Le Notre Père n’est pas une prière comme les autres : c’est la prière que l’Evangile nous transmet. Elle vient de Jésus lui-même.
Notre Père
Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal.
L’origine du Notre Père
C’est Jésus lui-même qui nous l’a enseigné. Non pas en nous donnant une liste de formules à apprendre par coeur, mais par son exemple. Luc et Matthieu présentent cette prière, chacun à leur manière. Matthieu l’inclut dans l’enseignement du « Sermon sur la montagne », juste après deux avertissements : « Ne priez pas comme les hypocrites », et « Ne rabâchez par comme les païens ». Luc raconte que les disciples, impressionnés par l’attitude de Jésus en prière, lui ont demandé : « Apprends-nous à prier ». Le Notre Père est aussi un texte tissé d’expressions bibliques, qui rappelle le Kaddish, une très ancienne prière juive de sanctification du Nom du Seigneur.
Comment le Notre Père est-il arrivé jusqu’à nous ?
Jésus l’a prononcé dans sa langue, l’araméen. Puis les évangiles de Luc et de Matthieu ont été rédigés en grec. Le Pater Noster, sa traduction en latin, a été longtemps utilisé à la messe. A la suite du Concile Vatican II, le Notre Père actuel a été écrit, à partir du texte grec, en collaboration avec les chrétiens orthodoxes et protestants. C’est alors que l’acclamation :
« car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire », utilisée dès le IIe siècle en Orient, mais tombée dans l’oubli en Occident, a été ajoutée.
Le Notre Père a d’abord été prié en privé. Les nouveaux baptisés n’étaient autorisés à l’apprendre que peu de temps avant leur baptême. Ce n’est qu’au IVe siècle qu’il a été intégré à la liturgie eucharistique : l’évêque de Carthage, Cyprien, s’étonnait : « Nous prions au pluriel, donc pas chacun pour
soi ! ». Ainsi, sur la voie tracée par Jésus, voie de liberté, le Notre Père, prière chrétienne par excellence, n’a cessé de trouver des mots nouveaux.
Que contient cette prière ?
C’est une prière de demande en deux parties inséparables. D’abord les « grands désirs », l’appel à Dieu : le nommer, souhaiter son règne, lui faire confiance. Puis la cause de l’homme : ses besoins essentiels, sa faiblesse, sa libération. Dieu et l’homme sont ainsi inséparables. La prière d’aujourd’hui contient en tout sept demandes, selon le texte de Matthieu. La version de Luc, plus synthétique, n’en présente que cinq.
Cette prière nous apporte cette nouveauté : Dieu est notre Père. Nous « osons le dire », nous adresser à lui en termes familiers, comme à un Père qui nous aime, et qui a la tendresse d’une mère. Nous sommes alors enfants de Dieu.
Cette prière nous sort de notre isolement : nous sommes avec le peuple de Dieu.
Dire le Notre Père est une aventure qui nous renvoie sans cesse à l’Evangile, Bonne Nouvelle de confiance et de libération. Le Notre Père, modèle de la prière chrétienne, s’adapte aux possibilités et aux limites de chacun dans sa relation à Dieu qui est toujours à l’écoute.
Il se divise en 3 grandes parties :
la louange de Dieu « Notre Père qui es au cieux »
les vœux « que ton nom soit sanctifié, que ton Règne, que ta volonté… »
les demandes « donne-nous aujourd’hui, pardonne-nous, ne nous soumets pas, délivre- nous ».
Découverte pas à pas
NOTRE PERE :
Dieu est comme un père qui aime ses enfants. Comme un père, il donne vie, nous accompagne, Il nous guide sur le chemin de la vie…
Il nous donne ce qui est bon pour nous.
Il est un peu comme un papa qui s’allonge sans rien dire auprès de son enfant juste pour lui dire : » Tu n’es pas seul, je suis avec toi… »
QUI ES AUX CIEUX :
Aux cieux
C’est une façon de dire : « Notre père qui est Dieu ». S’il n’est pas un père de famille, il n’est pas pour autant loin de nous. Présent partout, il ne se laisse pas enfermer dans le monde. Il l’enveloppe comme le ciel enveloppe la terre.
