Gorze, Avril 2021
Chers amis,
Christ est ressuscité !
Ce « cri » de joie de l'église orthodoxe est caractéristique de la différence de perspective théologique entre l'expression orientale du christianisme et celle de l'occident, même si aujourd'hui la mondialisation a réuni ces deux pôles dans un univers inter-connecté.
Ce cri est l'expression directe du mystère vécu de la révélation chrétienne, souvent caché aux « sages et aux intelligents » et révélé aux « tous petits... ». Cette « salutation pascale » très populaire dans le monde orthodoxe ne relève pas de la spéculation philosophique ou théologique ; elle est l'expression du mystère de la révélation divine et relève de l'expérience directe de celle-ci. Expérience directe qui est connaissance de Dieu.
La tradition patristique renonce à toute définition formelle de Dieu car Il est au-delà de toute parole humaine : « Les concepts créent des idoles de Dieu, l'émerveillement seul saisit quelque chose », confesse saint Grégoire de Nysse. Le mystère est ce qui « transparaît »de Dieu dans la nature humaine. Le « Dieu mystérieux » (Deus absconditus), a créé son vis à vis, « l'homme mystérieux » (l'homo absconditus), son icône vivante.
La patristique orthodoxe est centrée toute entière sur la contemplation de la Beauté divine où l'Esprit de vérité est « l'éclat fulgurant de la divine Beauté », selon saint Basile. Il n'y a rien à comprendre, sinon cultiver l'émerveillement devant cette beauté qui est, comme le dit si bien un soufi : une sorte de « cristallisation de la joie universelle. »
Un des ascètes les plus sévères parmi les ascètes, saint Jean Climaque, disait qu'il faut « aimer Dieu comme un fiancé aime sa fiancée. Il n'y a que cela.... Tout le reste ne compte pas, est inexistant ! » Il s'agit donc de s'éveiller à l'amour...
« Aime et fais ce que tu veux » dit saint Augustin.
Ce qui caractérise l'amoureux, c'est la qualité de l'attention qu'il porte à la bien aimée...Une attention sans tension. Une présence respirante et calme. Il s'agit donc de recueillir notre mental dispersé et bruyant et de le ramener là il doit siéger : dans le cœur. Le siège de l'esprit n'est pas la tête ; la tête est le siège des pensées... donc du bruit dans 98 % des cas, car 98 % d'entre elles sont compulsives, inutiles et répétitives !
L'esprit (le noûs) est silence ; ce silence du coeur-esprit est ce qu'on appelle un « cœur pur ». Quand le cœur devient pur, commence alors l'unification de l'être tout entier (esprit, âme, corps) qui est appelé intégralement à la connaissance illuminante et à l'amour unitif. Le coeur-esprit est le centre physique et spirituel à la fois et le lieu de jonction entre la nature et la grâce déifiante. La foi orthodoxe ne se définit jamais en terme d'adhésion intellectuelle, mais relève de la métanoïa radicale du « noûs », de l'esprit qui revenu dans le lieu du cœur, retrouve l'évidence et la certitude du lien organique avec le divin.
On pourrait parler de la « sensation du transcendant ». Le chemin, disait Graf Dürckheim, est cette ouverture, cette transparence corps-âme-esprit à la « Transcendance intérieure. » Saint Macaire d'Egypte parle de la « sensation spirituelle », charisme de la saisie de la présence divine. Saint Grégoire de Nysse l'appelle « sentiment de la parousie » et parle du « sentiment de Dieu » et du « sens de Dieu » : « Il y a, dit-il, un certain toucher de l'âme par lequel elle touche le Verbe ». Saint Maxime le nomme « sensation supérieure » et dit : « J'appelle l'expérience le savoir même en acte qui advient au-delà de tout concept, participation à l'objet, qui se révèle au-delà de toute pensée. » Pour saint Syméon, théologiser, c'est raconter ce qu'on voit au moyen de la lumière divine ; c'est traduire en terme théologiques la communion avec Dieu, relater son contenu ».
Puisse ce temps pascal, temps de grâce et de fécondité spirituelle, nous ramener un peu plus à la véritable connaissance de Dieu qui est le but ultime de toute existence. « En dehors de Moi, dit le Christ, vous ne pouvez rien faire ». Il nous faut avec confiance et détermination, quelques soient nos hésitations et nos doutes, chercher « d'abord » le Royaume des cieux et Sa justice... et tout le reste nous sera donné par surcroît.
Christ est ressuscité !
Père Francis
Prière
Seigneur Jésus-Christ, Fils engendré de l’Inengendré, nous Te supplions, que notre foi en ta résurrection nous présente intacts devant Toi après ce siècle. Que cette foi ne connaisse ni le doute qu’engendre la paresse de l’esprit, ni l’erreur que nourrit une téméraire curiosité. Gardes-en ton Nom ceux que Tu as rachetés par ton Sang précieux, laisse-Toi contempler à nos sens, et daigne pénétrer notre cœur. A toi louange et gloire avec le Père et l’Esprit Saint, maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen.
Collecte du 1er dimanche après Pâques
Texte à méditer
Le Christ a souffert une fois la mort pour nos péchés, le juste pour les injustes afin qu’Il puisse nous offrir à Dieu, étant mort en sa chair, Il est ressuscité par l’Esprit.
Saint Pierre, 1ère Epître 3, 18
En mai 2021,
dans la mesure où la situation sanitaire le permettra,
nous espèrons vivre à Béthanie… :
Do-in, eutonie et méditation :
le corps comme porte d’accès à la paix du cœur
La paix du cœur est la condition de la rencontre avec le divin en nous. Par des exercices simples, au repos et en mouvement, nous développerons notre conscience corporelle et favoriserons les processus naturels de régulation et de régénération de notre organisme. Ainsi nous créerons les conditions de l’ouverture à l’espace apaisé en nous, source de notre vitalité.
Du vendredi 7 (19 h) au dimanche 9 mai 2021 (16 h 30)
Rencontre avec Jacqueline Kelen
Le vin et la danse des amoureux de Dieu
Le vin et la danse font tourner la tête et, parfois, perdre la raison – d’où les images d’allégresse, d’exaltation et d’amour fou qu’ils font naître chez beaucoup de mystiques juifs, chrétiens et musulmans. Le roi David, saint François, Rûmi nous entraînent dans leur ronde. Origène, Isaac le Syrien, saint Bernard, Hâfez et Marguerite Porete célèbrent la « maison du vin » et la « sobre ivresse ».
Du samedi 15 (9 h) au dimanche 16 avril 2021 (16 h 30)
Atelier d’icônes
Cet atelier se veut une approche de l’icône par sa réalisation. Le mystère de l’icône n’est autre que celui du Christ lui-même : « Qui me voit, voit le Père ». Qui voit l’icône est mis en présence de celui, de celle ou de ce qu’elle représente. Celui qui peint une icône, dans la prière, à travers lignes et couleurs, se rend participant, acteur et témoin de cette épiphanie. Il n’est pas demandé de compétences particulières en matière de dessin ou de peinture, seulement des qualités telles que la patience et la persévérance.
Du mercredi 19 (9 h 30) au samedi 22 mai 2021 (16 h 30)
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BETHANIE, Prieuré Notre-Dame et St-Thiébault, 57680 GORZE