C’est le titre du film documentaire que j’ai eu le privilège de revoir jeudi dernier, lors d’une soirée, organisée par la Plateforme interreligieuse de Genève.
Ce film commence avec des images fortes où l’on découvre tantôt une assemblée d’hommes barbus juifs orthodoxes vêtus de noir avec leur chapeaux…
Puis c’est l’assemblée des cardinaux du Vatican, rasés de près, vêtus de noir eux aussi, avec des étoles et des kippa rouges…
Enfin, nous découvrons une assemblée d’hommes agenouillés à la Mosquée pendant la prière, là encore sans mixité.
Dès le départ, la réponse arrive en voix off :
Non Dieu n’est pas misogyne mais visiblement les représentants de ses grandes religions monothéistes oui…à quelques exceptions près !
Je mesure alors, la chance que j’ai eu d’avoir grandi au sein d’églises réformées et luthériennes qui, dès ma plus tendre enfance, m’ont donné à voir des femmes pasteures.
Car la question ne s’est jamais posée à moi, contrairement sans doute aux filles juives, catholiques ou musulmanes, de savoir si cette fonction me serait accessible ou pas un jour.
Pourtant, l’accès au ministère pastoral pour les femmes n’est pas si ancienne, puisqu’elle ne date que du 20ème siècle en Europe.
Et Dieu merci nos autres traditions sœurs avancent également vers le chemin de l’égalité.
Il existe désormais en France six femmes rabbin, même si c’est uniquement dans le milieu libéral, trois femmes imam ainsi que des femmes prêtres dans l’église anglicane et catholique chrétienne.
Une poignée de femmes certes, mais pour combien de centaine de milliers de rabbins, de prêtres et d’imams hommes dans le monde ?
Pourtant, tous les autres domaines de la société ont avancé depuis des décennies en Occident vers l’égalité entre les sexes.
Que ce soit dans l’accès aux études, à tous les métiers, aux postes à responsabilité dans les entreprises et dans les états.
Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire.
Mais c’est vrai aussi que la religion semble être le dernier bastion, où le patriarcat persiste si fortement.
A l’heure où l’Eglise catholique romaine, ne cesse de faire face encore à des dénonciations d’abus sexuels qui semblent sans fin, difficile de ne pas faire le lien et de voir l’urgence de ce besoin de changement.
Oui, une religion qui ne fait pas place aux femmes se coupe littéralement de la moitié de l’humanité pourtant créée et désirée par Dieu et suscite la violence à leur égard.
Elle se coupe de l’expérience fondamentale de l’altérité, du vis-à-vis, du face à face et finit par faire de l’autre un objet plutôt qu’un sujet.
Eve n’a pas été créée de la côte d’Adam, contrairement à cette mauvaise traduction encore véhiculée, mais bien comme un côte à côte.
Oui, le texte biblique est très clair là-dessus.
Dieu crée l’Adam, autrement dit l’Humain, dans le deuxième texte de création de la Genèse, qui ressemble plutôt à un androgyne ou un être asexué justement.
En Genèse 2, 18-34, Dieu scinde l’Adam en deux pour en faire une partie ish (homme) et une partie isha (femme).
Autrement dit, Dieu coupe l’Adam en deux et crée la différenciation entre les êtres pour offrir l’occasion de la rencontre de l’autre.
Avant la séparation, l’homme et la femme vivaient collés, comme fusionnés, de sorte à ce qu’ils ne puissent se voir.
Après la séparation, les voilà face à face invités à se parler, à dialoguer, à se rencontrer pour vivre côte à côte, ensemble, dans la complémentarité.
Le projet de Dieu est beau et bon.
Et rappelons-nous aussi le premier texte de la Création en Genèse 1, 27 :
« Elohim Dieu crée l’humain (l’Adam) à son image, à sa ressemblance.
Il le créée mâle et femelle, Il les crée.
Elohim les bénit. »
Oui, le texte lui-même nous dit que l’humain est à l’image de Dieu, ce qui signifie bien que Dieu est en lui-même masculin et féminin.
Nous sommes le reflet de Dieu sur la terre et nous sommes bénis.
Notre siècle semble bel et bien marquer un tournant vers ce féminin trop longtemps bâillonné, mis de côté, ignoré, rabaissé, violenté.
