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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 19:30

Voici quelques explications de l'icône de la fête qui n'est pas narrative à la manière terrestre, mais spirituelle et mystique.

Nous voyons au centre, entre les apôtres Pierre et Paul, une place vide, du moins pour nos yeux charnels.

Elle n'est pourtant pas vide, cette place, car c'est la place du Christ, qui est invisiblement avec nous jusqu'à la fin du monde.

Saint Pierre se tient à côté du Christ, en face de l'apôtre Paul.

Voilà encore une énigme de l'icône : Paul n'était pas encore apôtre, ni présent à la Pentecôte historiquement.

Mais l'icône montre précisément la Pentecôte mystique, qui a débuté dans le temps et l'espace, mais sans s'y arrêter.

C'est la Pentecôte qui se célèbre aujourd'hui et toujours au ciel et sur la terre.

C'est la Pentecôte de toute l'Église, dont les apôtres sont les représentants.

C'est pour cela que l'on se contente de ne représenter que les douze apôtres, malgré le nombre de fidèles qui y étaient.

Sur l'icône, nous ne voyons pas non plus la Mère de Dieu.

Non qu'elle n'était pas présente corporellement, mais parce qu'elle avait reçu pleinement l'Esprit saint lors de l'Annonciation.

C'est alors qu'elle fut sauvée et sanctifiée entièrement.

Non qu'elle ne progressait plus par la suite.

Dans l'union avec Dieu qui est infini, il y aura toujours un progrès, même dans l'autre vie, mais ce sera un progrès statique : on y avance sans avancer, car il n'y a ni début, ni fin en Dieu.

Ce n'est que sur les icônes d'influence latine que la Mère de Dieu est représentée à Pentecôte.

En bas de l'icône, en face du Christ invisible, il y a un vieux roi, ou parfois le prophète Joël.

Ce vieux roi symbolise le cosmos, monde, avec sa puissance, son pouvoir, sa gloire.

Il tient dans un voile douze rouleaux – l'enseignement des apôtres qu'ils ont prêché, mais pas nécessairement mis en écrit.

Ce n'est pas la Bible qu'il tient mais tout l'enseignement écrit et oral de l'Église apostolique.

Ce vieux roi se tient devant un fond noir, symbole du néant et de l'ignorance.

Pour terminer, je voudrais dire encore que la Pentecôte supplante la fête de la moisson de l'Ancienne Alliance.

Ce n'est plus les fruits terrestres, mais célestes, les dons de l'Esprit saint qui sont l'objet de la solennité.

Hiéromoine Cassien

L'icône de la descente du Saint Esprit. Origine et évolution de ses thèmes constituants à l'époque byzantine

[...] Ainsi tout comme l'icône de l'Ascension, ou dans un registre plus particulièrement mystagogique la composition appelée « Communion des Apôtres », l'icône de la Descente du Saint Esprit est aussi une image de l'Eglise.

De haut en bas elle se présente dans sa version la plus complète, comme suit :

Uimago clipeata du trône vide comme représentation symbolique de l'ineffable et indescriptibe Trinité. De là descendent douze rayons de lumière qui se terminent par douze langues de feu au-dessus des têtes des douze apôtres. La collégialité de ceux- ci est exprimée par leur sessio communis dans l'exèdre d'une manière particulièrement heureuse. Réunis naguère de la même façon autour du Christ leur maître, ils reçoivent maintenant l'Autre Consolateur qui leur « enseigne tout » (Jn. XIV, 26).

Que l'enseignement de l'Esprit ne s'oppose en rien à l'enseignement du Christ, mais qu'il consiste au contraire à leur « rappeler tout ce que le Christ leur avait dit » (Jn. XIV, 26) est clairement indiqué par le fait que la place du Christ au milieu des apôtres demeure inoccupée et vide, car II y est invisiblement présent parmi eux dans l'Esprit, jusqu'au jour de son glorieux et second Avènement.

Attribuer cette place à quelqu'un d'autre (par exemple à la Théotokos comme certains iconographes modernes le font, ou à l'apôtre Pierre comme cela arrivait en Occident au Moyen Age), signifie soit méconnaître le sens de la formule iconographique de base, soit usurper délibérément le magistère divin du Saint Esprit au profit d'un être humain — en bouchant de surcroît la perspective essentiellement eschatologique de notre icône.

Car il faut le rappeler, l'événement qu'elle représente inaugure effectivement « ces jours qui sont les derniers » et qui dureront le temps qu'il faudra aux apôtres et à l'Eglise tout entière pour réaliser l'œuvre missionnaire. L'histoire du salut s'accomplit dans le salut des nations car à partir de la Pentecôte le salut devient de nouveau accessible à l'humanité tout entière.

Cette humanité, nous la voyons représentée en bas de l'image, personnifiée dès le début de l'ère macédonienne par les deux groupes des tribus et des langues, c'est-à-dire l'humanité issue de l'Ancien Israël et ex gentibus.

