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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 20:13

La parcelle où doit voir le jour le Clos Saint-Gabriel est située au lieu-dit Le Meslier, dans le quartier Saint-Maurice de L'Île-Bouchard. Dix-sept pavillons avec vue sur le clocher de l'église Saint-Maurice.
© (Photo NR, Julien Pruvost)

Fraîchement créée, l’agence immobilière Monasphère se lance dans la construction de quartiers destinés à la communauté catholique. Une initiative nationale dont la première pierre devrait être posée cet été, à L'Île-Bouchard.

"Au cœur de la Touraine, sous le voile de la Vierge et à l’ombre de l’Ange." C’est en ces termes qu’est présenté sur Internet un projet pas comme les autres qui va prochainement voir le jour à L’Île-Bouchard : le Clos Saint-Gabriel. Un hameau de dix-sept maisons de 84 à 180 m2, avec son parvis, sa halle et un jardin partagé.

"Allier vie spirituelle et vie à la campagne"

Derrière ce projet se cache Monasphère, une agence immobilière créée fin 2020 par Damien Thomas – ancien directeur du Sanctuaire Louis et Zélie Martin, à Alençon – et Charles Wattebled, ancien musicien professionnel formé à la maîtrise de Notre-Dame de Paris.

Leur but : créer des lotissements à proximité de lieux de culte. De véritables oasis pour familles chrétiennes pour "allier vie spirituelle et vie à la campagne".

Les deux jeunes entrepreneurs ont alors jeté leur dévolu sur L’Île-Bouchard et une parcelle du Meslier, dans le quartier Saint-Maurice – à un kilomètre de l’église Saint-Gilles, lieu des apparitions de la Vierge Marie en 1947 –, pour voir leur vœu s’exaucer. Pour ce faire, pas moins de cinq millions d’euros seront nécessaires.

"Plusieurs investisseurs nous soutiennent et nous permettent d’avoir les fonds propres", assure Damien Thomas. Notamment Pierre-Édouard Stérin, créateur de l’entreprise Smartbox et ses célèbres coffrets cadeaux. De quoi observer l’avancée du projet avec confiance.

Vue aérienne de ce à quoi va ressembler le Clos Saint-Gabriel une fois celui-ci construit. Un village dans le village du Meslier

2.500 dossiers téléchargés et les premiers résidents attendus pour 2024

Après avoir acheté le bout de terrain en juin 2021, présenté le projet en mairie et se l’être fait valider par l’architecte des Bâtiments de France, Monasphère n’attend plus que le permis de construire. Elle espère ainsi voir la pose de la première pierre au début de l’été prochain, et l’accueil des premières familles, au plus tard dans le courant du premier trimestre 2024.

Alors que le projet ne sera officiellement lancé que lundi 17 janvier, avec la possibilité de pré-réserver en ligne, Damien Thomas fait état d’un "intérêt assez fort" pour intégrer le Clos Saint-Gabriel. "Pas moins de 150 personnes nous ont déjà contactées, on compte pas moins de 13.000 visites en trois semaines sur la page de notre site internet et 2.500 dossiers téléchargés."
 

Cent "sphères" chrétiennes d'ici dix ans
Premier grand projet immobilier de l’entreprise Monasphère, le hameau du Clos Saint-Gabriel à L’Île-Bouchard doit être le premier d’une longue série. Six ou sept autres projets de cette nature sont dans les cartons de l’agence immobilière, dont un dans l’Indre. "Mais c’est encore trop tôt pour en parler car le sanctuaire n’est pas encore engagé", coupe Damien Thomas. L’objectif serait alors d’ouvrir cent "sphères" chrétiennes d’ici dix ans.

Un dossier resté confidentiel qui pose question
Pourquoi L’Île-Bouchard s’est imposée comme le site pilote d’un projet sans précédent ? La question a été posée à Damien Thomas. "Ce n’est pas la première commune à laquelle on avait pensé, reconnaît l’intéressé. Ce sont des Bouchardais qui nous ont sollicités." Pas la communauté de l’Emmanuel – gestionnaire de l’église Saint-Gilles et jusque-là propriétaire de la parcelle où va voir le jour le Clos Saint-Gabriel –, assure-t-il. "Mais une personne un peu publique."

