n’étaient-ils plus nécessaires ? L’assemblée des apôtres guidée par le Saint Esprit (Ac 15:28) a décidé de ne pas imposer d’autres charges que ce qui est nécessaire :
- s’abstenir des viandes sacrifiées aux idoles ;
- s’abstenir du sang et des animaux étouffés ;
- s’abstenir de l’impudicité ;
- ne pas faire aux autres ce qu’on ne veut pas ce qu’ils nous fassent (Ac 15:1-34).
Le symbole de la foi est expliqué dans les 299 questions qui suivent à lire et méditer dans le texte téléchargeable ci-dessous
http://foi-orthodoxe.fr/wp-content/uploads/2019/11/Cathechisme-de-lEglise-Orthodoxe.pdf
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