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13 février 2022 7 13 /02 /février /2022 20:30

Ce texte de l’Evangile s’ouvre sur une image bien connue, extraordinaire, qui fait le diagnostic tout à coup de l’histoire humaine, parce que le nom de cette ville Naïm, (Naïn comme certains l’écrivent) signifie en français : le bonheur.

C’est la ville du bonheur. On voit une foule qui monte vers le bonheur, une foule qui en sort, portant la mort et c’est un diagnostic extraordinaire pour toute l’histoire de l’humanité, parce que ce soit l’histoire universelle ou l’histoire la plus personnelle, il n’y a que cela qui se passe à chaque instant – qu’on le sache ou qu’on ne le sache pas – qu’est ce que nous faisons ?

Nous cherchons qu’on le veuille ou non et nous le voulons même si ce n’est pas avoué. On cherche toujours le bonheur, à travers tout. 

On cherche la cité de la joie et combien prennent le sens inverse mais pour les mêmes raisons, parce que les moyens qu’ils utilisent sont porteurs de mort.

Et je dirais, qu’à chaque instant, et c’est l’importance de l’instant, c’est de savoir où nous allons.

Le Saint, et nous célébrons Saint Rémi, c’est quelqu’un qui par excellence a toujours su où se trouvaient ses motifs.

Quand on n’est pas motivé, quand on ne connaît pas foncièrement le motif pour lequel on fait une chose plutôt qu’une autre, on est toujours manipulé par les esprits, on est porteur de mort. Et bien cela, Jésus ne le supporte pas.

C’est la deuxième image de cet Evangile.

Jésus qui monte avec la foule vers la cité de la joie, Il est la direction vers la joie. Il emmène les disciples, tous ceux qui sont disciples sont cheminés par Lui qui est le chemin vers la joie.

Où voulez-vous qu’on aille ? puisque nous ne soupirons que vers cela.

Et bien, voilà, qu’Il croise l’autre foule, porteuse de mort et Il ne supporte pas cela,

Lui qui est Amour incarné , Lui qui est la Joie en personne. Il ne supporte pas que l’homme soit mort, qu’il pleure la mort, qu’il soit triste dans cette descente vers la vallée de la mort, alors qu’est ce qu’Il fait ?

Il arrête la procession funéraire et funèbre. Il l’arrête.

Le texte dit qu’Il est pris et c’est intraduisible toujours ce texte. On dit qu’Il est ému.

En hébreu c’est tout à fait autre chose : «  Il a les entrailles remuées » parce qu’Il ne supporte pas que l’homme souffre, que l’homme se perde, que l’homme meurt ; Il l’a créé pour la plus grande des plénitudes de joie et de bonheur.

L’homme n’est pas créé pour mourir et souffrir.

Il dit déjà, à travers le poète Isaïe :
« Est ce qu’une femme peut oublier son nourrisson ? Ne plus aimer le fils de ses entrailles ?

Même, dit Dieu, même si une femme était capable d’oublier, Moi, Je ne t’oublierai jamais.

C’est une impossibilité viscérale pour une mère parce que son enfant fait partie de sa chair profonde.

Son amour matrice est pour nous, pour chacun, le symbole de la certitude absolue que Dieu nous aime au delà de tout ce que l’on peut humainement concevoir. Ca n’entre pas dans notre petite conscience.

L’alliance que Dieu offre à l’homme est à jamais indéfectible, même si tout s’écroule, et certains jours on a l’impression que vraiment rien ne va plus autour de nous, et que nous sommes dans un univers de mort, que la mort nous emmène comme un fleuve. Jamais l’amour de Dieu nous abandonne.

Devant cette vie dans laquelle nous ne cessons de nous jeter, Jésus vit dans sa chair maternelle (Dieu est autant Père que Mère à travers tous les textes).

Dieu dans sa chair maternelle, qui est incarné en Jésus Christ, et bien Il vit ce que les grands prophètes nous ont annoncé, que ce soit Isaïe que je viens de citer, Osée, Moïse et tous les autres.

Par exemple : « Mon cœur se retourne en moi. »

Quand on laisse vivre cela, un peu dans sa méditation profonde, que Dieu a le cœur retourné, « Toutes mes entrailles frémissent » dit-Il « Avec une tendresse éternelle, j’ai pitié de toi », « J’ai vu la misère de mon peuple » dit-Il à Moïse déjà « J’ai prêté l’oreille à sa clameur », « Je connais ses angoisses », « Je suis résolu à le délivrer ».