Bien sûr, il ne vit pas dans le ciel ! Etre aux cieux, c’est être plus grand que tout, dépasser tout ce que l’on peut imaginer. Mais je sais que son Amour est plus grand, plus haut, plus fort, que tout l’amour que je pourrai rencontrer ou mettre sur terre.
Il est un peu comme le ciel, il dépasse tout, il est infini.
QUE TON NOM SOIT SANCTIFIÉ :
Sanctifié
Dieu seul est saint. Il doit être reconnu comme tel, car il est le seul qui aime jusqu’au bout. Nos actes et nos paroles doivent en être les témoins, les signes de la sainteté de Dieu.
«Sanctifier = Dire de quelqu’un qu’il est saint.»
Que Ton Nom soit sanctifié signifie = que tous sachent que tu es Saint !
Mais pour que tout le monde sache que Dieu est saint, ça ne se fera pas tout seul, il faut que je le dise autour de moi.
QUE TON REGNE VIENNE :
Ton règne
Amour, justice et liberté sont notre espérance. Ce règne de paix est annoncé par la Bonne Nouvelle, qui appelle les hommes à vivre d’accueil et de partage, pour que ce règne de justice et de liberté se réalise dans le monde.
De même, le Règne de Dieu ne tombera pas du ciel comme ça. Et pour que cet amour de Dieu rayonne sur le monde, on peut déjà commencer à faire fleurir un peu de ce règne en semant des petites graines d’amour dans nos petits groupes : en famille, au caté, à l’école, au travail… Ne jamais oublier que sur ce chemin nous ne sommes jamais seuls.
Le Règne de Dieu, c’est l’amour et la paix. « Que ton Règne vienne » est un appel de Dieu à laisser grandir son Règne = son amour en nous et à l’éparpiller autour de soi.
QUE TA VOLONTE SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL :
«Que ta volonté soit faite», c’est une phrase difficile à dire…
Souvent, je préfère faire ma volonté… et aimer les gens que j’ai envie d’aimer… Lorsque je dis : « Que ta volonté soit faite », j’ai un peu peur de ce que Dieu va me demander, vers qui il va m’inviter à marcher ? Qui va t-il m’envoyer à aimer ?
Dire « que ta volonté soit faite », c’est se laisser conduire par Dieu sur le chemin. C’est dire aussi « que ta volonté soit faite en moi »
C’est laisser Dieu agir en nous, tout près, sur la terre où je vis, où je ris, où je pleure… pour que la volonté de Dieu sur la terre approche celle qui est dans les cieux.
DONNE-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN DE CE JOUR :
Notre pain
Il ne s’agit pas seulement du pain de l’Eucharistie. Nous parlons en tant qu’hommes pour oser demander ce qui nous est vital. Dans le texte grec, c’est un cri. Autant que de pain, nous avons aussi faim et soif de justice : « Donne-nous de quoi nourrir notre espérance ».
Dieu donne ce qui est bon pour vivre : La patience, l’écoute, l’amour, le pardon, tendresse, écoute, chaleur, réconfort, générosité, miséricorde, paix, respect, tendresse, partage, don, service, confiance,…accompagnement…. Et cet Amour peut devenir notre pain quotidien, notre nourriture, c’est à dire ce qui est nécessaire pour que nous puissions vivre chaque jour notre vie d’enfant de Dieu. Il donne généreusement, inlassablement… Il donne aujourd’hui : maintenant, là, en ce moment, en cet instant où nous vivons !
Le « pain » peut être différent pour chacun (Exemples : Aujourd’hui, je vais au caté ; on va me demander de partager : je vais demander à Dieu la force de partager. Il y a un enfant dans le groupe que j’ai du mal à aimer : je vais demander à Dieu la force de me rapprocher de lui. J’ai toujours envie de parler de moi ; les autres ne m’intéressent pas : je vais demander à Dieu la force de regarder vers l’autre et de l’écouter…). Chacun cherchera quel
« pain » il est important pour lui de demander à Dieu.
« Donne-nous notre pain de ce jour », c’est demander à Dieu, chaque jour ce qui nous manque pour vivre de sa Vie d’Amour ! Ce pain peut aussi être celui de l’eucharistie. L’eucharistie peut nous aider à mieux aimer son prochain.
PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES :
Pardonne-nous
Quoiqu’il arrive, Dieu nous pardonne. Il nous invite ainsi à pardonner. Il n’en fait pourtant pas une condition à son propre pardon, qui nous est toujours ouvert.
Prise toute seule, la phrase peut paraître curieuse… Comment douter un seul instant que Dieu puisse ne pas pardonner ? Cette phrase ne doit pas être séparée de la suivante…
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés :
Dieu nous demande de pardonner à notre prochain comme Dieu nous pardonne. Dieu nous pardonne toujours, il ne faut pas en douter : c’est ce que nous dit la seconde partie de la phrase.
Mais, avant d’arriver devant Dieu, nous avons tout un chemin à parcourir. Et sur ce chemin, nous pouvons être freinés, arrêtés même, par notre lourd fardeau : Tous nos manques d’amour, nos manques de regard vers les autres, mais aussi ce poids pesant qu’est le refus de pardonner.
Car « notre » Père c’est aussi le Père de celui à qui je ne veux pas pardonner et ce n’est qu’ensemble et dans la paix que nous marcherons vers Lui.
Mais comment pardonner ? Parfois, c’est vraiment très difficile ! Peut-être pouvons-nous déjà commencer par reconnaître nos manques, notre pauvreté, notre dénuement… Les faiblesses des autres sont aussi les nôtres…
Ensuite, ne pas désespérer. Se tourner vers Dieu qui est toujours là et qui nous donne le pain utile pour ce jour… Pourquoi ne pas lui demander la force du pardon ?
Cette phrase est en fait une demande à Notre Père, de nous aider à pardonner, à pardonner à ceux qui m’ont offensé, à aimer mes ennemis,
ET NE NOUS SOUMETS PAS A LA TENTATION :
Ne nous soumets pas
Nous sommes tentés, tous les jours, de nous éloigner de Dieu.
Par exemple, en nous croyant intouchables, en étant fermés aux autres. C’est parfois plus confortable. Nous demandons à Dieu de nous éviter ce risque : « Ne m’engage pas dans la vie apparemment facile de ma destruction ».
Tous les jours, nous sommes tentés de ne pas aimer son prochain. C’est si facile de ne pas aimer l’autre, de le juger, de le mépriser, de l’écraser, de le blesser avec des mots méchants, avec des gestes, ou tout simplement en étant indifférent, en l’ignorant.
Mais attention, ce n’est pas Dieu qui nous soumet. Au contraire, sur le chemin qui mène à Lui, nous sommes libres : libre de dire « oui », « non », « oui, mais…», « non, sauf si…» Nous éprouvons la tentation de fuir, de faire demi-tour, de s’arrêter, de se replier, de vivre sa vie pour soi, de regarder certains mais pas d’autres.
Dire « ne nous soumets pas à la tentation » c’est, demander à Dieu de nous aider à combattre cette tentation de ne pas aimer.
MAIS DELIVRE-NOUS DU MAL :
C’est demander à Dieu de nous libérer de tous nos poids, de nos obscurités, de nos égoïsmes, et de nous faire entrer dans sa Lumière… Le Notre Père est une marche ; une marche aboutissant à un pays où il n’existe ni mal, ni haine, ni séparation… Mais où le Royaume est là… comme un nouveau jour qui se lèverait…
Dans Le Notre Père, nous émettons un grand et beau souhait : nous prions pour que le monde dise son « oui » à l’Amour de Dieu (Que Ton Nom soit sanctifié, que Ton Règne vienne, que Ta Volonté soit faite )… Nous sommes aussi conscients que la construction du Royaume ne se réalisera pas sans nous (d’où la difficulté, car nous sommes bien faibles d’amour). Mais nous savons aussi que Dieu n’abandonne pas l’homme. Alors, nous Lui demandons le Pain (générosité, douceur, patience,…), la force du pardon, le courage de ne pas abandonner et de toujours persévérer (aide-nous dans la tentation)…
Notre demande d’aide sera à renouveler chaque jour, tout simplement parce qu’un jour nous manquerons de patience, un autre d’écoute, un autre de mots, de compréhension…
Monique Jacquet (paroisse Saint Vincent en Lignon)
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