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18 octobre 2022 2 18 /10 /octobre /2022 19:25

 

Si, d'aventure, vous apercevez dans l'or d'un vitrail un boeuf muni d'une paire d'ailes, sachez que ce bœuf ailé représente un homme du nom de Luc.
 

 

 
C'est un symbole.
 
Luc est ainsi représenté parce que le début de son Evangile parle des fonctions de Zacharie, prêtre et sacrificateur, père de Jean le Baptiseur, et que 'le bœuf était l'une des victimes habituelles des sacrifices selon la loi de Moïse.
 
Si, par hasard, vous distinguez ce boeuf ailé sur une médaille au cou d'un artiste peintre, sachez que cet artiste honore son saint Patron : Luc était peintre. 
 
Si, par malchance, vous devez vous rendre chez votre médecin, souriez-lui comme si vous vous trouviez devant Luc qui était médecin aussi.
S'il vous arrive de flâner sur les quais d'un port, songez que Luc fit de même avant que de s'embarquer souventes fois.
 
Et les longs chemins de terre non plus ne lui étaient pas étrangers.
 
Un bourlingueur, ce Monsieur Saint Luc,
 
Occupations diverses ct pérégrinations multiples ne l'empêchèrent d'ailleurs pas de mourir à l'âge d'environ 84 ans. D'aucuns disent 70. Un bel âge, en somme.
 
Une belle vie.
 
On ignore s'il était beau lui-même, bien bâti. Sensiblc la beauté, en tout cas, puisqu'il était peintre.
 
Mais il s'appelait Luc, c'est-à-dire Lumière.
 
Avec un nom pareil, on peut se promener de par le monde comme un soleil.
 
Ce qu'il fit, fait encore, en distribuant, superbe, d'innombrables poignées de feux d'artifice.
 
Un grand seigneur.
 
Un artiste.
 
Un médecin. 
 
Un écrivain.
 
Un conquistador en route pour le Pérou de Dieu.
 
C'est ainsi que, du haut du vitrail, saint Luc nous apparaît à travers les siècles : en arc-en-ciel.
 
Au vitrail et dans la pierre des cathédrales, églises, chapelles, etc. Dans les images d'Epinal aussi. Gravures, estampes et bouts de bois. 
 
Un grand bonhomme. En couleurs. Hiératique. Impassible. Impavide. Solennel. Dans la dignité rigide des dignitaires de l'Eglise immortelle.
 
Mille excuses mais avec ce saint Luc-là on ne se parle pas.
 
Non le saint Luc des vitraux, pierre, estampes et bouts de bois, ça ne dit rien. On ne se parle pas.
 
Il a pourtant existé...
 
Alors, permettez que je vois saint Luc comme vous ct moi : un homme avant tout. Rien qu'un homme. Débarrassé de toute sa dorure patinée par des siècles de bigotes dévotions et considérations.
 
Il soignait les malades dans la plus belle ville du monde : Antioche.
 
Une ville de plus d'un demi-million d'habitants, avec des palais-palaces, des monuments, des jets d'eau. Et toutes les races du monde se croisant sur les places et dans les rues. Dans les les cris. Dans les odeurs de crasse et sable grillé que les nomades du désert, voisin emportaient dans leur peau. Et l'or et l'argent des margoulins juchés à croupetons sur leur chameaux.
 
Antioche la Blanche aux silencieux et parfumés jardins clos.
 
Antioche by night aux boîtes innombrables avec strip-tease au son des lyres.
 
Antioche aux cent mille Bilitis.
 
Saint Luc soignait donc, à Antioche, la syphilis des Bilitis et autres maladies. Il était du nombre du miteux pourcentage des bons médecins. Je le sais parce que je le sens. J'ai le flair des chiens maigres : ça ne trompe pas
 
Puis il rencontra saint Paul. Et l'Histoire commença.
 
Il avait rencontré un volcan.
 
Saint Paul le Hargneux. l'Enthousiaste, le Tout-Fou de Dieu, le Mystique démuselé.
 
Saint Paul : Juif aux mains crochues pour saisir non du fric rnais des âmes. Vous voyez ce que ça peut donner.
 
Ce ne fut pas drôle tous les jours.
 
L'Histoire commença... et je préfère m'arrêter : il me faudrait mille pages.
 
Pour commencer.
 
Parce que ce fut la plus formidable aventure humaine de tous les temps.
 
Par tous temps, tous chemins.
 
Discutant, disputant, criant, adjurant, suppliant, prêchant, sermonnant.
 
Matraqués.
 
Des naufrages par-dessus.
 
Faim et soif.
 
Avec des miracles tout à fait normaux quand on est de tels anormaux.
 
Quand on a une foi de tous les tonnerres de Dieu. Saint Paul, et saint Luc dans son ombre : deux géants fracassant les nécropoles.
 
C'est ainsi que je les vois : deux géants qui ressemblent à ces pauvres types que l'on ne regarde pas dans les rues. Des misères. Des ganaches. Des minus.
 
Oui, c'est ainsi que je les vois. Sans visions. 
 
Des hommes dont tous les vices et défauts brûlaient dans l'Amour.
 
Des mystiques sans mobilier, cartes de visite, ronds de jambes, ronds de cuir.
 
A l'aise dans les petits bistros...
 
Et puis la fin de l'Histoire : saint Paul à Rome après l'embrasement de la ville et la grillée des chrétiens. Paul que tous abandonnent sauf un : Luc.
 
Luc qui repart après que Paul eut le cou tranché.
 
Pour continuer.
 
Qui meurt on ne sait trop où ni comment, mais sûrement comme il avait vécu.
 
Cher saint Luc, apôtre de l'Universalité du Christ, donnez-nous de ne pas nous donner des étiquettes entre chrétiens ; de savoir ne pas compter au service du Maître des jours qui nous sont comptés ; de faire en sorte que tous nos instants appartiennent à Dieu, et d'appartenir nous-mêmes à tous nos instants. Amen.
 
Saint Luc 
par Guy Ganachaud

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