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29 juin 2021 2 29 /06 /juin /2021 19:21

Chers amis,

 

« FILS DE L'INSTANT » J'ai trouvé cette expression dans le monde de la tradition soufie. Cela indique à coup sûr que ceux-ci se situent dans le présent de Dieu sans s'occuper ni d'hier, ni de demain, et ce présent n'est autre que la « résonance » de l'unité de la vie ici et maintenant.

Si le soufi est bien « le fils de l'instant », il doit par la même, précise la tradition, être « fils de l'événement », c'est à dire qu'il doit adhérer totalement à ce qui est et sauvegarder à la fois l'âme individuelle ( sa propre présence) et l'Âme universelle ( la présence à la création en apparence extérieure à lui).

De nos jours, la « filiation » dans et par l'Instant présent nous est de plus en plus étrangère. L'homme ne contemple plus ou trop peu, il vit submergé sous un flot d'informations sans structures. Il pense trop et mal et tourne en rond dans le labyrinthe du mental. L'homme attend de l'avenir une solution à la détresse du présent. Il se projette plus tard et ailleurs. «  Si tu ne trouves pas la vérité à l'endroit où tu es, où espères-tu la trouver ? »  demande maître Dögen.

A l'endroit où je suis maintenant : qui est là ? Qui suis-je à l'instant ? A travers tous mes personnages...qui demeure ? Demeure le « fils de l'instant ! »  « Fils » veut dire que je suis engendré par CE moment, et en fait, rien d'autre que CE moment ne peut m'engendrer à la vie. D'où l'importance, dans toutes les traditions, de la vigilance, laquelle est proportionnelle à la détente, possible grâce à la présence au corps.

« Le Seigneur m'a dit : tu es mon fils ; aujourd'hui je t'engendre. » (Texte du chant d'introduction de la messe de la nuit de Noël.) Aujourd'hui... Présent absolu ! L'art d'être dans l'instant présent est un engendrement à la Vie. C'est le « passage » ( Pâques ) ; la voie « étroite et resserrée » dont parle le Christ, et peu nombreux ceux qui la trouve ajoute-t'Il. ( Surtout dans un monde où la « distraction » est érigée en système de survie ! ) En fait, l'homme est ce qu'il est, et dans le christianisme, son programme est de « rendre grâce en tous temps et en tous lieux ». Cette vocation est inscrite en nous. Pourtant l'homme reste libre de dire « non » à cette vocation, d'étouffer sans cesse cette énergie de joie qui l'habite dès qu'il loue et rend grâce.

Nous sommes créés à l'image de Dieu qui « insuffle » en nous Son haleine de vie, Son haleine de joie. «  Adonaï Elohim forme le glébeux - Adâm, poussière de la glèbe - Adama. Il insuffle en ses narines haleine de vie : et c'est le glébeux, un être vivant. » Génèse 2;7 (Traduction André Chouraqui.)

Dieu insuffle Son souffle. Ce Souffle c'est l'Esprit de Dieu, Son image et le glébeux devient un être vivant, c'est à dire capable d'entrer en relation avec Dieu par son esprit (ou être essentiel suivant la terminologie de Durckheim.)

Etre vivant dans ce sens, c'est accomplir la vocation qui est la nôtre, de devenir Dieu par grâce. C'est la grande thématique de la déification dans notre tradition, elle est au cœur de notre spiritualité. Être vivant est un mouvement et une métamorphose... « une transformation en présence de Dieu » suivant l'expression bénédictine qui décrit la finalité de toute évolution spirituelle.

L'homme est un animal, dont la vocation est d'accomplir le chemin de l'union du crée et de l'incréé, par la puissance d'amour reçue en ses narines d'Adonaï Elohim....Ce Souffle, nous engendre à notre vocation à chaque instant. C'est véritablement donc devenir « fils de Dieu » ou « fils de l'Instant », seul moment ou peut se faire la rencontre. Comme nous l'avons déjà signalé, la vigilance est proportionnelle à la détente corporelle et point de détente sans immersion dans la sensation corporelle...

C'est dire l'importance de la perception, qu'elle soit sensitive, auditive, visuelle, la voie qui mène à Dieu s'ouvre par la perception et non par la pensée discursive. Dieu est présent mais nos sens sont absents...  « Ils ont des yeux mais ils ne voient pas, des oreilles et ils n'entendent pas... » dit Jésus. Une des portes d'accès vers le royaume des cieux, qu'il faut d'abord chercher dit Jésus, c'est le corps.

Cependant, notre corps et notre âme sont inséparables. « Le corps sans l'âme ne peut rien réaliser » dit Nicolas Stethatos. « Le corps a besoin de l'âme pour vivre et se mouvoir, tandis que l'âme a besoin du corps pour se manifester, s'exprimer et agir sur le monde extérieur. » ajoute saint Grégoire de Nysse.

C'est donc « corps, âme et esprit », c'est à dire de « tout son cœur », que l'homme accomplit son chemin de vie et se relie à Dieu, à lui-même, aux autres et à toute la création. La manière d'être là dans le corps affirme ou non le lien vivant qui me relie à Dieu et à la profondeur mystérieuse de Sa présence en moi.

Dieu s'incarne en nous de manière unique et irremplaçable. La personne que nous sommes en Dieu est irréductible. Elle contient toute la nature créée de manière unique et lui donne toute son envergure et son déploiement. C'est une œuvre de beauté, qu'on appelle la gloire divine, et cette œuvre c'est nous !

Nous sommes donc une création incomparable, appelée à la communion avec d'autres personnes incomparables dans l'unité de notre nature humaine restaurée par le Christ. C'est l'union des personnes uniques, dans une seule nature, à l'image de la divine Trinité. « Bénie soit la sainte Trinité, l'indivisible unité, éternelle, immortelle, invisible, à laquelle soit honneur et gloire aux siècles des siècles. Amen. » C'est ainsi que débute la liturgie orthodoxe. C'est dans cette bénédiction que tout prend sens et que notre vie se déploie.

Avec toute mon affection en Christ !

Père Francis

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