Une discussion animée résonne dans les enfers : l’Hadès, le dieu maître des enfers, enjoint à Satan de ne pas laisser le Christ descendre dans son royaume !
Car le seigneur des ténèbres a déjà expérimenté la force du Seigneur du monde à l’occasion de la mort de Lazare : « Il y a peu de temps, j’ai englouti un mort nommé Lazare, et peu après, l’un des vivants, par la parole seule, l’a violemment tiré de mes entrailles (…).
Si donc nous le recevons ici, je crains que pour les autres aussi nous ne soyons en danger (…).
Car je pense que c’est pour ressusciter tous les morts qu’il vient ici. Et je te le déclare : par les ténèbres dont nous sommes maîtres, si tu l’amènes ici, aucun des morts ne me sera laissé » (1).
L’Hadès, figuré par un personnage ailé aux teintes sombres, est écrasé et à moitié masqué par les portes démontées des enfers.
Deux anges sont en train de l’enchaîner soigneusement, illustrant ainsi la fin de l’Histoire, à savoir la victoire sur la mort.
C’est ce sens théologique que l’Orient byzantin et orthodoxe, qui fête Pâques ce 2 mai (2), représente dans la scène de l’Anastasis : le Christ mort sur la croix descend aux enfers pour sauver toute l’humanité et en ressort emmenant avec lui tous les justes qui l’attendaient.
Revêtu de superbes habits lumineux, il se tient en équilibre élégant sur les portes désormais démolies et se penche dans un geste ample, rappelant la proskynesis (vénération aux icônes) qui, dans cette tradition, exprime la dévotion profonde des fidèles. Il saisit sans hésiter par les poignets Adam et Ève, les premiers parents, derrière lesquels on entrevoit Abel avec son bâton.
Le regard qu’échangent le Christ et Adam est émouvant, le dialogue entre leurs yeux est direct – thème rare dans l’iconographie byzantine-orthodoxe – et instaure une rencontre intense.
Dans le registre inférieur se trouve peinte une scène exceptionnelle : Jean Baptiste est en train d’annoncer aux justes de l’Ancien Testament, parmi lesquels il est possible d’identifier les rois David et Salomon, que les antiques promesses des prophètes sont accomplies en Christ, le Messie attendu depuis longtemps.
C’est la traduction iconographique de ce récit de l’Évangile de Nicodème, évangile apocryphe. Jean est placé juste en dessous, à la verticale, du Christ, l’homme dont il n’était « pas digne de délier les sandales », qu’il est le premier à avoir reconnu comme étant le fils de Dieu, et dont il annonce maintenant la résurrection.