Le mouvement est planétaire.
Oui les femmes se lèvent mais plus que cela, la part féminine de l’être semble se réveiller, resusciter, pour que le monde puisse vivre sa réconciliation profonde.
L’égalité est un objectif partout et dans les religions, mais l’horizon est également spirituel.
Car c’est chacune et chacun de nous qui est invité à explorer ses parts masculines et féminines pour vivre une pleine réalisation de notre humanité.
Accueillir les femmes dans tous les secteurs, c’est aussi accueillir le féminin en nous.
Mais alors, me direz-vous, qu’est-ce que le masculin et le féminin ?
Car les recherches académiques sur le genre tendent également à démontrer qu’il s’agit là encore de constructions sociales.
Peu importe je crois, car il me semble que le plus important est d’identifier pour soi ce que je mets derrière ces appellations et que je puisse ensuite toutes les faire miennes.
Lorsque je regarde le Christ, je ressens ces différentes parts masculines et féminines complètement intégrées dans son être.
Il assume tout et par conséquent sauve tout dans Son Amour.
Il pleure, il parle avec autorité, il prend les enfants dans les bras avec douceur, il chasse violement les marchands du temple, il touche les malades, il enseigne, il embrasse.
Et puis Jésus est peut-être le premier féministe en intégrant tout au long de son ministère des femmes disciples.
Il y a 15 jours j’ai eu la joie d’animer une retraite spirituelle avec Anne Soupa, journaliste chrétienne, militante catholique féministe sur le thème des femmes dans l’église.
Ce fut passionnant et je pourrai vous écrire des pages et des pages, mais ce qui m’a particulièrement animée fut nos portraits de femmes bibliques que nous avons réalisées.
Cela m’a permis de mesurer à quel point les femmes sont partout présentes dans la Bible, mais nous avons certainement trop intégré une lecture et une interprétation patriarcale.
Pourtant, il nous suffit d’ouvrir les Ecriture avec cette intention, et vous les verrez ces centaines de femmes émerger de vos pages et découvrir leurs incroyables parcours.
Des prophétesses, des reines, des veuves, des mères, des rebelles, des prédicatrices, des disciples, des diaconesses…
Nos matriarches sont partout et n’attendent que nos yeux pour les ressusciter et transmettre leur histoire.
Et comme je le disais lors de mon intervention après la projection du film à l’occasion du débat.
Les femmes peuvent jouer un rôle immense là où elles sont dans les religions, puisqu’elles ont vraisemblablement toujours la main sur le travail auprès des enfants…
Or, l’autre jour j’animais justement un récit sur le thème de l’appel des disciples auprès de groupes d’enfants.
J’ai délibérément ajouté au matériel catéchétique reçu, trois personnages féminins selon l’évangile de Luc qui parle de Suzanne, Jeanne et Myriam de Magdala.
Puis, dans le récit, je devais dire que Jésus avait choisi les 12 disciples comme les 12 tribus d’Israël et j’ajoutais qu’ils représentaient des hommes, des femmes et des enfants.
J’ai eu beau dit cette dernière phrase, les filles de mes quatre groupes d’enfants, ont toutes réagi sur le fait que les femmes étaient moins nombreuses !
Ce qui était beau c’était de voir la manière dont chaque groupe d’enfant a cherché des solutions à ce problème.
Un groupe trouvait que le chiffre 12 était problématique et qu’il fallait donc le changer.
Le bon « chiffre sacré » je reprends leurs mots, était finalement le nombre de celles et ceux qui étaient présents et était donc évolutif d’après eux...
Un autre groupe a tout simplement décidé que les 12 étaient 6 femmes et 6 hommes…
L’idée ici n’est pas nécessairement de réécrire l’histoire biblique, mais de devenir créatifs aujourd’hui, pour montrer cette évolution et rééquilibrer dans notre réalité.
Les enfants s’emparent de leur héritage pour l’amener plus loin et j’avoue qu’assister à ce phénomène est bouleversant et réconfortant.
Alors dans ce même élan, je vous réserve une petite surprise ce jeudi ;)
En attendant, je vous transmets l’élan d’explorer le féminin et le masculin sacrés en vous, dons de notre Dieu de tout Amour.
Amen
Carolina Costa
Auteure, théologienne et pasteure réformée
info@carolina-costa.com
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