Les regards se tournent alors vers François de Laforcade, paroissien dédié au Sanctuaire de L’Île-Bouchard – auparavant en charge de l’immobilier pour la communauté de l’Emmanuel – et, depuis 2020, premier adjoint au maire, chargé de l’urbanisme. "Je n’y suis strictement pour rien dans ce projet", lâche l’intéressé, rejetant ainsi tout conflit d’intérêt (2).

Conseiller municipal d’opposition, Guy Jouteux ne se dit, lui, pas dupe : "Certaines personnes le perçoivent comme étant une mainmise de plus en plus importante de la communauté de l’Emmanuel sur le village de L’Île-Bouchard." La maire de la commune, Nathalie Vigneau, se garde bien de prendre partie dans cette affaire sur laquelle elle n’est pas décisionnaire.

Gérée par la communauté de l'Emmanuel et lieu d'apparition de la Vierge Marie en 1947, l'église Saint-Gilles a motivé la création du projet de Monasphère à L'Île-Bouchard.
© (Photo NR, Julien Pruvost)

Un pansement pour une commune qui perd des habitants

D’autant qu’avec une perte continue de sa population (1) qui lui a récemment coûté une classe, l’élue aurait tort de s’opposer à un tel projet. "Je ne vais pas renier dix-sept familles supplémentaires sur la commune, au contraire, confirme-t-elle. Si ça peut faire augmenter la population et accueillir des enfants dans nos écoles, ce n’est que bénéfique pour nous."

Depuis sa présentation à l’issue du conseil municipal, en novembre dernier, ce projet du Clos Saint-Gabriel marque autant par son aspect religieux que par sa confidentialité.

"Dans la commune, personne n’en parle parce que personne ne le sait", reconnaît Nathalie Vigneau.

"Il n’y a pas de mauvais échos, mais le "catho" dérange, souffle une fidèle de la paroisse, qui voit ce projet comme la providence. Outre les écoles qui vont se développer, on peut imaginer de nouveaux commerces, de la restauration ou des gîtes dans le quartier Saint-Maurice. Ici, on n’attend que ça !"

"On a la volonté ferme et farouche de respecter l’architecture régionale et de s’inscrire dans le paysage local", explique-t-on chez Monasphère. L'agence immobilière assume l'aspect communautariste du projet mais le dit "ouvert à tous".
© (Crédit photo, Monasphère)

"Ça pourrait permettre de refaire les voiries, d’améliorer l’accès Internet"

Si chez Monasphère, on assure avoir rencontré les futurs voisins des résidents du Clos Saint-Gabriel, Sabrina – locataire du pavillon n°14 au Meslier – confie, elle, ne pas avoir eu vent du projet qui va sortir de terre sur la parcelle juste à côté de chez elle. "J’étais dans l’optique d’acheter…

Ce projet pourrait remettre beaucoup de choses en question, lâche-t-elle dans un premier temps, avant de relativiser. Ça pourrait aussi permettre de refaire les voiries, d’améliorer l’accès à Internet, etc. Et puis, tant que l’on s’entend bien avec nos voisins…"

Interrogé sur l’aspect communautariste du projet, François de Laforcade l’admet : "Ça peut être perçu comme tel, mais une mixité va se faire."

Même son de cloche chez Monasphère, où l’on assume la communication faite auprès des hebdomadaires et quotidiens chrétiens.

"On a une base où il y a beaucoup de chrétiens, mais pas que, tempère Damien Thomas. On fonctionne comme un promoteur normal. Le premier qui pose une réservation sur une des maisons, signe le contrat de réservation et pose l’acompte de 2 % aura la maison. On est ouvert à tous. On ne va pas demander aux gens s’ils se signent à la messe le dimanche pour acheter une maison !"

(1) Selon l’Insee, L’Île-Bouchard comptait 1.527 habitants en 2019, soit une baisse d’1,2 % par rapport 
à 2013.

(2) Monasphère confirme les propos de François de Laforcade, assurant que celui-ci n'est pas à l'origine du projet à L'Île-Bouchard.

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