A partir de la fin du xie siècle ces deux groupes seront remplacés par l'Empereur représentant du Nouvel Israël, le peuple élu de l'Empire chrétien et orthodoxe face à plusieurs puis à un seul barbare, auxquels on donne une apparence des plus exotiques pour souligner qu'ils représentent l'humanité non encore baptisée — c'est-à-dire non encore intégrée dans l'Empire Œcuménique, qui ne tardera pas, comme son nom l'indique, à s'étendre jusqu'aux confins de la « terre habitée ».

Au cours de la première moitié du xive siècle la figure « politique » de l'empereur — un cas exceptionnel dans l'iconographie orthodoxe — se voit « sublimée » en allégorie du « monde entier », du « vieux Roi-Cosmos ».

Ainsi la tentation chiliaste est surmontée et l'élément politique se trouve éliminé de l'icône de la Pentecôte un siècle avant la chute de l'Empire.

La foi apostolique, conservée intacte par la deuxième Rome, lui aura permis de se dépasser elle-même.

Préconisée et entretenue notamment par d'éminents membres du mouvement hésychaste, « Byzance après Byzance » sera un monde vieilli, meurtri, fatigué mais qui tient fermement dans ses mains les douze rouleaux de la prédiction apostolique en les offrant aux nations tourmentées en vue de leur salut.

Père Nicolas Osoline

Télécharger le texte complet en PDF

La représentation de la Vierge Marie dans les icônes de la Pentecôte

Evangéliaire arménien de 904 de l’ère arménienne (1455 CE) au monastère de Gamałiēl à Xizan par le scribe Yohannēs Vardapet, fils de Vardan et Dilšat, et a été enluminé par le prêtre Xačʿatur.

[...]
La Présence de Marie à la Pentecôte
La Vierge Marie n’est pas citée dans le texte qui concerne l’événement de la descente de l’Esprit Saint. La Vierge Marie était cependant bien présente, puisqu’on la cite juste avant dans les Actes (Actes 1, 14) . Elle a reçu une nouvelle effusion de l’Esprit Saint à la Pentecôte, lui permettant de réaliser sa mission.

Sa mission consiste bien sûr à témoigner de Celui qu’elle connaît mieux que quiconque, puisqu’elle est la propre mère du Christ; mais elle consiste également à devenir pleinement Mère des Apôtres et Mère de l’Eglise.

Cette mission maternelle, elle l’a reçue de son propre Fils, de la bouche même de Jésus en croix : c’est en effet au pied de la croix que prend source ce vocable de mère. Il est issu de l’une des dernières paroles du Christ en croix, destinée à st Jean : «Voici ta mère » (Jean 19, 27) ». Elle en reçoit la pleine mission lors de la Pentecôte.

La Vierge Marie, Mère des Apôtres est, en effet, Mère de l’Eglise tout entière. Elle peut également être appelée Reine des Apôtres.

Enluminure extraite du Psautier de st Alban du XIIès

La Vierge Marie dans les représentations de la Pentecôte
[...]
Dans l’histoire de cette représentation, la Vierge Marie n’apparaît que tardivement. En Occident, la Vierge apparaît dans cette icône à partir du XIIe siècle. Par contre, en Orient, cette représentation est plus tardive : il faut attendre le XVIIe siècle.

La présence de la Vierge Marie à la Pentecôte a en effet longtemps été mise en doute (ce doute subsiste d’ailleurs encore dans certaines communautés orthodoxes).

A travers les représentations de la descente de l’Esprit Saint, la maternité spirituelle de Marie Mère des Apôtres et de l’Eglise prend peu à peu corps, au véritable sens du terme, par la façon dont les artistes vont peu à peu la représenter, au milieu des Apôtres.

En effet, la Vierge Marie, comme nous l’avons dit, n’est pas citée dans le texte qui concerne l’événement de la descente de l’Esprit Saint.

C’est peut-être l’une des raisons de son absence dans les premières représentations de la Descente de l’Esprit Saint, en Orient comme en Occident, dans les icônes comme dans les enluminures.

Enluminure de "l'évangéliaire du moine Ravula," 6ème siècle, Antioche.

Or, selon la sensibilité spirituelle de chaque artiste, et à différentes époques, la place de la Vierge Marie dans les icônes de la Pentecôte va donc être différente.


[...]
l’iconographe Jean Duplan a réalisé une icône de la Pentecôte qui offre une place centrale à la Vierge Marie, tout en laissant le traditionnel espace vide au milieu des Apôtres. Voici ce qu’il écrit :

« Généralement la Toute Sainte est représentée assise au haut de la pyramide entre Pierre et Paul. Elle y occupe la place qui normalement devrait rester libre, la place du Christ. Cela échappe à une certaine tradition. Ce type d’Icône semble être lié aux écoles slaves des XVIè et XVIIè siècles. Personnellement je préfère écrire cette Icône en plaçant la « Toute Sainte » debout au centre de l’hémicycle, en laissant vide le haut de la pyramide. (…) La Mère du Rédempteur, ne peut et ne veut pas prendre la place de son Fils. »

Icône contemporaine créée par Agnès Glichitch
Agnès Glichitch, Icônes Contemporaines (peintre-icones.fr)

Isabelle Rolland

L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
L'icône de la Pentecôte
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