Un monastère orthodoxe dans une ancienne ferme fortifiée des Cévennes ! Les deux moines qui vivent là vous donneront la foi... et le repas.
En arrivant, on se demande pourquoi deux hommes se sont enfermés ici. En repartant, on se demande si on ne devrait pas rester.
Monastère orthodoxe posé sur un éperon rocheux entre Gard et Lozère, en surplomb de la vallée du Gardon, le skite Sainte-Foy se fond dans l'austérité hivernale des paysages cévenols.
Pourtant, quand la porte s'ouvre, nul besoin d'être croyant pour être transporté. Le hiéromoine (prêtre) Gérasime, que l'on appelle frère Jean, reçoit en compagnie de frère Joseph.
Sous leurs barbes blanches, ils ont respectivement 68 et 57 ans. Le CV du premier porte des mentions de photographe de presse, d'éducateur dans les quartiers Nord de Marseille et d'années vécues sur le mont Athos, quand le second était informaticien à la Défense.
« Nous sommes les Laurel et Hardy de l'orthodoxie, s'amuse frère Jean. A deux, nous formons le moine parfait. Mais s'il s'agissait d'une relation sentimentale, on ne se supporterait pas. »
Ils vivent ici depuis vingt ans. Le monastère, qui dépend de l'archevêché russe en Europe occidentale, a été fondé en 1996 par frère Jean.
Frère Joseph l'y a rejoint : « J'avais une petite amie, j'étais agnostique, mais ma place n'était pas dans ce monde aseptisé. Quand frère Jean a créé ce lieu, j'ai senti que le moment était venu. » Il est depuis devenu un spécialiste du chant slavon.
En plus de la liturgie quotidienne, le prêtre et le moine conduisent la rénovation de ce qui fut une tour à signaux au XIIe siècle, un prieuré bénédictin au XVIe et une ferme fortifiée après la Révolution.
Des artisans voisins, des compagnons du devoir et des artistes ont prêté main-forte. Désormais, la beauté s'incarne dans chaque détail des murets, des boiseries et des toits en lauzes.
Dans la chapelle, les fresques de l'iconographe russe Yaroslav Dobrynine, les vitraux d'Henri Guérin et des icônes de Claude-Dominique Béguin forment un décor qu'une seule bougie, en se reflétant sur l'or des auréoles, suffit à éclairer.
Dehors, une mosaïque de Michel Patrizio présente un Christ en gloire.
Frère Jean et frère Joseph s'accordent sorties et voyages lointains, dans les monastères éthiopiens, en Birmanie, d'où ils rapportent l'or des fresques.
Et ils reçoivent : retraitants orthodoxes, croyants ou athées, qui ont convaincu de leur bonne foi pour être hébergés deux nuits.
« J'avais besoin de prendre du recul sur ma vie », explique ce jour-là Simon, qui doute de vouloir devenir professeur de sport.
Entre les quatre offices monastiques quotidiens et quelques tâches manuelles, il partage un repas fameux sous une Cène en fresque.
La cuisine est une autre spécialité des frères, toujours avec les produits du jardin. Ce jour-là, une courge énorme : « Vous voyez bien que la prière, ça marche ! »
Eric Delhaye
Y aller
Paris-Nîmes en TGV (3h). Puis 1h de voiture jusqu'à Saint-Julien-des-Points. Bus et trains jusqu'à Alès.
Séjourner
Skite Sainte-Foy, 48, Saint-Julien-des-Points, 04 66 45 42 93. Visite et séjour sur rendez-vous. Trois chambres, simples mais confortables, réservées aux hôtes. Chacun participe aux frais de son séjour par une offrande.
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