Pour que Dieu rayonne pleinement dans nos vies, le cardinal Robert Sarah nous emmène à la redécouverte des sept sacrements dans son dernier ouvrage, Catéchisme de la vie spirituelle (Fayard).
Quelle est l’ambition de ce catéchisme atypique que vous publiez ?
Cardinal Robert Sarah : J’ai voulu aider les chrétiens à vivre la richesse des sacrements : le baptême, la confirmation, l’Eucharistie, le mariage, le sacerdoce, la pénitence, et l’onction des malades.
Nous avons souvent oublié cette richesse, parce que nous ne nous donnons pas beaucoup de peine pour mieux connaître et entrer en profondeur dans le mystère des sacrements.
J’insiste particulièrement sur le sacrement de l’Eucharistie. La messe est parfois devenue un lieu de convivialité.
Elle n’est plus toujours celui d’une rencontre vitale, personnelle, d’un cœurà-cœur avec Jésus.
Au IIIe siècle, lorsque l’empereur Dioclétien avait
interdit la messe, les chrétiens d’Abitène – dans l’actuelle Tunisie – ont désobéi.
Interrogés pour savoir pourquoi ils ont désobéi à l’ordre impérial, ils ont répondu : « Nous ne pouvons pas vivre sans l’Eucharistie. »
L’affirmation de cette vérité leur a valu le martyre.
L’Eucharistie est un besoin primordial, une nécessité vitale.
Mais on peut songer aussi aux sacrements du baptême ou de la confirmation, souvent réduits à des fêtes familiales, or ce sont des actes essentiels qui engagent dans la vie d’enfant de Dieu !
Il y a urgence selon vous ?
Nous avons, hélas ! perdu le sens des sacrements depuis longtemps.
Le mariage est fragilisé par les séparations qui se systématisent !
À la messe, on voit des prêtres transformer tel canon ou telle prière comme s’ils lui appartenaient, alors qu’ils relèvent de la tradition…
Il faut réapprendre à protéger notre âme, et pas seulement notre corps.
Sans les sacrements, l’Église n’existe plus !
Sans eux, nous ne pouvons pas vivre !
Ils nous fortifient sur un chemin intérieur, par lequel nous devons parvenir tous ensemble à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu.
L’image du désert est très présente dans votre propos… C’est le terreau dans lequel peut s’enraciner la présence de Dieu dans nos vies ?
Le désert est le lieu où Dieu se révèle. Il faut qu’il y ait des déserts dans notre cœur et dans notre vie.
Car nous sommes envahis par le bruit et l’activisme.
Au fond de chacun, subsiste un désir plus ou moins conscient d’échapper à ce tourbillon d’apparences, à cette vacuité qui nous assaillent.
Si nous réussissons à créer des déserts intérieurs, faits de silence et d’adoration, nous serons remplis de présence divine.
C’est dans la pauvreté et le dépouillement que nous apprenons à devenir attentifs à Dieu.
Le désert est plein de Dieu. Son immensité et sa simplicité le révèlent, son silence le donne.
Revenons aux sacrements. Il faut faire baptiser les enfants dès les premiers jours, dites vous. Pourquoi ?
Je propose le baptême dès les premiers jours, car le baptême efface le péché.
Le baptême donne et fait croître la vie de Dieu en chaque baptisé, et nous fait ressembler au Christ. Il fait de nous des enfants de l’Église, qui nous communique la grâce et nous éduque dans la foi.
Saint Paul écrit aux Romains : « Ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ? » (Rm 6, 3).
Par le baptême, le chrétien s’identifie, se configure
totalement au Christ mort et ressuscité, à tel point que ce qui se passe pour le Christ vaut également pour lui.
Saint Paul dit encore : « Comprenons-le, notre
vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché » (6, 3-7).
Le baptisé devient la Maison, l’habitation de Dieu.
Il ne faut pas attendre que Satan s’incruste dans l’âme de l’enfant.
Autrefois, quand le prêtre baptisait, il posait cette question : « Que demandez-vous à l’Église de Dieu ? » Les parents répondaient : « La foi. »
Aujourd’hui, ils répondent : « Le baptême. »
Il est malheureux d’avoir changé cette réponse qui engageait toute l’Église.
Naguère, toute la communauté paroissiale accompagnait l’enfant sur le chemin de la foi.
Désormais, cette communauté est réduite aux parents, parrain et marraine. Et encore…
Les cas sont rarissimes, mais que dites-vous aux prêtres qui diffèrent le baptême d’un enfant parce que ses parents ne vont pas à la messe ?
Ils ont à la fois raison et… pas totalement !
La pratique des parents, ou l’absence de pratique, ne peut engager l’âme de l’enfant.
Mais une fois l’enfant baptisé, le prêtre doit tout faire pour catéchiser l’enfant et pour dialoguer avec la famille et la ramener à la messe.
D’où l’importance capitale de la pastorale de la jeunesse, de la pastorale familiale, des visites régulières du prêtre aux familles de sa paroisse.
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