Mais quand nous souffrons, quand nous portons un souci, un problème, quand quelque chose ne va pas, c’est cela qui arrive. Dieu me dit cela.

C’est aujourd’hui ou alors la Parole n’est pas éternelle, elle n’est pas de Dieu et cela suppose que nous sachions ces textes par cœur, par le cœur.

En Jésus, cet amour absolument fou de Dieu entre dans notre propre chair.

En Lui cette infinie tendresse divine nous enveloppe, nous pénètre.

En Jésus, on peut dire qu’on voit vraiment le cœur de Dieu à fleur de peau.
Jésus, c’est Dieu incarné : c’est dans sa chair, à fleur de peau, qu’on peut voir, maintenant toucher, contempler cet amour fou, quand Il me croise sur le chemin, et encore une fois c’est le sens dernier et profond de l’instant.

L’instant c’est la croisée de l’éternité et du temps.

C’est le point de croisement de toute croix, c’est la croisée des chemins, et à chaque instant, Jésus me croise, comme c’était le cas de la veuve de Naïm qui pleurait la mort, le Fils, c’est à dire tout ce qu’elle faisait.

Le Fils, c’est ce qui sort de nous. Ce sont nos œuvre, qu’on soit dans les grandes ou les petites choses : les casseroles, la cuisine ou notre profession.

Tout ce qui sort de nous, c’est notre filiation.

Et bien toutes nos œuvres sont mortes, si nous ne nous laissons pas visiter par cette Parole, ce regard d’amour de Jésus.

Il fait arrêter mon itinéraire de mort et plonge son regard non pas sur mon péché -  ça c’est notre vieille culpabilité qui remonte à chaque moment – non, Il ne regarde pas mon péché, mais bien plus profondément dans cet endroit en moi où je lui ressemble.

Et ce regard brûlant de tendresse, si je le laisse reposer sur moi,  transfigure mon péché, transfigurent mes opacités qui me mettent tellement en contradiction avec le meilleur de moi-même et me réconcilie alors avec moi-même, avec mon cœur profond, mon être, mon esprit.

Accueillir tous les jours ce regard de Jésus sur moi, longuement, tous les jours longuement, c’est ce qu’on appelle la prière ou la méditation ; puis vivre sous ce regard à longueur de journée, c’est cela qu’on appelle la sainteté.

C’est une thérapie non seulement pour la guérison de toute maladie, mais de la mort elle même. Il s’agit, sous ce regard, d’un renouvellement total de l’homme à la racine de l’être.

« Jeune homme, lève toi » dit Jésus au mort, au mort que je suis.
Mais pourquoi je suis debout, pourquoi ? ça c’est  le motif. Il faut s’interroger.

Pourquoi je suis debout demain à 9h ? après demain à 15 h ? pourquoi je suis debout ?

Je ne veux vivre debout que par la force du Christ. Il est mon unique parole. Par elle seule, je peux et je veux me lever  pour vivre pleinement.

Le grand péché, c’est la dispersion.

On est ici, on est là, on n’est nulle part. C’est la dispersion de la pensée et ceux qui se dispersent ainsi sont des cadavres effectivement où tout se décompose.

Nous sommes des morts vivants si souvent à cause de cela.

Il faut trouver le remède. Le Christ le donne dans l’Evangile d’aujourd’hui .

Il faut trouver dans la Bible une seule parole.

Peut-être l’avez vous déjà fait, parce que c’est une pratique tellement ancienne et traditionnelle.

Il faut trouver une seule parole vivifiante et la porter sans se lasser.

Cette parole est ce un morceau de psaume, est ce telle parole de l’Evangile, est ce par exemple «  Réjouissez-vous » nous qui sommes si tristes !

On peut prendre cette parole là que Saint Paul ne cesse de répéter. « Réjouissez vous » et on la porte, ou encore comme dit Jésus : « Demeurez en moi », une petite parole et on la porte en soi, ou celle que vous préférez.

Elle fait alors un chemin en nous, elle fait une percée vers l’au delà au fond de nous-mêmes et là nous ressuscitons dès maintenant.

Nous sommes déjà ressuscités et que Saint Rémi nous obtienne la grâce de le vivre à son instar.

Béthanie, 19 octobre 2002

Père Alphonse Goettmann

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